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Crise au NORD-MALI Ainsi, ATT préparait la guerre…
Publié le jeudi 27 septembre 2012  |  Autre presse


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© Autre presse
Ex président du Mali, Amadou Toumani Touré
Renversé le 22 mars par la junte militaire l`Ex président du Mali, Amadou Toumani Touré


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Les armes maliennes bloquées depuis plus de trois mois au port de Conakry seront, sans doute, enfin acheminées vers leur destination finale, à savoir Bamako la capitale. La crainte de les voir tomber dans les mains des putschistes maliens avait conduit la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à les intercepter. Le brouillard de méfiance qui pesait sur les négociations entre les pouvoirs de Bamako et de Conakry en vue de lever le blocus s’est de toute évidence dissipé. L’acceptation des autorités maliennes d’accueillir dans la capitale du Mali des troupes de la CEDEAO y est sans doute pour beaucoup dans cette concession faite par l’institution sous-régionale. Tant que les bérets verts maliens, auteurs du coup d’Etat de mars dernier et dont l’influence sur le pouvoir politique est avérée, ne seront plus les seuls maîtres du sud du pays, l’on peut prendre le risque d’y stocker ces armements qui seront utiles à l’intervention militaire qui se prépare. Mais en attendant que ces armes soient effectivement convoyées en lieu sûr et viennent renforcer le dispositif qui doit servir à lancer l’assaut contre les islamistes du Nord-Mali, l’on peut revenir sur l’idée même de la commande de ces armes qui ne semble pas assez récente. Les procédures légales d’achats d’armes par lesquelles les Etats normaux ont l’habitude de passer, sont si complexes que l’on peut aisément deviner que ce ne sont pas les militaires maliens qui ont pris le pouvoir après avoir renversé le président Amadou Toumani Touré (ATT) qui ont commandé ces dernières.

Ils en ont sans doute tout simplement constaté l’existence dans les eaux guinéennes et ont voulu activer et accélérer la procédure pour pouvoir en disposer comme bon leur semble. Il apparaît donc clairement que les conteneurs d’armes maliennes bloqués à Conakry ont été commandés par l’ancien chef de l’Etat malien, ATT, qui, bien qu’étant attaché aux vertus du dialogue, préparait aussi la guerre. « si vise pacem para bellum » disent les Romains. Le gouvernement malien, à travers le Premier ministre Cheick Modibo Diarra, a peut-être aussi engagé, à son arrivée à la tête de l’exécutif, une autre procédure d’acquisition d’armes. Celles-ci ont également dû être interceptées par les autorités guinéennes pour les mêmes raisons qui ont prévalu à la rétention des « armes de ATT ». En même temps que l’on doit saluer cette vigilance et cette précaution de bon aloi dont a fait montre le pouvoir de Conakry, l’on doit aussi relever le fait que le président ATT n’a pas été le lâche dirigeant que ses contempteurs ont toujours peint de sa personne. Il a certes été abusé par les leaders du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) en la sincérité de qui il a cru en accédant même à certaines de leurs revendications dont la valorisation du nord du pays. Il n’a peut-être pas non plus envisagé avec le sérieux et l’urgence nécessaires l’éventualité de la ferme action militaire dans le septentrion malien. Mais de là à lui intenter un faux procès pour tenter de prouver une quelconque complicité ou traîtrise de sa part, il y a un ignoble raccourci qu’il faut se garder d’emprunter. Le soldat ATT a peut-être trop attendu au point de ne même pas avoir eu le temps et l’occasion de dégainer. Il a ainsi péché pour avoir un peu trop cru aux vertus du dialogue et à la bonne foi de ses interlocuteurs qui se trouvaient être ses compatriotes. Il a également été trop large avec les ex-combattants libyens, parmi lesquels se trouvaient aussi des Maliens, en leur ouvrant larges les portes du Mali sans condition.

ATT a au total un peu trop misé sur la méthode pacifique et l’esprit de fraternité dans la résolution de la crise du Nord-Mali. Cet excès de bonté qui a fini par devenir un défaut, n’explique cependant pas à lui seul le pourrissement de la situation au Mali. Le capitaine Amadou Sanogo et sa bande seraient peut-être restés sagement dans les rangs que le général président se serait rendu compte de la roublardise de ses frères dissidents, se serait ressaisi et aurait mis en œuvre son deuxième plan qui aurait peut-être pu, à défaut d’enrayer la crise une fois pour toutes, éviter au moins la chienlit dans laquelle le pays s’est installé. Car, contrairement aux auteurs du coup de force qui, jusque-là, n’ont pas encore eu l’audace d’effectuer ne serait-ce qu’une sortie d’intimidation au Nord-Mali, le président déchu préparait la guerre contre les occupants illégaux de cette zone à sa manière. Ce dernier avait probablement compris qu’il fallait bien se préparer pour entreprendre une action militaire dans cette partie du territoire. Aussi attendait-il de renforcer les capacités de sa Grande muette avant de s’y aventurer. Le fait est que ceux qui l’ont renversé en feignant de mourir d’envie d’en découdre le plus vite possible avec les islamistes, ont préféré se la couler douce à Kati, loin du théâtre d’application de la charia. Le challenge de la guerre du nord malien est d’autant plus grand que même la CEDEAO a préféré à l’intervention de la seule force sous-régionale, une action d’envergure internationale sous l’égide des Nations unies. Et au-delà du Nord-Mali, cette situation pose le problème de la présence islamiste dans tout le Sahel, un sujet qui a été hier au centre d’une conférence internationale à New York sous la présidence du Secrétaire général de l’ONU. Comme tout humain, ATT a des défauts mais aussi des qualités à même de lui faire comprendre que la paix s’obtient parfois en faisant la guerre. Peut-être la suite de l’histoire malienne lui fera-t-elle bénéficier d’une certaine indulgence pour n’avoir pas tout réussi à la perfection comme il l’aurait lui-même souhaité. Ou, pourquoi pas, une réhabilitation pour avoir prouvé son patriotisme et son amour pour son pays, depuis son coup d’Etat salvateur de 1991 jusqu’à ses sincères promesses de ne point confisquer le pouvoir.

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