Le secteur a pu limiter les dégâts pendant la crise institutionnelle et sécuritaire. A présent, il cherche à rebondir avec l’indispensable accompagnement des pouvoirs publics.
Comme d’autres branches d’activités, le secteur industriel a été très affecté par crise politico-sécuritaire de 2012-2013. Malgré l’environnement particulièrement difficile, il a quand même relativement tenu bon, estiment aujourd’hui les techniciens du ministère de l’Industrie et de la Promotion des Investissements. Selon les statistiques de la nomenclature d’activités des Etats membres de l’Observatoire économique et statistique d’Afrique subsaharienne (Afristat), en 2013, le secteur industriel malien comptait 619 entreprises industrielles en activité reparties entre trois grandes sections : « activités extractives » (1%), « activités de fabrication ou manufacture » (98%), « production et distribution d’électricité, de gaz et d’eau » (1%). La branche « fabrication de produits alimentaires, de boissons et de tabac » représente 71% des entreprises de la section « activités de fabrication ».
En terme de répartition géographique, 55% des entreprises sont basés dans le District de Bamako. Après la capitale, Sikasso est la région la plus industrialisée avec 18% des entreprises de transformation. Elle est suivie par la Région de Koulikoro qui en abrite 12%. Les autres régions se partagent les 15% restants.
Selon leur statut, environ 17% des industries sont des sociétés anonymes. L’analyse de la taille des entreprises, révèle que plus de 76% d’entre elles emploient moins de 50 personnes et que seulement près de 8% emploient 200 personnes ou plus. En 2010, l’on avait dénombré 37 226 emplois dont 17 474 permanents dans le secteur industriel. Si la tendance de la croissance constatée se maintenait, on dénombrerait en 2014 environ 40 000 emplois dont 18 000 permanents.
Selon l’Institut national de statistique (Instat) et les Comptes nationaux du Mali, la contribution du secteur au Produit intérieur brut a été de 12,6% en 2010, 13,4% en 2011, 14,2% en 2012, 13,7% en 2013 et très probablement le même chiffre en 2014. A l’international, nos entreprises industrielles ne se portent pas trop mal. Se fondant sur les certificats d’origine délivrés aux entreprises industrielles exportatrices, la Direction nationale de l’industrie (DNI) a comptabilisé une valeur totale de 28,3 milliards de produits exportés dans la sous-région entre septembre 2013 et octobre 2014.
Mais derrière ces chiffres encourageants, le secteur industriel est handicapé par plusieurs contraintes connues depuis de longue date. Parmi ces problèmes, on peut citer pêle-mêle l’insuffisance des infrastructures de base, le coût élevé de certains facteurs de production notamment l’énergie, la vétusté des équipements et matériels de production, la faiblesse dans la gouvernance d’entreprise, l’accès difficile à des financement adaptés aux activités industrielles et aux terrains à usage industriel, la faible articulation entre l’industrie, la recherche et les autres secteurs de l’économie, le faible niveau de qualification des ressources humaines. Mais le facteur qui handicape le plus le secteur industriel est la fraude et la concurrence déloyale.
Ces difficultés affectent évidemment la compétitivité de nos entreprises industrielles et entraînent une augmentation des risques pour l’investissement industriel. Sur chacune de ces contraintes, le gouvernement travaille avec ses partenaires étrangers et du secteur privé national à trouver des solutions appropriées et durables. Notamment dans le cadre de la mise en œuvre des mesures de relance contenues dans le « Livre blanc de l’industrie » que l’Organisation patronale des industriels a soumis récemment au gouvernement.
Pour le cas spécifique de la fraude qui met en péril l’existence même de nos unités industrielles, elle est difficile à cerner, car échappant à tout contrôle. Idem pour l’évaluation des pertes qui en découlent. Pour réduire le fléau à défaut de pouvoir l’éradiquer dans l’immédiat, des actions sont envisagées comme la dynamisation de la Commission nationale et des Commissions régionales de lutte contre la fraude et les pratiques de concurrence déloyale. Il est prévu de renforcer les contrôles tant au cordon douanier qu’à l’intérieur du pays. Le département de l’Industrie et de la Promotion des investissements travaille à cela de concert avec les ministères de l’Economie et des Finances, du Commerce, de l’Intérieur et de la Sécurité.
Par ailleurs, l’Etat a adopté des valeurs de référence pour certains produits industriels permettant de lutter contre la fraude basée sur la minoration des valeurs d’importation des produits industriels provenant de pays tiers à l’UEMOA. En outre, les dispositions en vigueur à la douane relatives à la vérification avant embarquement et l’utilisation du scanner permettent de réduire la fraude et son impact sur l’industrie.
En plus de ces dispositifs, la marque nationale de conformité en cours de création par l’Agence malienne de normalisation et de promotion de la qualité (AMANORM) permettra d’accentuer la lutte contre la fraude et la concurrence déloyale.
La nouvelle politique industrielle s’inscrit, elle, dans le prolongement de la Politique de développement industriel adoptée par le gouvernement en 2010, dont l’objectif général demeure le développement industriel ordonné, rapide, durable et équilibré, générateur d’emplois, permettant au secteur secondaire d’atteindre une contribution à la formation du produit intérieur brut de 20% en 2012 et 42% en 2025.
Le plan d’action 2010-2012 de cette politique a fait l’objet d’une évaluation cette année. Les résultats sont relativement satisfaisants. Maintenant, il s’avère nécessaire de consolider et renforcer ces résultats grâce notamment à l’élaboration et à la mise en œuvre d’un nouveau plan d’actions triennal. Celui-ci a été élaboré et couvre la période 2015-2017. Sur ces trois années, les principaux axes du plan d’actions de la Politique de développement industriel sont la réalisation d’infrastructures de base nécessaires à l’implantation des unités industrielles (zones industrielles, routes, centrales énergétiques) ; la facilitation de l’accès au financement adapté aux activités industrielles ; le renforcement de la lutte contre la fraude et la concurrence déloyale ; la restructuration et la mise à niveau d’entreprises industrielles en difficultés et à l’arrêt ; l’accompagnement des promoteurs industriels dans la création de nouvelles unités industrielles dans les filières porteuses (coton/textiles, fruits et légumes, matériaux de construction, bétail/viande, céréales et dérivés, produits de cueillette).
A. O. DIALLO