- » Je ne suis ni indépendantiste ni jihadiste, je suis pour l’unité nationale… «
- » J’ai 400 combattants encadrés par 72 officiers et sous-officiers déserteurs de l’armée… »
L'un des ex-chefs militaires du MNLA puis du HCUA, le Colonel Hassane Ag Mehdi dit Jimmy le " Rebelle " réaffirme son attachement au Mali :
Colonel Hassane Ag Mehdi
Rencontré hier dimanche 21 décembre dans une chambre d’hôtel de Bamako, l’ex-Colonel déserteur de l’armée malienne Hassane Ag Mehdi, plus connu sous l’appellation de Jimmy le » rebelle » a réaffirmé son attachement et celui des 400 combattants qui l’accompagnent à l’unité nationale. Cet ancien chef militaire du MNLA puis du HCUA, non moins Secrétaire général du Front populaire de l’Azawad(FPA) s’est dit engagé à mettre en échec tout projet de partition du pays. Il dit n’être ni indépendantiste ni jihadiste. Comme gage de sa bonne foi, Jimmy le » rebelle » a déclaré avoir débuté le regroupement de ces combattants dans la région de Gao, tout en précisant être à la disposition de l’Etat malien.
C’est une véritable saignée que les groupes séparatistes (HCUA, MNLA) viennent de subir avec le départ de Jimmy le » rebelle » et son mouvement le FPA. Il occupait un rôle majeur dans le dispositif de ces mouvements en raison de son expérience militaire. Le Colonel Hassane Ag Mehdi est un ex-officier gendarme qui a déserté de l’armée malienne à la faveur de la rébellion de 2012. Il rejoint le mouvement national de libération de l’Azawad ( MNLA) dont il ne tarde pas à devenir l’un des chefs militaires. Plusieurs officiers touaregs de l’armée, fidèles à lui, le rejoignent aux côtés du mouvement séparatiste touareg alors en quête d’hommes aguerris au maniement des armes à feu. Compte tenu de sa position au sein de ce mouvement, l’homme a été de toutes les grandes rencontres notamment les négociations entre le gouvernement de transition et les groupes armés du nord au Burkina Faso. Lesquelles ont abouti à la signature, le 18 juin 2013, de l’Accord de Ouagadougou.
Le FPA : Un mouvement rassembleur
Hassane Ag Mehdi nous signale qu’en raison des revendications maximalistes du MNLA, il a été amené à quitter ce mouvement. Le Front populaire de l’Azawad (FPA) qu’il a fondé par la suite a été sollicité par le HCUA, l’un des groupes signataires de l’accord de Ouagadougou. A la faveur des pourparlers intermaliens d’Alger, certains groupes armés du nord se sont regroupés dans une plateforme dénommée la coordination des mouvements de l’Azawad en vue d’harmoniser leurs positions et de taire les antagonismes.
Au fil des négociations, cette coordination s’est révélée de plus en plus belliqueuse et revendiquait la création de deux entités( le Mali et l’Azawad). » C’est ainsi que le 29 novembre 2014 à Tin Tabakate, le Front populaire de l’Azawad (F.P.A), après une analyse approfondie et constructive a décidé de quitter la coordination des mouvements de l’Azawad. Le F.P.A, fidèle à sa démarche de mouvement rassembleur, en appelle à l’unité des uns et des autres pour sauver le Mali uni et réconcilié » a déclaré le Colonel Hassane Ag Mehdi.
Dépassement de soi
Et de préciser : » Je suis contre tout projet de fédéralisme. Je suis opposé à toute démarche qui est susceptible de porter préjudice aux populations du nord qui ont beaucoup souffert de cette situation. Il nous faut évoluer et aller vers une solution définitive. Le FPA n’est ni un mouvement racial ni un mouvement ethnique. C’est un regroupement ouvert à tous. C’est pourquoi, en son sein, vous y verrez des représentants de toutes les communautés. Pour preuve, le Secrétaire général adjoint du FPA est Seydou Cissé, un Songhaï de Gao. Mohamed Issouf Ag Yallas, Seydou Haïdara dit Lilo ou le professeur Hawado Ag Inabeka, tous membres du FPA, sont toujours restés attachés à l’unité nationale. Voilà des personnes qui n’ont jamais quitté le pays et qui ont toujours œuvré pour le Mali. Je suis avec tout le monde. J’exhorte toutes les communautés du nord, quelles que soient leurs diversités et leurs origines à taire leurs divergences, à faire un dépassement de soi pour sauver l’unité nationale » a déclaré le Colonel Hassane Ag Mehdi.
Des éléments dans les trois régions du nord
A la question de savoir s’il ne craint pas une éventuelle attaque de ses anciens compagnons, l’ex-déserteur de l’armée de préciser qu’il n’est pas seul dans ce combat. Il revendique à ses côtés la présence de quelque 400 combattants parmi lesquels beaucoup d’anciens rebelles qui ont tourné le dos aux deux grands mouvements séparatistes du nord le MNLA et le HCUA. Ces combattants, qui ont été rejoints par des jeunes Songhaïs et Peuls, sont actuellement encadrés par 72 officiers et sous-officiers déserteurs de l’armée malienne.
Selon l’ex-colonel déserteur de l’armée, ces combattants sont en regroupement à Tin-Aouker et à Tin-Afer, dans la zone de Tilemsi région de Gao, sous le commandement de l’officier Alhassane Ag Aborakik et de son adjoint Mohamed Alamine Ag Attayoub. D’autres de ces combattants sont aussi en regroupement dans les localités de Gourma Rarhouss, Goundam et bientôt à Ansongo.
Notre interlocuteur a indiqué que ses éléments sont présents dans toutes les trois régions du nord et précisément à Kidal considéré comme le fief des séparatistes touaregs.
Mettre en échec toute partition du Mali
Le Secrétaire général du FPA a réitéré » son engagement à faire avancer le processus de paix et déclare tendre la main à toutes les composantes sociales afin d’œuvrer dans un sens réfléchi pour rebâtir un Mali nouveau en tenant compte des spécificités culturelles de tous ses fils « .
Présent actuellement à Bamako sur l’invitation de la MINUSMA, Jimmy le » rebelle » qui était la semaine dernière à Gao, s’apprête à retourner au nord pour sensibiliser les populations sur le bien-fondé de l’Etat unitaire et de la stabilité.
Il s’est dit déterminé à mettre en échec toute partition du pays. » Ce qui me préoccupe c’est le bien-être des populations du nord et leur sécurité » a-t-il précisé.
Abdoulaye DIARRA