Comme toutes les corporations et composantes de la société malienne –approche participative exige- l’armée a, elle aussi, passé au crible le contenu et les contours du texte proposé comme solution à la problématique du Nord.
C’était à la faveur d’un récent conclave dédié aux généraux, anciens ministres de la défense et chefs d’états-majors. L’intérêt de ce beau monde, réuni pour la circonstance, porte essentiellement sur l’équation de la réintégration des combattants de groupes armés dans les rangs. Cette option a été très négativement accueillie par les porteurs d’uniforme dont la plupart se remettent encore difficilement de la désertion massive d’anciens éléments pour rejoindre le camp de l’ennemi. Quelle assurance que le même scénario ne se reproduira pas impunément ? Voilà toute la question.
Bon à savoir
UN héros nommé Lassana
Lassana Bathily, l’employé malien, qui a caché et sauvé plusieurs personnes lors de la prise d’otages du supermarché Casher de la porte de Vincennes, a été naturalisé. C’est place Bauveau, au ministère de l’Intérieur (à deux pas de l’Élysée donc) que le «héros» de la prise d’otages du supermarché Casher a reçu les hommages de la Nation en même temps que son passeport. Le jeune Malien de 24 ans de confession musulmane a remercié ses proches mais aussi ceux qui lui ont fait confiance depuis son arrivée en France en 2006, jusqu’à la naturalisation dont il rêvait depuis tout petit. Il a eu une pensée pour son ami Yohan Cohen, employé lui aussi de l’Hyper Casher et tué par Amédy Coulibaly, alors qu’il avait tenté de le désarmer.«Les gens me prennent pour un héros mais je ne le suis pas, je suis Lassana et je resterai moi-même», a-t-il également réagi. Dans un message d’une grande tolérance, il a expliqué que pour lui, « les gens sont égaux, il n’y a pas de couleur », ni de « question de communauté » religieuse. «Mon cœur a parlé et m’a fait agir».Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve a voulu rendre l’hommage de la Nation à Lassana Bathily. Diplomé dans le bâtiment et travailleur intégré, Lassana Bathily donne «du crédit à l’école républicaine» pour le ministre qui a vu dans «ce geste de courage et d’humanité» un symbole d’un islam de paix et de tolérance». Enfin, le Premier ministre, Manuel Valls, lui-même naturalisé à 20 ans, a également félicité Lassana Bathily, le remerciant pour sa façon dont il a «appris à être Français».
Enfin, Chato !
La coqueluche de la population du Nord-Mali, Mme Haïdara Aïssata Cissé, jouit de la dignité des Chevalier de l’ordre national. La distinction lui sera officiellement décernée dans l’enceinte de l’Hémicycle, là même où elle se singularise le plus par de hauts faits en bon parlementaire très engagée pour la cause nationale, singulièrement dans le domaine de la diplomatie parlementaire. Unique femme candidate à la présidentielle de 2013, son combat pour la cause féminine dépasse toute démonstration. Chato mérite plus pour sa longue et implacable lutte pour l’unité nationale et l’indivisibilité de la nation malienne. C’est pourquoi, la décoration de la bête noire du Mnla, qui intervient aussi tardivement, étonnent les observateurs.
Mal départ
Le gouvernement Modibo Kéïta est-il mal parti ? La question est posée à juste raison. Non pas parce que la nouvelle équipe constituée autour du nouveau Pm ne compte pas de compétences respectables. Mais, tout simplement, parce qu’elle repose sur un acte législatif erronée dès le départ. Car, sur le décret officiellement signé des mains du président de la République et contresigné par le chef du gouvernement on lit : «Ministre de la Construction nationale» en lieu et place de ministre de la Réconciliation nationale. Il s’agit certes d’un lapsus, une erreur de frappe lourde de conséquence. Ce n’est pas le genre de coquille dont la correction se fait à la simple gomme. Elle nécessite un redressement dans les règles de l’art. Y compris l’obligation d’y revenir par un avenant au décret incriminé. En attendant de voir comment les autorités vont s’y prendre, beaucoup d’observateurs s’interrogent sur la légèreté qui l’ait provoqué.
Edm criblée de dettes
La desserte d’électricité peut réserver de désagréables surprises cette année avec les problèmes que traverse la société Energie du Mali. L’Edm, selon des sources dignes foi, est sur le point de croupir sous le poids d’une crise de trésorerie sans précédent due une la mauvaise gestion. En cause, le clientélisme de travailleurs qui disposent, pour la plupart, d’une entreprise de prestation ou de fournitures afférentes aux besoins de la société. Il en découle quant leurs services et matériels, une qualité laisse à désirer et pour lesquels des milliards Fcfa sont pourtant annuellement défalqués sans contrôle préalable sur la marchandise. Conséquence de cette gabegie parmi tant d’autres, la société recoure de plus en plus à la location de groupes électrogènes pour prévenir d’éventuels désagréments. Il en résulte, affirme-t-on, un effroyable cumul de crédits aux fournisseurs estimé à la soixantaine de milliards de nos francs.
Les Coulibaly en difficulté
Amédi Coulibaly, le djihadiste du magasin Casher des Portes de Vincennes aura causé un grand préjudice aux individus qui portent son nom en France. Que les autorités françaises luttent du mieux qu’ils peuvent contre les amalgames n’empêchent pas, selon nos sources, que les Coulibaly pâtissent de son acte. Même les petits et jeunes écoliers, qui portent le même nom de famille, sont désormais indexés en France et accueillis avec méfiance par leurs semblables. Il s’en suit des rixes et autres altercations inhérentes au genre de stigmatisation. Et, quand bien même, ce soit un Malien qui ait héroïquement sauvé les Français pendant la prise d’otage, l’effet produit par le nom de famille de l’anti héros l’emporte sur l’origine du héros.
Mur de glace entre le Pm et les ministres retardataires
A peine installée et l’équipe de Modibo Kéïta rencontre déjà des problèmes d’homogénéité. La grande notoriété dont il jouit auprès des Maliens et le respect qu’il impose ne lui épargnent pas pour autant des grincements de dents. Le désamour et le malaise sont partis du tout premier conseil de cabinet organisé par la Primature. Retenu lui-même d’une trentaine de minutes par une rencontre avec des personnalités étrangères, le nouveau Pm a choisi de commencer par la rigueur en instruisant de ne laisser aucun ministre accéder à la salle après lui. Il se trouve que les retardataires n’étaient autres que des vétérans des gouvernements successifs depuis l’évènement d’IBK. Ce sont, entre autres, Mohamed Bathily et Téman Huber Coulibaly qui supportent à peine d’avoir été ravalé au rang d’élèves non ponctuels malgré leur ancienneté.