L’UNTM et la CSTM ont proposé une autre rencontre avec le gouvernement pour accorder les violons sur le texte qui sera signé à Alger.
Au moment où la Minusma rencontrait hier les partis politiques de la majorité présidentielle pour recueillir leurs observations sur le projet d’accord de réconciliation nationale (voir article M. Keïta), le Haut représentant du président de la République pour le dialogue inclusif intermalien, Modibo Keïta était face aux forces vives de la nation. Cette rencontre s’est déroulée dans la salle de conférence du ministère du Travail, de la Fonction publique et des Relations avec les Institutions. C’était en présence du titulaire de ce département, Bocar Moussa Diarra.
Un nouveau round du dialogue inclusif intermalien s’ouvre dans quelques jours à Alger. C’est en prélude à ce moment crucial de la vie de la nation que Modibo Keïta a rencontré les forces vives de la nation, notamment les organisations de la société civile et les centrales syndicales pour recueillir leurs observations, critiques et propositions, afin d’en rendre compte à qui de droit.
Pour le Haut représentant du président de la République, « c’est un débat d’idées qu’il faut mener avec la force de l’argumentaire » pour améliorer le document dit « Projet d’accord pour la paix et la réconciliation au Mali ». Avant de donner la parole à ses interlocuteurs, Modibo Keita avait assuré qu’il n’y a « pas de sujet tabou ».
Aucun des intervenants ayant pris la parole n’a validé le contenu du projet d’accord en l’état. Certains ont relevé des points qu’ils jugent dangereux pour la stabilité du pays, une fois l’accord signé. Il s’agit, entre autres, de l’intégration d’éléments des groupes armés dans les forces armées et de sécurité au nom de la réconciliation nationale et de la paix. Ainsi pour Siaka Kontaga de l’UNTM (l’Union nationale des travailleurs du Mali), l’intégration des groupes armés est inacceptable. Mais si le gouvernement tient à le faire, il faudrait éviter les « pièges du passé ». C’est-à-dire que les intégrés ne doivent plus rester dans les régiments militaires basés au nord où dans leurs régions d’origine.
Son camarade Mahmoud Ben Katra, partage la même observation. Et le déploiement des éléments qui seront intégrés dans les rangs des forces armées et de sécurité vers d’autres régions du pays, favorisera le brassage culturel. Les deux représentants de l’UNTM demandent aux autorités de revoir leur copie quant au quota d’intégration des groupes armés dans la Fonction publique. Pour eux, il faut éviter de frustrer ceux qui sont obligés de passer par le concours pour entrer dans la fonction publique.
La CSTM, l’autre centrale syndicale, par la voix de son secrétaire général Hamadoun Amion Guindo a catégoriquement rejeté le document. « Nous rejetons le document. Parce que ça parle uniquement des régions du nord », a-t-il martelé. Pour la centrale syndicale, le document est élaboré pour « le nord et les séparatistes » et non pour le Mali. « Nous voulons des explications du gouvernement », a dit Hamadoun Guindo.
L’UNTM et la CSTM ont alors proposé une autre rencontre avec le gouvernement pour accorder les violons sur le texte qui sera signé à Alger. Le Haut Représentant du président de la République est favorable à une telle démarche car il aimerait bien que la partie malienne parle d’une même voix à Alger.
Dans ses propos liminaires, Modibo Keita avait déploré les derniers développements dans la partie septentrionale du pays « Aujourd’hui, la situation sécuritaire se dégrade au nord. Il y a une guerre de positionnement », a-t-il dit et pour lui, la route de la drogue et l’économie criminelle ne sont pas étrangères aux vives tensions qui prévalent dans cette partie du pays.
C’est pourquoi, Fanta Sidibé de la CTM (Confédération des travailleurs du mali) se demande si la signature d’un accord de paix pourra faire baisser la tension. Pour elle, le gouvernement gagnerait plus à mieux communiquer sur la situation du pays auprès des populations. « Aujourd’hui, la plupart des Maliens s’informent d’abord à travers les médias étrangers », a-t-elle relevé.
Pour ce qui est de la Minusma, le Haut représentant souhaite que son attitude soit offensive après le renforcement de son mandat. Mais la solution durable est du ressort de l’armée malienne qui doit assurer la sécurité des personnes et de leurs biens.
A. DIARRA