Les récentes nominations au sein de la Police nationale ont fait beaucoup de mécontents. Pour manifester leur colère, certains policiers se sont servis de leurs armes pour se faire entendre. Très tôt ce mercredi 26 septembre, aux environs de 06 heures du matin, des coups de fusils ont retenti dans le Groupement mobile de sécurité (Gms).
Au moment où les pays du monde entier conjuguent leurs efforts pour aider le Mali à recouvrer son intégrité territoriale, nos forces de l’ordre s’entre déchirent. Très tôt ce mercredi, les populations riveraines du Gms ont été réveillées par des coups de feu. Au début, elles croyaient que les bruits de fusils venaient du champ des tirs sur la colline de N’Tomikorobougou. Entre temps, les choses se sont éclaircies. C’était des échangent de tirs entre policiers.
Sur place, des policiers qui ont voulu rester dans l’anonymat nous ont appris que les évènements sont survenus à la suite des nominations en la faveur du 22 septembre, date anniversaire de l’indépendance du Mali. Selon nos interlocuteurs, il a été décidé de récompenser les éléments du syndicat de la police qui a participé au coup d’Etat du 22 mars. Le 22 septembre a été choisi pour honorer cet engagement, expliquent nos interlocuteurs. Ils affirment en sus que le hic est venu de la composition de la liste car pour eux, cette liste est caractérisée par des magouilles et du népotisme. «Sur la liste de ces nominations, des sergents-chefs sont devenus des commissaires, des sergents stagiaires et même les chauffeurs qui n’on pas le Def sont montés au grade d’inspecteur. Alors que le statut du policier exige que l’agent ait une Maîtrise pour être commissaire. Et un Deug, pour prétendre être inspecteur de police» a déploré un policier. De toutes les façons, les mécontents exigent l’annulation des décrets et arrêtés de nomination.
Un autre, qui semble prendre le contre-pied de nos interlocuteurs, indiquera que les mutins du jour ont mené une campagne d’intoxication. «Ils sont allés jusqu’à Kati saisir le capitaine Sanogo de la question» a-t-il soutenu. «Ces mécontents sont venus aux environs de 06 h 10 mn et ont utilisé des munitions qui ne sont pas de la dotation de la police nationale. C’est seul le Camp para qui possède ces munitions. Mais nous avons réussi à les repousser» précisera-t-il. Au même moment, la délégation du Cnrdre (il existe encore !) était dans le bureau du secrétaire général du syndicat de la police qui est aux affaires, Siméon Keïta. C’était pour réconcilier les agents de police nous précise une de nos sources.
Mais leur tentative a échoué car accompagnés du Syndicat, les éléments du Cnrdre, après leur entretien dans le bureau de Siméon, ont fait un rassemblement dans la cour du Gms pendant à peu près 5 minutes avant de rompre les rangs.
Nous tenons à préciser qu’une source rencontrée sur place, mais qui préfère garder l’anonymat pour éviter des représailles parce membre du corps de la police, nous a appris qu’en réalité, les mécontents ont voulu enlever les armes du bureau du syndicat pour les amener au commandement, estimant que le «Syndicat n’est pas une branche armée de la police pour détenir ces armes». De quelles armes s’agit-il en réalité ? Aucune précision ne nous est encore parvenue.
La tension est tout d’un coup montée d’un cran et dans le cafouillage total, nous avons dû, comme d’autres qui étaient venus voir de plus près ce qui se passait, prendre la poudre d’escampette. Dans notre tentative de fuite, aux environs de 10h, un policier est tombé à côté de notre engin et saignait de la tête. On nous dit qu’il a été touché par une balle.
Au moment où nous mettions sous presse, nous avons appris que les pourparlers se poursuivaient à Kati. Espérons qu’après cela, on n’aura plus à entretenir une police divisée en deux tendances prêtes à se taper dessus comme elles l’ont déjà fait lors du défilé du 1er mai 2010 devant des ministres du gouvernement pour lesquels les forces de l’ordre n’ont eu aucune considération en ne se gênant pas, en tant que membres des forces de l’ordre, de semer le désordre. C’est dire que cette guéguerre à la police ne date pas du coup d’Etat du 22 mars dernier. Ce putsch l’a amplifié en permettant à une des tendances de se considérer en terrain conquis. Il urge de les rappeler tous dans les rangs pour ne pas donner raison aux ennemis du Mali qui sont prompts à se saisir de ce genre d’incidents pour clamer urbi et orbi qu’il règne une insécurité dans le pays.