Le Premier ministre a profité de la tribune offerte par les assises du 3 ème congres de l’AISLAM pour expliquer devant le millier de fidèles une inquiétude évoquée, la semaine dernière, par le président du Haut conseil islamique Mahmoud Dicko, lors de ses présentations de vœux au président de la République. Celle-ci est liée à une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la consommation d’alcool dans notre pays. En reprenant le relai de certains médias, Mahmoud Dicko s’inquiétait que le Mali puisse être classé 3 ème en Afrique, après la Gambie et le Tchad en matière de consommation d’alcool. Ce qui fait de notre pays un champion en la matière.
Le Premier ministre a tenu à lever toute équivoque. Moussa Mara a expliqué que l’OMS a commandité une enquête sur le degré de consommation d’alcool sur beaucoup de pays dont le nôtre. L’enquête a d’abord déterminé la consommation globale dans tous le pays à travers la production locale et les importations. En appliquant ce taux à l’ensemble de la population le Mali a expliqué le chef du gouvernement, est classé plutôt parmi les derniers. Dans un second temps, l’enquête a voulu déterminer les buveurs d’alcool du pays. Au cours d’un sondage il a été demandé aux uns et aux autres s’ils boivent ou pas. 97% des personnes sondées se sont déclarées non buveurs et seulement 3% ont déclaré qu’elles boivent. C’est en rapportant la consommation globale du pays aux 3% que le résultat de 29 litres par buveur a été obtenu. Ce qui classe notre pays indubitablement dans la troisième position.
Moussa Mara a insisté sur le fait qu’il ne s’agit donc pas de la consommation d’alcool du pays, mais plutôt de celle des buveurs du pays. Le chef du gouvernement juge que le résultat de l’enquête de l’OMS doit être bien compris et expliqué pour échapper à l’amalgame.
Par ailleurs Moussa Mara estime que même 1 litre de consommation est de trop et il entend travailler à réduire cela pour la préservation de l’avenir de notre jeunesse et inciter par la même veine, les parents à bien éduquer les enfants.
En se prêtant à cet exercice, Moussa Mara dit vouloir faire comprendre deux choses: c’est que dans notre pays il y a sans doute plus de buveurs d’alcool que ceux qui se sont déclarés buveurs, et d’autre part il reconnaît malgré tout que le résultat est intolérable pour notre pays.
Concernant la consommation d’alcool en milieu universitaire le Premier ministre a promis que très prochainement des mesures vigoureuses seront entreprises pour que cela cesse. Déjà rappelle t-il, un gros travail de fermeture de plus 153 bars et autres établissements de tourisme ne répondant pas aux normes est en train d’être menée. Moussa Mara a promis qu’avec l’implication de tous, le Mali sera champion ailleurs que dans la consommation d’alcool.
Selon des études qui nous sont parvenues, la consommation d’alcool au Mali n’a quasiment évolué depuis 1961. Elle reste donc très basse. Dans la période étudiée par l’OMS (2008-2010), la consommation moyenne au Mali est de 2.2 litres par personne, alors que la moyenne est de 6 en Afrique. Notre pays se classe ainsi parmi les derniers au niveau africain et même mondial.
Le chiffre qui a été commenté dans la presse est de 29 litres par personne qui déclare boire de l’alcool. Il est discutable, car peu de Maliens reconnaissent boire de l’alcool. La conséquence est que le nombre de litres par personne qui déclare boire est mécaniquement élevé.
L. A