En plus d’être un des endroits les moins fréquentés, la Mauritanie est aussi, le premier pays esclavagistes à l’échelle mondiale, selon une étude de la fondation de défense des Droits de l’Homme, Walk Free. En réalité, il s’agit d’un phénomène héréditaire et profondément enraciné dans la société mauritanienne. Ce qui explique le fait qu’il perdure malgré l’ouverture, plus ou moins prononcée des mentalités. 150 000 mauritaniens seraient esclaves, toujours selon la fondation.
L’Etat mauritanien se borne à reconnaitre les « séquelles » de l’esclavage, qui serait dépassé selon lui. Des mécanismes ont été mis en place pour pallier à cela à travers l’Agence Nationale Tadamoun pour la Lutte contre les Séquelles de l'Esclavage et l'Insertion et la Lutte contre la Pauvreté, terriblement inefficaces.
L’élection présidentielle du 21 juin a été une formidable tribune pour les militants antis esclavagistes. Pour la première fois de l’histoire de la Mauritanie, l’un d’entre eux, non moins « descendant d’esclaves » a pu être deuxième du scrutin. Il s’agit de Biram Dah Ould Abeid, actuellement face à la Justice.
Le 25 décembre, le pays a connu la première condamnation à mort pour apostasie de son histoire. Mohamed Cheikh Ould Mohamed est coupable d’avoir publié un récit considéré comme blasphématoire. Mais ce dernier s’était défendu devant la cour en expliquant que son intention était uniquement de critiquer le système de castes en vigueur en Mauritanie dont lui-même il est issu. La Justice n’en a rien voulu entendre. Dès le départ, le procureur de la République a requis la peine de mort. La Cour Criminelle de Nouahdibou ne chercha pas plus loin et le condamna. Un jugement suivi par des scènes de liesses populaires dans la région. Mais ces scènes étaient-ce dues au fait qu’il avait porté atteinte à l’Islam ou par ce qu’il avait osé, publiquement, critiqué l’esclavagisme ? La question mérite d’être posée.
Sur le plan politique, la réélection du président Mohamed Ould Abdel Aziz avec un score qui dépasse les 80% prouve que la démocratie à du chemin à faire en Mauritanie. Les partis de l’opposition avaient refusé de faire le jeu prétextant que le scrutin serait émaillé de fraudes. L’islamisme politique prend de l’ampleur avec l’intronisation du parti Tawassoul comme principal parti de l’opposition, et son président en est le chef. Dans les années à venir, il faudra compter avec eux, mais également, avec les partis de la mouvance négro mauritanienne. Constituant la majorité de la population et vue le score honorable qu’ils ont obtenu lors de la présidentielle, cela serait bien normal.
En définitive, l’élite de la Mauritanie est constituée des arabes, minoritaires, qui jouissent de la manne commerciale et qui également occupe les postes à grandes responsabilités. Les autorités ne cachent pas leur intention d’arabiser le pays. Chose inacceptable pour le reste de la population constituée de Soninkés, Peuls, Bambaras, Wolofs,…
Ahmed M. Thiam