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Gouvernance des sociétés coopératives de coton : Les frondeurs de Karkacoungo et Kokofata ne désarment pas
Publié le mercredi 17 decembre 2014  |  L’Essor
Coton
© Autre presse
Coton malien
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Malgré les explications fournie par une délégation de l’UNSCPC, les contestataires ont promis de poursuivre leur mouvement de protestation contre la réforme amenée par l’OHADA .

La fronde contre l’application dans le domaine cotonnier du règlement de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA) n’est pas totalement dissipée. Si à Kadiolo et Koutiala, où le président de l’Union nationale des sociétés coopératives de producteurs de coton (UNSCPC) Bakary Togola s’était rendu la semaine dernière pour une mission d’information et de sensibilisation (réf L’Essor du 12 décembre), les contestataires ont capitulé, il en va autrement en zone OHVN et au niveau de la Filiale Ouest de la CMDT.
Le président de l’UNSCPC et président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM) était samedi et dimanche à Markacoungo (zones OHVN) et Kokofata (Filiale Ouest CMDT de Kita) pour la même mission d’information et de sensibilisation sur la nouvelle réforme des sociétés coopératives de coton.

Comme à Kadiolo et Koutiala, Bakary Togola s’est entretenu avec les paysans et les représentants des structures des unions régionales et locales de producteurs de coton et des différents syndicats cotonniers. Il a expliqué la réforme applicable depuis mars 2013 dans la gouvernance des sociétés coopératives, conformément à l’acte uniforme de l’OHADA.
Le premier responsable de l’UNSCPC a rappelé que la réforme de la gouvernance des sociétés de coopératives cotonnières a été largement expliquée à travers des ateliers régionaux et un atelier de restitution organisé à Bamako. Et que les présidents de toutes les unions régionales ont été regroupés à Bamako pour se faire expliquer une fois de plus le processus et que mandat leur fut donné de faire circuler l’information à la base, donc aux paysans. Des moyens financiers conséquents ont été mis à la disposition à tous les présidents des unions régionales par l’UNSCPC pour mener à bien ces missions d’information.

Mamadou Konaté de Fana et le sexagénaire Mamadou Traoré de Markacoungo sont les chefs de file de la contestation dans la zone de Markacoungo. Ils ont persisté dans leur refus d’adhérer à la réforme prétextant que le bureau national a été prématurément mis en place alors qu’il aurait fallu commencer par la base. Pourtant, ce sont les textes de l’OHADA qui prévoient de renouveler le sommet avant les instances de base. Les contestataires ont néanmoins réussi à entrainer des paysans dans leur camp.

L’assemblée générale convoquée samedi dernier a permis de lever nombre d’équivoques. L’assistance a découvert que les meneurs de la contestation ont tous participé à la réunion de Bamako et qu’ils ont reçu de l’argent pour relayer la réforme à la base. Beaucoup de paysans ont appris ce jour que leurs responsables locaux qui auraient dû les informer, ont sciemment verrouillé l’information. Certains se sont étonnés de voir leur nom figurer sur la liste des pétitionnaires et ont assuré de leur parfaite adhésion à la réforme.

Amara Diakité, le maire de la commune rurale de Zan Coulibaly à Markacoungo, a reconnu de profondes divergences entre les dirigeants des différentes unions régionales et locales des sociétés coopératives cotonnières à la base. De fait, chaque dirigeant a distillé des informations parcellaires erronées à ses partisans pour les pousser à la révolte. Le sexagénaire Mamadou Konaté, l’un des meneurs de la fronde dans la zone OHVN, a d’ailleurs avoué qu’il ne portait pas dans son cœur le président de l’union régionale qui était absent à la rencontre. Il a reconnu avoir également fait diffuser des communiqués sur les radios locales pour inciter les paysans à rejeter la réforme.

MENEUR ABSENT. Malgré, les appels au calme lancés par le président de l’UNSCPC, le sous-préfet de Fana, Ibrahima Maïga et l’administrateur général de la Filiale Centre de la CMDT, Adama Traoré, les contestataires ont refusé d’adhérer à la réforme et tenté maintenir le statuquo. Bakary Togola les a invités à revenir à la raison afin de ne pas rater le train de la réforme à laquelle ils seront tôt ou tard obligés d’adhérer.

C’est à la même impasse que la délégation a été confrontée à Kokofata dimanche. Pourtant Fanégué Kéita dit « Fafin », président de l’Union communale des sociétés coopératives de producteurs de coton de Kita et principal meneur de la fronde au niveau de la Filiale Ouest de Kita, était absent à l’assemblée générale d’information. Des paysans l’ont présenté comme le meneur principal. D’autres l’accusent d’avoir conduit les sociétés coopératives de producteurs de coton de la zone dans l’impasse. Il a ainsi incité les paysans à refuser de décharger les camions de la CMDT qui apportent les engrais aux villages et chargent le coton graine au retour. Cette situation a révolté nombre de paysans qui ont demandé des comptes.
L’administrateur général de la Filiale Ouest, Modibo Tangara, a déploré la fronde et renouvelé l’engagement de la société à enlever le coton graine selon un mode opératoire bien rodé qui permet de faire des économies d’échelle sur les charges récurrentes. Ce schéma prévoit que le camion apporte les engrais aux villages et au retour, est chargé de coton graine pour l’usine d’égrenage. Modibo Tangara confirme avoir donné instruction à tous ses agents de ne pas s’immiscer dans les querelles internes des sociétés coopératives.
Le maire de la commune rurale de Kokofata, Fabouya Dembélé, assure que les meneurs de la fronde ne sont pas des habitants de la commune mais viennent de Kita pour « embobiner » les paysans. Tous les chefs secteurs de Kita, Sébékoro et Djidjan ont témoigné que la réforme a été largement expliquée à la base mais que les meneurs ont réussi à mobiliser des paysans qui ne sont pas producteurs de coton ou d’autres qui sont lourdement endettés et à qui profite le désordre.
Le maire de Kokofata assure avoir convoqué tous les responsables des unions dans son bureau pour leur exposer, à partir d’un ordinateur, les dispositions de l’OHADA en ce qui concerne les sociétés coopératives, et leur avoir même remis des photocopies du texte. Le syndicaliste Modibo Kéita du Syndicat des producteurs agricoles de Mali ouest (SYPAMO) a demandé à ses collègues qui se plaignent de ne pas être informés d’aller demander des comptes à leurs mandants.
Le président de l’UNSCPC a présenté les excuses de l’Union pour les défaillances relevées dans la chaîne de transmission de l’information. Bakary Togola a demandé aux pétitionnaires de renoncer à leurs revendications. Ces derniers ont mordicus maintenu leurs positions. Mais ceux qui sont rentrés dans le rang ont promis de ne plus se laisser entraîner dans une entreprise qui compromettrait la relance durable du secteur cotonnier.
M. COULIBALY
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