Au cours de la présentation du bilan du Maouloud (célébration de l’anniversaire de la naissance du Prophète Mahomet), Chérif Ousmane Madani Haïdara, guide spirituel d’Ançardine, a dépeint l’actualité nationale et internationale. C’était le mardi dernier, à son domicile.
Comme à l’accoutumée, après chaque Maouloud, le guide spirituel d’Ançardine rencontre la presse pour faire le point de l’événement. Pour la même occasion, les hommes de media le pousse à s’exprimer sur les questions brulantes de l’heure.
Au sujet de la célébration de Maouloud 2014, Haïdara, visiblement satisfait de l’engouement, affirmera que la rencontre a regroupé au stade du 26 mars plus de 70.000 personnes venues de 26 pays d’Afrique et du reste du monde. Toute chose qui a nécessité l’investissement de plus de 57 millions de FCFA.
Après avoir salué l’implication des plus hautes autorités dans la sécurisation des personnes à travers la mobilisation de la Police, la Gendarmerie et la Garde nationale, il a remercié tous ceux qui ont contribué à la réussite de ladite rencontre. «Je salue cette intervention de l’Etat dans la sécurisation des personnes pour la première fois, bien que cela relève de sa compétence. Toutefois, au regard de l’engouement que le Maouloud suscite auprès de la population, les 70.000 places du stade du 26 mars sont insuffisantes». Partant, il aspire à trouver un espace plus vaste pour accueillir ses adeptes.
La caricature de Mahomet et le carnage à Charlie Hebdo
En ce qui concerne la caricature du prophète Mahomet (PSL), suivie des tueries en France, Chérif Ousmane Madani Haïdara a été on ne peut plus clair. «L’Islam est une religion de tolérance et enseigne le respect des autres. A titre d’exemple, si un musulman se lève au Mali pour aller saboter le christianisme à l’Eglise, il sera responsable de ce qui lui arrivera. Cela dit, nous condamnons les terroristes, nous ne soutenons pas non plus les caricaturistes de notre prophète. Je crois que depuis le début de ces caricatures, les autorités françaises devraient appeler ces journalistes à la responsabilité. Comme l’adage nous enseigne : «Ba dékoun né bé kini kè». Littéralement, cela signifie qu’à force de l’acculer, la chèvre finit par mordre. Pour lui, les journalistes doivent avoir mieux à faire que de caricaturer un prophète. Mais les tueries qui en ont suivi sont aussi condamnables, fut-il les représailles contre un acte abominable et provocateur.
A cette occasion, le conférencier a rappelé la raison de la création du Groupement des leaders religieux. A l’en croire, il s’agit de barrer la route à la nouvelle forme de l’Islam (la violence et le radicalisme) qui gagnait du terrain au Mali. Car, dans certaines mosquées au Mali, on incitait les jeunes au terrorisme. Dans leur prêche, certains trompaient les jeunes qu’une personne tuée équivaut à l’accès au paradis. «Or, eux-mêmes, ils ne commettent jamais d’attentat suicide. Alors qu’en principe, en tant que guide spirituel, ils doivent être les premiers à aimer le paradis. Donc, face à ce genre de prêche, il fallait que nous nous mobilisions pour montrer le bon chemin aux jeunes», a précisé Ousmane Madani Haïdara.
La participation du Président IBK à la manifestation de soutien aux victimes des terroristes
Parlant de la participation du chef de l’Etat malien à la grande manifestation tenue à Paris, le dimanche 11 janvier courant, Chérif Madani Haïdara a demandé l’indulgence des Maliens. «IBK me fait pitié. Ayez pitié de lui cette fois-ci. Car, c’est par désespoir qu’il s’est rendu à cette marche. Notre pays étant menacé par les terroristes, et n’ayant pas les moyens d’y faire face, il s’est vu contraint d’aller manifester son soutien à ceux-là qui peuvent nous aider à contrer cette menace. Outre par reconnaissance à la France pour son intervention au Mali en janvier 2013, IBK est parti chercher la bénédiction des autorités françaises et toute la communauté internationale pour lutter contre le terrorisme au Mali. Comprenez-le, il n’avait pas le choix. Il le fait pour sauver le Mali, peut être. Sinon, comment comprendre qu’un musulman de son rang, qui a comme amis les Marocains, puisse se rendre à une telle manifestation», indiquera le conférencier.
Pourparlers inter-maliens d’Alger
S’agissant des pourparlers inter-maliens pour un accord de paix, le guide spirituel dénonce l’attitude des autorités maliennes. A l’en croire, pour cette question aussi sensible qu’est la réconciliation et la paix, les dirigeants du pays ne consultent jamais les leaders religieux. «Généralement, ils ne font recours aux leaders religieux que lorsqu’il s’agit de mobiliser les électeurs. J’ai l’impression que ces autorités ne nous considèrent pas comme des intellectuels», s’indigne-t-il. En tout cas, poursuivra Haïdara, en tant que Maliens, instruit au même titre que les décideurs, les religieux ont constitué une délégation de 15 personnes qui se rendra très bientôt dans les pays comme les Etats-Unis, la France et l’Allemagne pour défendre la cause nationale. Elle fera comprendre aux grandes puissances la réalité malienne, afin qu’elles puissent nous aider à trouver une solution définitive aux velléités indépendantistes et au terrorisme.
Oumar KONATE