Le ridicule ne tue pas au Mali. C’est la conviction de plus d’un. Chaque jour qui passe administre aussi la preuve de cette assertion. Un observateur avisé du paysage politique a répété cette vérité en entendant les échos de l’offensive du parti Rds du professeur Younouss Hamèye Dicko vers l’Union pour la République et la Démocratie (Urd). L’opinion ne manque pas de s’interroger sur l’opportunité et le sens de la démarche de l’acteur politique qui s’est compromis depuis qu’il a fait allégeance aux acteurs du coup d’Etat du 22 mars 2012. “C’est une démarche qui étonne“, a dit un autre observateur qui voit dans la démarche du Rds une tentative de se racheter auprès de l’opinion nationale.
Le professeur Dicko s’est compromis en acceptant de cautionner un coup d’Etat contre des institutions démocratiqement mises en place. Grâce à des pirouettes aussi, il était parvenu à placer ses pions dans le Gouvernement de transition de Cheik Modibo Diarra, à travers le professeur Messaoud, le secrétaire général du parti Rds.
“Ce Monsieur est un pseudo-démocrate”, charge un acteur politique indigné par le comportement de Younouss H Dicko qui se présente comme un démocrate malien. C’est dire que depuis la nouvelle de sa tentative de rapprochement avec l’Urd, des commentaires vont bon train.
Avant le coup d’État contre le président Amadou Toumani Touré, l’opinion retient que le Rds était en parfaite symbiose avec la direction politique de Urd pour l’amener à signer une plateforme politique dans la perspective des élections avortées de 2012. Aux élections de 2013, à la surprise des maliens, le Rds a opté pour le candidat du Rpm, qui était le challenger de Soumaïla Cissé lors du deuxième tour de la présidentielle.
Malheurusement à ce jour, le parti Rds n’a pas été invité à faire partie de l’équipe gouvernementale par le président Ibrahim Boubacar Kéïta. Et c’est peut-être la raison pour laquelle son leader a choisi de prendre une direction autre, en rencontrant les membres du bureau de l’Urd à leur siège, le 24 janvier courant.
A l’occasion, Soumaïla Cissé de l’Urd et Younouss H. Dicko du Rds ont parlé. “Nous devons nous unir pour la sécurité nationale, la sauvegarde de l’intégrité territoriale en toute confiance, en toute honnêteté, en toute responsabilité à aller dans la même direction. Il y a les moments pour la politique telle qu’on la pratique d’habitude où l’opposition qui agit pour remplacer la majorité, la majorité qui se bat pour ne pas quitter. Ce qu’il faut comprendre, aucun parti politique ne peut résoudre seul le problème du Mali, mais il faut l’ensemble des partis politiques”, a déclaré le professeur Younouss Hamèye Dicko.
En réponse, le président de l’Urd a d’abord remercié Younouss et son parti pour leur présence à leur côté avant de souligner que la responsabilité de la paix sociale incombe à tous et toutes. “Nous avons la responsabilité de la paix sociale, c’est pourquoi nous avons le devoir de proposer et parfois de dénoncer ce qui ne marche pas. Il faut que les enfants du pays se réunissent pour réfléchir sur les priorités du pays. La priorité d’aujourd’hui, c’est de défendre l’intérêt de la nation, de jouer sa partition en républicain pour l’union et cela dans le respect des valeurs démocratiques et des valeurs républicaines”, a indiqué Soumaïla Cissé. Pour lui, il faut des discussions franches entre le pouvoir, la société civile, la majorité présidentielle et l’opposition républicaine pour esquisser des solutions en vue de pouvoir gagner le combat de la dignité.
Les deux partis ont indiqué qu’ils sont dans une logique de rassemblement autour de nos valeurs pour sauver le Mali. Pour ce fait, une commission composée des représentants des deux partis sera mise en place très prochainement. La rencontre d’un putschiste (le professeur Dicko) et une victime du coup d’État (Soumaïla Cissé) n’est-ce pas le baiser de la honte ?
Laya DIARRA