Les scandales se suivent désormais au Mali et… se ressemblent. Le dernier en date implique le Directeur Général de la Police Nationale. De quoi faire pleurer les petits voleurs de motos Jakarta.
Si, d’aventure vous apercevez ce véhicule marque BMW X6 avec la plaque minéralogique «PRM 1063 C», ne vous posez pas mille questions : il est déclaré «officiellement volé» en France. Et si vous voulez vous rassurez davantage qu’il s’agit bien de cette voiture, jetez un coup d’œil (si vous en avez l’opportunité) sur le numéro de châssis. Et s’il s’agit bien de celui-ci, alors, sortez votre mouchoir et pleurez. On vous comprendra. Voici le numéro : WBAFH010301 !
Ce véhicule de luxe a été acquis par un transitaire spécialisé dans l’achat et la vente d’automobiles depuis l’Europe jusqu’au Mali. Ayant acquis la voiture en question, il la revendit à une tierce personne à la somme de 25 millions F CFA. C’est alors que le véhicule se trouvait aux mains de ce dernier acquéreur qu’il a été saisi par la Douane au motif qu’il a été volé en France. Possible ! Il n’est, en effet, pas rare d’assister à des cas similaires.
Mais puisque supposé «volé», une enquête devrait être ouverte par INTERPOL en vue de situer les responsabilités. Quid du véritable voleur ?
En pareille circonstance, c’est en effet le service INTERPOL qui est compétent. Il ouvre une enquête en vue de faire toute la lumière sur la question. Et si les faits sont avérés, il pourrait incriminer le coupable, et rétrocéder éventuellement le véhicule à son légitime propriétaire s’il y a lieu ou à la police nationale après un PV de constat soumis à l’appréciation du tribunal compétent. Et le bien est désormais enregistré dans le patrimoine national avec les références appropriées.
Il nous revient que ce service de la police en charge des questions transfrontalières n’a été nullement saisi. C’est plutôt un commissariat de police de la rive droite qui a été chargé du dossier. Le transitaire fut donc arrêté et sommé de rembourser l’acheteur. Il séjourna même quelques heures derrière les grilles dudit commissariat sans possibilité de se justifier ou de se défendre. Ce sont ses proches ayant appris son infortune qui vinrent à son secours en payant en espèces une partie du montant demandé (25 millions F CFA) et en offrant des garanties (un autre véhicule et un titre foncier) en attendant de payer la seconde moitié. C’est à ce prix qu’il recouvrit sa liberté non sans s’acquitter au passage des autres exigences du personnel local dudit commissariat. Mais l’histoire est loin d’être finie.
Le même véhicule BMW X6 ayant pour numéro de châssis, «WBAFH010301» et «851190 CH» sera ainsi immatriculé dans les jours qui ont suivi : «PRM 1063 C». En clair, le bien déclaré «volé» en France est désormais enregistré dans le patrimoine de l’Etat malien, du moins, apparemment. Et pour cause. Il ne s’agit que de la plaque minéralogique. Dans les faits, il n’est pas enregistré au compte de l’Etat du Mali mais sera entièrement pris en charge (entretien, carburant, sécurité, etc.) par celui-ci puisque portant la plaque officielle PRM qui signifie «Police de la République du Mali», mais aussi « Présidence de la République du Mali». L’on voit bien la portée de la confusion dans le cas présent. Et c’est au service de la Direction Générale de la police nationale qu’il se retrouve désormais. Le maître des lieux a été même aperçu à bord dimanche dans plusieurs endroits de la capitale.
Qu’avions-nous dit ? Ah oui, que les petits voleurs de motos Jakarta ont de quoi être jaloux et le citoyen lambda, de quoi pleurer !
Sidiki Magoussouba