Le Président de la République Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a participé à la grande marche républicaine de Paris le dimanche 11 janvier 2015, à côté de la cinquantaine de Chefs d’Etat et de gouvernement ayant conflué de part le monde pour venir témoigner leur solidarité et leur affliction à la France, victime de la barbarie humaine d’un autre temps. Les autorités du monde, au rang desquels notre président, étaient ce jour au devant d’une foule monstre venue exhiber un bras d’honneur aux monstres de l’intolérance et de la bêtise humaine.
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Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar KEITA, Président de la République
Il faut rappeler que les Présidents IBK et Mahamadou Issoufou du Niger ont été les premiers chefs d’Etat africains à confirmer leur intention d’être à côté du Président Hollande à cette exceptionnelle communion de l’humanisme contre la cruauté, de la liberté contre l’oppression, de la démocratie contre l’obscurantisme qui a plongé la France dans trois jours de terreur ayant coûté la vie à 17 personnes dont la majorité est constituée de journalistes.
Mais force est hélas de constater qu’une certaine opinion encore chatouilleuse de tout ce qui touche à la coopération franco-africaine n’a pas apprécié la trop grande « ostentation » de nos dirigeants sur les pavés parisiens dans ce qu’ils considèrent, évidemment à tort, comme un problème franco-français. Certains vont même jusqu’à dire que le Président malien avait mieux à faire au Mali devant le drame vécu par nos soldats à Nampala avant d’aller à la quête d’hypothétiques moments de célébrité aux côtés d’hommes pour qui il ne constitue que peu d’enjeu.
Contre le djihadisme obscurantiste et la barbarie humaine
Que Non ! Notre Président a pris une bonne décision en effectuant ce déplacement pour plusieurs raisons.
Il y a d’abord la constante reconnaissance due par notre pays à la France pour le prix payé dans la libération de notre pays des fous du djihadisme international.
La venue à Paris d’IBK a été un symbole fort, un « devoir élémentaire de solidarité », a-t-il déclaré à la presse. Sa marche à côté de François Hollande, bras dessus-bras dessous, à la tête de près de 2 millions de personnes, témoigne du combat de deux chefs d’Etat contre le djihadisme obscurantiste et la barbarie humaine. Le Président du Mali ne pouvait pas être absent pour dénoncer de vive voix cette nouvelle agression contre les valeurs et les peuples.
Il y a ensuite la nécessité de restaurer la diplomatie et le rayonnement international de notre pays sérieusement mis à mal par plusieurs années de lobbying d’un MNLA, sournois cheval de Troie de la racaille «d’islamistes» et de narcotrafiquants.
Enfin, le Président y est allé par devoir d’humanisme et par souci de gommer toutes tendances aux amalgames identitaires qui pourraient menacer la communauté malienne en terre française. En marchant à côté des slogans «nous sommes Charlie», le Président IBK, musulman convaincu et Chef d’un Etat doté d’une population à 95% musulmane, n’a certainement pas entendu contribuer à l’apologie des dérapages excessifs de l’hebdomadaire français et de ses stupides devanciers comme le danois « Jyllands-Posten », ou le néerlandais Théo Van Gogh. La justice française elle-même n’a-t-elle pas jugé en son temps que les caricatures, « prises isolément, étaient de nature à outrager les adeptes de l’Islam » et qu’elles étaient « choquantes voire blessantes pour les musulmans » ? Des publications de grande renommée comme New York Times des USA et le Times Britannique ne les ont-elles pas reprouvées en refusant de les reproduire par décence, respect et accommodation raisonnable envers une respectable religion ? Elles ont estimé que la sacro sainte liberté d’expression ne donne pas droit à parler ou à rire de tout. Il y a des bandes rouges qu’il ne faut jamais franchir. Pour autant, personne n’a le droit d’ôter la vie à son prochain au nom de ses propres principes. Seul Dieu est Juge Suprême. IBK, dans cette logique, a certainement entendu participer à la transmission d’un message d’humanisme et de solidarité mais aussi de condamnation à l’encontre de ceux qui s’arrogent un « droit de vie et de mort » envers ceux-là qui ne partageraient pas « leurs principes ». Dès lors, il convenait bien à notre Président de faire valider la thèse selon laquelle les demeurés de l’axe Seine-Saint-Denis – Gaza – Mossoul partagent le même dessein malfaisant que les illuminés de la bande sahélo-saharienne : c’est l’international du délire et de la bêtise humaine.
Contre les clichés, les amalgames et la stigmatisation
Tarik Ramadan, cet autre chantre d’un islam tolérant comme cet islam tel que Tombouctou du Président IBK a légué à l’histoire, dira : « Ce n’est pas le Prophète (Mohammed SAWS) qui a été vengé. C’est notre religion, nos valeurs et nos principes islamiques qui ont été trahis et souillés.
Il y a une différence entre s’imposer une parole responsable et s’adjuger l’auto-flagellation et l’auto-culpabilisation. Toute conscience humaine doit développer une loyauté critique: avoir le courage de condamner ceux et celles qui se prévalent de leur religion ou de leur nation alors qu’ils en trahissent les principes.
Il ne s’agit pas d’avoir d’émotions sélectives selon que les victimes soient Noirs, Blancs Arabes, chrétiens, musulmans ou juifs. Notre condamnation et nos émotions doivent s’exprimer partout où d’innocentes vies sont injustement sacrifiées au nom de principes qui ne reflètent pas les valeurs de l’humanisme ».
IBK, en parfaite communion avec une communauté malienne fortement mobilisée en France pour la cause, a voulu aussi, par sa présence, signifier que certes il y a eu un certain Amedy Coulibaly, cet enfant égaré du lointain Guidimakha qui s’est honteusement manifesté au supermarché « hyper Cacher », Porte de Vincennes. C’est fortement déplorable. Mais il y a eu aussi au même endroit cet autre fils du Mali du nom de Lassina BATHILY dont le héroïsme du haut de ses 24 ans, a permis de sauver la vie de plusieurs personnes. C’est en soi suffisamment glorifiant pour des compatriotes bien décidés à réussir le combat de tous les jours contre les clichés, les amalgames et la stigmatisation.
Birama Fall , envoyé spécial à Paris