La scène politique Malienne est loin d’être un long fleuve tranquille tant les alliances se nouent et se défont au gré des circonstances et des intérêts des uns et des autres.
En effet, le jeudi 18 restera une des dates de l’histoire de notre jeune démocratie, parce qu’elle consacre la création historique d’un groupe parlementaire atypique. L’ADEMA et le parti de Soumeylou Boubeye Maiga, ASMA-CFP ont convolé en justes noces pour le meilleur et pour le pire devant le président de l’Assemblée nationale, Issiaka Sidibé. Cette Alliance de circonstance, la énième du genre est scellée à un moment charnière de la vie de la nation. Ce qui suscite bien des interrogations : pourquoi l’ASMA quitte-t-elle l’Alliance Pour le Mali (APM) pour L’ADEMA ? Ce mariage de raison est-il sincère ? Que visent réellement Boubeye et ses anciens camarades ? Pourquoi ont-ils choisi ce moment précis ? Une batterie de questions que les observateurs de la scène politique se posent et à juste raison. Le président de l’ASMA, Soumeylou Boubéye Maiga, déroule t-il sa stratégie de protection ou regrette-t-il son départ de l’ADEMA. L’autre question que beaucoup d’observateurs de la scène politique se poseraient est de savoir si cette alliance n’est pas un retour à la case de départ avec la fusion prochaine de l’ASMA-CFP et de l’ADEMA.
A analyser de très près, quatre lectures s’imposent :
L’ASMA a quitté l’APM parce que son leader n’est pas en odeur de sainteté avec la tête de proue de cette alliance présidée par le Premier ministre Moussa Mara. La brouille a commencé après la visite controversée du PM à Kidal le 17 Mai 2014. Cette visite aux conséquences dramatiques, aura été l’élément déclencheur de l’affrontement entre l’armée Malienne et les groupes armés du Nord et surtout la perte de notre souveraineté sur une partie importante du pays. Boubeye a été sacrifié sur l’autel de la belle union IBK-Mara. Devaient-ils continuer à cohabiter sous la même tente ? La réponse pour Boubeye c’est non.
La seconde lecture est relative à la tempête qui a secoué et qui continue à ébranler encore L’ADEMA. Depuis le choix controversé de son candidat aux élections présidentielles. L’ADEMA-PASJ était arrivé troisième au 1er tour, et son Candidat s’étaient livrés à un spectacle digne d’un cirque de la Grèce antique. La Direction du Parti avait appelé à voter Soumaila Cissé tandis que le candidat, soutenu par une frange importante du CE, avait appelé à voter IBK semant ainsi une lourde confusion. Les conséquences de cette confusion ont été d’une part la contre performance de l’ADEMA aux élections législatives et d’autre part, le départ de plusieurs grands caciques du parti, laissant du coup une place vacante, celle de Leader consensuel. Boubeye Convoiterait-t-il cette place pour assouvir son dessein présidentiel ? Peut être que oui.
La troisième lecture et non la moindre est celle relative à l’affaire de la surfacturation. Ainsi, pour se donner les meilleures chances d’échapper à la justice, Soumeylou serait à la recherche d’un lieu de refuge. En effet, après la publication des rapports d’audit sur l’achat de l’aéronef présidentiel et le contrat d’armements passé entre le ministère de la défense et la société GUO-STAR, les projecteurs ont été lancés sur un certain nombre de cadres, chefs d’entreprise et de ministres dont Boubéye. En dépit des explications qu’il a données pour se dédouaner. Il demeure une proie facile et risque d’être l’agneau sacrificiel. Donc pour échapper un temps soit peu à la vindicte du Duo IBK- Mara il va se confier à l’ADEMA comme un bébé à la recherche des mamelles de sa mère pour non seulement se gaver, mais aussi pour se protéger.
Une quatrième lecture subsidiaire est celle de la nostalgie du parti dont il est un des membres fondateurs. Crée le 25 Mai 1992 après la Révolution populaire du 26 Mars 1991, l’ADEMA-PASJ est le premier parti à accéder au pouvoir après des élections multi partisanes et inclusives.
Youssouf Sissoko