La manifestation était organisée en réaction à une caricature du prophète Mohamed (PSL) à la Une du journal satirique français Charlie Hebdo, la semaine dernière.
Des milliers de personnes, hommes et femmes, venus de divers quartiers de la capitale, ont participé à une grande marche pacifique vendredi après-midi, afin de protester contre la publication des caricatures du prophète Mohamed (PSL) par le journal satirique français Charlie Hebdo. Ces musulmans en colère étaient venus manifester à l’appel du Haut conseil islamique, à travers le Collectif des associations musulmanes du Mali.
La foule des marcheurs grossissait tout au long du trajet qui allait de la Bourse du Travail à la Place de l’indépendance. Les manifestants scandaient : « Allahou Akbar » (Dieu est grand !) en réponse à un animateur qui criait au micro : « Attakbir ».
De nombreuses pancartes et banderoles étaient brandies et sur lesquelles on pouvait lire : « Je ne suis pas Charlie. Ni terroriste. Abas Charlie. Je suis musulman. Vive l’islam » ; « Respectez mon prophète (PSL) » ; « …Le Mali n’est pas Charlie ! ». Sur l’une des plus grandes banderoles arborées sur le podium, les organisateurs proclamaient : « Oui à la liberté d’expression. Non à la caricature de notre prophète (PSL). Non à la provocation ».
Affiche dans la main gauche et l’index droit pointé vers le ciel en signe de l’unicité de Dieu, Ibrahim Keita, 72 ans, est chauffeur depuis 1958. Il salue l’initiative du Collectif des associations musulmanes et s’insurge : « Aucun individu ne doit jouer avec la religion d’autrui. Nous n’avons pas touché à leur religion, ils ne doivent pas toucher à la nôtre. On ne peut pas manquer du respect au prophète (PSL) ».
De façon laconique Ousmane Coulibaly et Oumar assimilent Charlie Hebdo à la France : « Nous ne serons jamais Charlie. Abas Charlie. Abas la France ! C’est blasphématoire ! ».
Un homme, visiblement très remonté, fendait la foule à la recherche des affiches qu’il jugeait incompatibles avec l’idée de la manifestation. Il se faisait un devoir de déchirer toutes les affiches qui associaient et le nom du prophète et celui du journal satirique français. Pour lui, le mot Charlie ne doit pas côtoyer le nom de Mohamed (PSL).
Séparées des hommes, les femmes, toutes vêtues de hijab noir, ont montré aussi leur mécontentement. Sur les affiches qu’elles brandissaient, on pouvait lire notamment : « Nous sommes contre la volonté française et celle de Charlie. L’islam est victime du terrorisme occidental et international. »
L’arrivée à la place de l’indépendance du président du Haut conseil islamique Mahmoud Dicko, et du leader du Mouvement Ansardine Cherif Ousmane Madani Haïdara, a été chaudement acclamée. Dans sa brève intervention Mahmoud Dicko a promis que l’islam vaincra et que le combat doit se faire main dans la main et de façon pacifique. « Vous pouvez me caricaturer, caricaturer vos semblables, mais pas nos prophètes. La provocation a été de trop. Vous avez offensé plus d’un milliard de personnes dans le monde. Nous œuvrons pour la paix. J’appelle l’ensemble des musulmans à se battre dans ce sens. J’invite les musulmans au calme et à la sérénité », a indiqué Mahmoud Dicko. Cherif Ousmane Madani Haïdara a abondé dans le même sens, appelant à l’arrêt des attaques contre l’islam.
Dans une déclaration, le Collectif des associations musulmanes du Mali a « dénoncé avec la dernière énergie la haine viscérale du journal satirique français Charlie Hebdo, qui se cache derrière la liberté d’expression pour toucher sensiblement ce que plus d’un milliard d’individus gardent au plus profond dans leur cœur, le prophète Mohamed (PSL) et l’islam. »
Le Collectif a également condamné « le silence mi-complice, mi-coupable des organisations de défense de droits de l’Homme devant ce déchaînement islamophobe et autrement raciste, devenu une pathologie politique et sociale qui touche progressivement l’ensemble des pays occidentaux».
La manifestation de vendredi était organisée en réaction à une caricature du prophète Mohamed (PSL) à la Une du journal satirique français Charlie Hebdo, la semaine dernière. Cette parution du journal était la première, après le massacre commis à son siège une semaine plus tôt par des terroristes se réclamant d’Al Qaïda au Yémen et proclamant avoir vengé le prophète qui avait fait l’objet par le passé de caricatures publiées par Charlie Hebdo.
Alhoudourou A. MAÏGA