Le mardi 20 janvier 2015, s'est déroulée au sein du groupe scolaire Bahaben Santara en Commune I, la cérémonie de départ à la retraite de notre collaborateur Mamadou Roche Keita, billettiste de votre quotidien L'Indépendant.
Pour la circonstance, ils étaient six Directeurs d’école, un Conseiller pédagogique et le Directeur de CAP en la personne de Mamadou Roche Keita. Après toute une série de discours qui a vu intervenir les différents syndicats, les ONG, les CGS, la société civile, le représentant des partants, le discours de notre collaborateur, DCAP sortant, a particulièrement retenu notre attention.
Voici un extrait du discours prononcé par Mamadou Roche Keita.
« Après plus de trois décennies, permettez au doyen Roche, sans être le plus âgé de vous ressortir au crépuscule de ma carrière, ce que j’ai emmagasiné dans mon tréfonds culturel comme moments émotionnels, tumultueux comme le fut et l’est encore, dans une moindre intensité, le monde scolaire que nous avons vécus ensemble. Partagez avec moi les leçons retenues durant ces dures épreuves. J’ai retenu au cours des moments difficiles que nous avons ensemble traversés, et comme me l’enseigne Jules Gauthier que le monde scolaire est un spectacle à regarder, à analyser et non un problème à regarder de loin et chercher à le fuir. Nous avons été au coude à coude pour l’analyser afin d’y trouver des solutions idoines. Soyez-en remerciés, car votre expérience vous a permis de comprendre que » le bruit du fleuve ne saurait empêcher le poisson de dormir » a introduit l’ex-DCAP.
Avant de poursuivre en ces termes » je m’en voudrais si je n’adressais pas mes chaleureuses félicitations aux collaborateurs qui ne m’ont pas aimé, alors là, pas du tout, et qui m’ont combattu pour n’avoir pas su que leurs critiques et leurs guéguerres ont été pour moi une formidable école fertilisatrice de mon expérience, toute chose qui m’a fait comprendre, selon un proverbe turc, que le Monde entier fut-il ligué contre toi, ne peut te faire le quart du mal que tu te fais à toi-même. Chers collègues, je vous invite à y sérieusement méditer pour en faire une norme de conduite. Je vous souhaite bon courage et bonne abnégation espérant que vous serez le timonier qui, l’œil rivé sur l’horizon du développement, s’attèlera à mener la barque à bon port. Que dire de ceux qui, en concordance de phase avec moi, soutenaient et/ou critiquaient positivement ou négativement ce que j’entreprenais ou voulais entreprendre afin de bâtir brique par brique et joint par joint notre édifice commun qu’est l’école malienne ? A vous, cœur vaillant, je vous demande de persévérer dans cette action, car selon Ghandi, » le bonheur, c’est lorsque vos actes sont en accord avec vos paroles » et selon moi, c’est également lorsque vous arrivez à savamment doser l’administratif et le social. Notre métier, assurément se veut un sacerdoce, nous l’endossons et nous nous emploierons comme à l’accoutumée de relever le défi ».
Selon lui tout n’a pas été rose pendant sa gestion. Ainsi a-t-il souligné : » A ce titre, permettez-moi de vous rappeler qu’au regard des actes nouvellement posés par notre gouvernement, il nous faudra résolument extraire la bonne graine de l’ivraie et cela et par l’Administration scolaire et aussi par les syndicats qui ne sauraient se muer en refuge pour d’éventuels fainéants et paresseux. Chers collègues partants : on vous a demandé de faire valoir votre droit de départ à la retraite. Pourquoi s’en angoisser et s’en émouvoir pendant que X années durant, vous avez joui avec délectation les samedis et les dimanches hebdomadaires. Comment donc après vingt ou trente décennies, vous éprouvez une certaine inquiétude pour cette retraite ? Faites donc le calcul en multipliant deux jours par semaine et pendant trois décennies, vous saurez alors le bien fondé de la retraite. Allez donc en paix car le nouveau chemin qui s’ouvre à vous s’avère radieux et lumineux. En toute circonstance, Dieu saura préserver les siens. Au nom de tous mes collègues partants, nous vous prions d’excuser nos offenses comme nous avons pardonné les vôtres et vos égarements sporadiques. Mettons-nous en tête que seule l’école malienne compte et que vive l’école malienne. Ne vous départissiez jamais de ces deux dictons qui vous enseignent ceci : » Être homme est facile, être un homme est difficile »; » On attrape plus vite un menteur qu’un voleur « .
Avant de prodiguer des sages conseils en ces termes : « En tant qu’enseignant vous le savez.Chers collègues, il ne me reste plus qu’à vous exhorter de faire du monde scolaire un centre d’intérêt, tremplin du développement d’un quartier, d’une commune, d’un pays et ce partant d’une nation. Je vous confie à Dieu. Je vous confie les élèves maliens qui sont nos enfants. Je vous confie le monde scolaire, convaincu que vous saurez le préserver. Avant de terminer, j’invite tous les enseignants à conjuguer » assurer la relève » tous les matins et au présent de l’indicatif. Permettez-moi de vous demander de donner toutes vos bénédictions à nos épouses, car ce sont elles qui éduquent et nous nous enseignons. Nous n’accorderons jamais le droit à la retraite à la connaissance, à l’intelligence, à la compétence et à notre foi pour l’avenir de notre pays « .
Kassoum THERA