Si la peur a changé de camp dans le Nord du Mali, c’est en partie grâce à la création du Groupe le groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia). Le leader de ce groupe, Fahad explique en termes clairs les motivations du Gatia : « Il y a des gens que le contribuable paye pour assurer sa sécurité et sa défense, ce n’est pas nous ».
« C’est un groupe né des conséquences de ce qui s’était passé le 21 mai dernier à Kidal. Nous l’avons voulu depuis 2012 où il y avait eu certaines concertations autour des populations du Nord, en particulier les Tamasheks et les Arabes.
Notre communauté en son temps avait clairement dit qu’elle ne cautionnait pas la prise des armes et qu’elle estimait que la situation les gens était dans leur droit. Donc, la prise des armes n’arrangeait ni les Touaregs ni les Imghad. Ce que les autres cherchaient par les armes nous on pensait le trouver dans les urnes. Ceux qui avaient pour l’habitude de gagner par d’autres moyens avec des simulacres d’élections n’étaient plus rassurés. Donc, il fallait prendre les armes pour se positionner par rapport à 2012.
Nous avons voulu assister jusqu’à la fin des événements sans prendre les armes en dehors de nos frères qui les prennent déjà au sein de l’armée malienne. Il convient de les féliciter pour leur prise de position en son temps, elle a servi beaucoup de Tamasheks et si je peux me permettre l’expression des teints clairs dans ce pays.
Après le 21 mai, beaucoup de nos illusions sont tombées parmi lesquelles celle d’être sécurisé très vite à la suite d’un accord par l’armée malienne. Aussi d’être sécurisé par la communauté internationale, nous avons vite compris que tous ceux qui n’étaient pas en d’armes devaient se soumettre aux groupes armés. Nous nous n’avons d’autre terre que là-bas, ça s’appelle le Mali.
Le Mali en tant qu’Etat, c’est de 1960 à nos jours, ce qui explique qu’on était là-bas avant cette date. Ces gens qui entendent jouer nos policiers en son temps étaient nos frères, des voisins, des parents. Donc, on ne peut pas accepter qu’aujourd’hui que le Mali ait déménagé de Kidal, ils vont devenir une police sur nous. C’est ce qui a motivé la création du Gatia.
En ce qui concerne nos relations avec l’Etat malien, comme tous les mouvements de la Plateforme, nous ne sommes pas en belligérance avec lui. Mais, nous ne sommes pas aussi FAMa-bis. Nous ne sommes pas l’armée malienne. Nous sommes des Maliens mais il y a des gens que le contribuable paye pour assurer sa sécurité et sa défense, ce n’est pas nous ».
Propos recueillis par
Alpha Mahamane Cissé