Bamako - Au moins huit soldats maliens ont été tués lundi dans l’attaque d’un camp militaire dans le centre du pays près de la Mauritanie, la plus meurtrière depuis celle contre le contingent nigérien de l’ONU il y a trois mois.
L’assaut, par des jihadistes présumés, s’est produit à Nampala, près de la frontière mauritanienne, aux marches du nord où opèrent les groupes armés. Il a fait au moins huit morts, selon un dernier bilan provisoire communiqué à l’AFP de source militaire au sein de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma).
"Des avions de reconnaissance et de chasse de l’opération française Barkhane survolaient lundi après-midi la localité de Nampala pour intervenir si nécessaire", a précisé cette source à l’AFP, une information confirmée de sources française et maliennes. "Les terroristes ont quitté la localité de Nampala", a annoncé l’armée malienne, assurant que la situation était "sous contrôle, surtout depuis que l’aviation française est présente dans le ciel de Nampala".
L’identité des assaillants n’était pas déterminée, mais l’agence privée mauritanienne Al-Akhbar a cité des sources au sein d’Al-Qaïda au Maghreb
islamique (Aqmi) revendiquant l’opération.
"Nous avons occupé Nampala sans grand combat. Nous avons tué des soldats
maliens et nous détenons d’autres", ont affirmé ces sources, citées par
l’agence, sans donner de chiffres.
Al-Akhbar fait partie des médias privés mauritaniens diffusant
régulièrement des communiqués d’Aqmi sans jamais être démentie.
"Nous avons choisi Nampala pour sa proximité avec la ville de Diabali qui a
constitué le point de départ de l’attaque des forces étrangères contre nous",
ont également déclaré ces sources citées par Al-Akhbar, en référence à
l’opération Serval, lancée en janvier 2013, disant vouloir "adresser ainsi un
message aux forces internationales basées dans la région".
Le nord du Mali est tombé en 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés
à Al-Qaïda, dont Aqmi, qui en ont été chassés en grande partie par l’opération
Serval, à l’initiative de la France, à laquelle a succédé en août 2014
Barkhane, dont le rayon d’action s’étend à l’ensemble de la zone
sahélo-saharienne.
- Drapeaux noirs sur les bâtiments -
Les assaillants, arrivés à 06H15 du matin (locales et GMT), "ont pénétré
avec une relative facilité dans le camp militaire de Nampala situé au côté
sud-est de la localité. Ils ont tiré. L’armée malienne a semble-t-il riposté",
a précisé la source militaire de la Minusma, ajoutant qu’ils s’étaient retirés
vers 11H00.
Une source locale du côté mauritanien a indiqué à l’AFP que les habitants
de la localité de Vassala, à 5 km de la frontière, avaient été réveillés "par
des explosions et des tirs nourris côté malien, en provenance de Nampala".
Un Mauritanien qui se trouvait à Nampala pour affaires et a réussi à
s’échapper à bord de son véhicule après une course-poursuite avec les
assaillants a affirmé qu’ils avaient "hissé des drapeaux noirs sur les
bâtiments officiels" et scandaient des slogans islamiques, a souligné cette
source.
Un camionneur mauritanien qui a quitté la ville après leur retrait "a
compté sept morts et a vu un huitième mourant", et affirmé que la plupart des
militaires maliens avaient réussi à prendre la fuite, selon la même source.
Le chef de l’Etat guinéen Alpha Condé, qui recevait son homologue Mohamed
Ould Abdel Aziz, également président en exercice de l’Union africaine (UA), a
jugé cette attaque "très grave parce que Nampala, c’est au sud, et c’est à la
frontière avec la Mauritanie".
Tous deux ont téléphoné au président malien Ibrahim Boubacar Keïta pour
l’assurer de leur solidarité, a déclaré aux médias M. Condé, estimant comme
ses collègues de la région sahélienne que la dégradation de la situation était
la conséquence du chaos en Libye depuis la chute du régime Kadhafi en 2011.
Malgré l’affaiblissement ou la dispersion des groupes armés et la tenue de
pourparlers de paix à Alger entre certaines formations rebelles et les
autorités de Bamako, les attaques, visant en particulier les troupes
étrangères, continuent dans le nord du Mali.
Dimanche, six soldats nigériens de la Minusma avaient été blessés par un
engin explosif dans la région de Gao (nord-est).
Le 3 octobre, neuf soldats nigériens avaient été tués dans la région de Gao
dans une attaque revendiquée par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en
Afrique de l’Ouest (Mujao).
sd-hos-str/sst/cs/amd