La polémique sur les conditions de la libération de l’otage français Serge Lazarevic n’est pas encore terminée que des révélations sur les vraies raisons de la présence de ce dernier et de son défunt compagnon Philippe Verdon dans notre pays viennent de jeter un pavé dans la mare. Des sources bien informées indiquent que les deux Français s’étaient attribués de faux titres avant de monter une société fantôme avec pour ambition de soutirer un montant de plus de 400 millions de FCFA à l’Etat malien et à une société de la place dans un projet de cimenterie à Hombori. Voilà en détail le récit d’une escroquerie ratée après l’enlèvement des deux hommes par des terroristes.
En effet, à en croire nos sources, tout est parti des suites des contacts que les deux Français ont pu nouer avec une société malienne en l’occurrence la MCI (Mandé Construction Immobilière). Dans leur schéma d’origine, Serge Lazarevic devait se faire passer pour un expert géologue tandis que Philippe Verdon qu’on dit assassiné par ses ravisseurs en juillet 2013, est venu avec le titre d’une société américaine susceptible de recueillir des capitaux afin d’investir dans une grande infrastructure notamment une cimenterie. Après avoir convaincu leur partenaire malien qui aurait reçu l’aval d’un département ministériel, les deux Français débarquent à Bamako. Pour faire diversion, ils arrivent séparément et réservent deux chambres d’hôtel notamment au Campagnard à Niarela pour une durée d’une semaine et au Radisson. C’est notamment dans le premier lieu qu’ils passent leur séjour avant de prendre la route pour Hombori en compagnie de leur » guide » afin de visiter le site du projet. Après cette étape, il était prévu que le partenaire et l’Etat malien versent une garantie de 400 millions de FCFA pour donner plus de fiabilité à l’opération. Malheureusement pour les deux Français, ils ont été enlevés avant même de voir le site en question. C’est après cette prise d’otages que les enquêtes menées par les différents services ont pu découvrir la supercherie des deux compagnons. Car à la suite des perquisitions menées dans leur chambre, il a été découvert un manuel d’initiation à la géologie pour les apprenants.
Et certains auraient conclu que c’est durant le trajet Paris-Bamako dans l’avion qu’ils ont dû apprendre les rudiments de cette science.
Et que celui qui s’était présenté comme un expert géologue à savoir Serge Lazarevic qui a été échangé contre quatre dangereux terroristes, ne l’était en réalité. Il n’avait aucune notion dans cette matière. Les deux ex-otages avaient inventé cette nouvelle identité pour entrer au Mali.
Au cours de cette enquête, les services ont établi que Lazarevic a participé à des « coups d’Etat » avec le célèbre Bob Denard, le célèbre mercenaire français aux îles Comores. D’ailleurs, certaines sources ont rappelé que Serge et Philippe s’étaient rendus dans plusieurs zones de conflits telles que le Soudan, Madagascar ou encore la RDC.
Présence douteuse des deux Français en Afrique
Il faut signaler qu’après leur arrivée à Bamako, Serge Lazarevic et Philippe Verdon n’ont pas signalé leur présence au Mali » ni à l’ambassade, ni au Consulat » de France, une consigne donnée à tous les Français qui voyagent dans les zones de crise. Quel paradoxe ? C’est pourquoi aussitôt leur enlèvement, ceux qui les connaissent réellement n’ont négligé aucune piste pour dénouer cette affaire. Même si la piste terroriste a été privilégiée, les enquêteurs cherchaient aussi à savoir si les relations d’affaires n’étaient pas également la cause de leur mésaventure.
Certains avaient même parié d’un règlement de compte. Par ailleurs, c’est avec le temps qu’il a été conclu que ces ressortissants français ont été kidnappés par des sous-traitants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique.
En tout cas, depuis son enlèvement, le sort de Philippe Verdon a vite été scellé. Il était sous traitement d’une hypertension et avait malheureusement laissé ses médicaments à l’hôtel alors qu’il ne pouvait vivre sans ces derniers. Bien qu’il soit retrouvé mort une balle dans la tête, des sources ont révélé que ses ravisseurs sachant qu’il était condamné ont décidé de l’achever en lui tirant une balle dans la tête pour faire monter les enchères. C’est dire donc que s’il n’y avait pas eu cet enlèvement, la société malienne en question et l’Etat seraient déjà délestés de 400 millions de FCFA. Reste maintenant à savoir si Lazarevic qui vient de recouvrer la liberté sera poursuivi au Mali, en France ou aux USA pour tentative d’escroquerie, usurpation de titre d’une société américaine dont les responsables ne les connaissent ni d’Eve ni d’Adam. Affaire à suivre !
Kassoum THERA