Les cinq députés de l’Alliance pour la solidarité au Mali-Convergence des forces patriotiques (ASMA-CFP), de Soumeylou Boubèye Maïga, viennent de quitter le groupe parlementaire Alliance pour le Mali (APM) constitué autour du RPM, parti majoritaire avec 76 députés) à l’Hémicycle. Ils se joignent aux 16 députés de l’ADEMA-PASJ pour former un nouveau groupe baptisé » ADEMA-ASMA » avec 21 députés. Ce rapprochement entre ces deux partis frères symbolise, de l’avis des analystes de la scène politique nationale, un coup de froid au sein de la majorité au pouvoir.
De 28 députés jusque-là, le groupe parlementaire APM subit une cure d’amaigrissement en chutant désormais à 23 élus avec le départ avec armes et bagages des 5 parlementaires de l’ASMA-CFP. Il s’agit de Idrissa Sankaré de Bankass, président de la Commission Loi de l’Hémicycle, Lahassana Koné et Aboubacar Bah (vice-président de l’Assemblée nationale) de Macina, Kalilou Bonzeye d’Ansongo et Modibo Sogoré de Kayes. Ils viennent de rejoindre les 16 députés du groupe ADEMA-PASJ pour former le nouveau groupe ADEMA-ASMA avec 21 représentants du peuple.
Selon l’honorable Idrissa Sankaré, ce nouveau positionnement n’est lié à aucun calcul politique comme certains pourraient le penser. « Nous voulons simplement nous donner une plus grande visibilité. Au sein de l’APM, le nom d’aucune formation politique ne transparait. Nous pensons être totalement dilués au sein du groupe constitué de 11 partis… « , a-t-il expliqué. Il a précisé que c’est suite à des concertations entre les députés que la décision a été prise de s’allier au groupe parlementaire de l’ADEMA, le parti du flanc duquel l’ASMA-CFP est sorti.
Faut-il rappeler que le président de l’ASMA, l’ancien ministre de la Défense Soumeylou Boubèye Maïga, était, pendant longtemps, l’un des plus influents vice-présidents du parti de l’abeille. Même après la création de l’ASMA, Boubèye n’a jamais fait mystère de sa proximité de vue avec la ruche. Au point que certains observateurs supputent un probable retour au bercail de ce grand stratège politique et ancien patron des services de renseignements maliens. Mais, selon certaines sources, cette nouvelle situation est consécutive aux critiques que certains des 11 partis politiques membres de l’APM ne cessent de formuler, ces derniers mois, contre les modalités de fonctionnement des différents groupes à l’Hémicycle.
Centrisme trompeur
En effet, certains députés ne se privent plus d’exprimer leur insatisfaction par rapport à la domination que le groupe majoritaire du RPM exerce vis-à-vis de ses alliés politiques. C’est à croire que le groupe APM est devenu un groupe totalement inféodé au RPM avec ses 76 députés. Certains députés voient d’un mauvais œil les « consignes « que les cadres RPM donnent aux parlementaires des partis qui se sont coalisés pour mettre sur pied le groupe APM.
Ces partis se voient quasiment étouffés et n’ont aucune liberté de ton dans les débats sur des sujets sensibles de la gouvernance.
« Nous sommes des représentants du peuple et non d’un pouvoir. Nous voulons être dans un groupe où nous gardons une certaine marge de manœuvre « , a expliqué un député du nouveau groupe ADEMA-ASMA, qui conserve pour le moment son ancrage au sein de la majorité au pouvoir. Sauf que ce groupe semble, en coulisses, se rapprocher de l’opposition ou du moins d’un certain centrisme trompeur !
Par ailleurs, par rapport à la gestion même de l’institution, certains députés de l’ADEMA et de l’ASMA commencent à protester de plus en plus contre le leadership même du titulaire du perchoir, l’honorable Issaka Sidibé. C’est ainsi qu’on rapporte que le président du groupe ADEMA, le député de Koro, Issa Togo, boycotte de plus en plus les réunions dirigées par le président de l’Assemblée nationale.
Inverser la tendance à l’hémicycle
A cela s’ajoute le fait que les députés Ahamada Soukouna, Yaya Sangaré et Issa Togo veulent un changement dans la manière dont l’Hémicycle est géré. Ces parlementaires seraient à la base de la constitution de ce nouveau groupe de 21 députés qu’Issa Togo dirige.
De sources proches de la Ruche, sept autres députés de l’APM sont actuellement en passe de rejoindre le groupe ADEMA-ASMA pour inverser la tendance à l’Hémicycle en faisant du groupes des premiers alliés du RPM, non plus la deuxième force politique parlementaire, mais la troisième.
Rappelons que l’APM est désormais constitué de 10 partis politiques dont la CODEM (5 députés), l’Um-RDA, la CDS, l’UDD, le CNID, Yelema, l’APR, etc avec 23 députés.
Bruno D SEGBEDJI