Une fois à l’aéroport international de Bamako-Senou, le visiteur est frappé par la présence d’un cordon de bagagistes, changeurs de monnaie et négociants sans badge. Qui entrent et ressortent du hall comme dans un marché. Les « banna-banna », leur nom dans le milieu aéroportuaire malien, sont pourtant de véritables « Lions » dans la jungle de Bamako-Senou. Et pourquoi ?
On n’a pas besoin d’être un expert en sécurité pour admettre que l’aéroport international Bamako-Senou peut être une bonne cible d’attentat terroriste. Ce scénario funeste ne sera pas difficile à mettre en pratique pour les maîtres du mal. Il suffirait pour eux de jeter leur dévolu sur ces personnes, sans badge, ni statut connu qui vadrouillent dans les coins et recoins de la plateforme aéroportuaire de Bko-Senou, pour réaliser ce dessein. Connus sous la dénomination commune de ‘’banna-banna’’, ces bagagistes de jour, négociants à la caisse le soir et changeurs de monnaie dans la plupart du temps ont l’aéroport international de Bamako-Sénou sous leur pied. Ils exercent en parfaite complicité avec les agents de police, de Sécuricom et même du personnel permanent de l’ADM (Aéroports Du Mali ), au grand dam des compagnies aériennes et au risque et péril de tous les usagers de l’aéroport international de Bamako-Senou. Ils sont pour la plupart, des jeunes des quartiers riverains de Bamako-Senou, ces ‘’coxeurs’’ ne courbent l’échine devant personne. D’ailleurs, ils évoluent sous la bonne garde des policiers de l’air. A en croire certains d’entre eux, pour acheter le silence des agents en faction et accéder à bras ballant au Hull sans crainte, ils déboursent quotidiennement chacun la somme de 2000F CFA pour mouillés les agents des entrées principales du hull de départ et d’arrivée. « Quand le contrôle s’accentue, nous montons les enchères à 5000F CFA » confie gaillardement un banna-banna, bien respecté dans la sphère aéroportuaire de Bamako-Senou.
En effet, le festival de ces ‘’banna-banna’’ devient ambiant lors des vols, jugés intéressants, notamment ceux à destination de la France ou des Etats Unis. Ils sont spécialisés dans les négociations des excédents de poids des bagages. Dans ce registre, ils recueillent les colis à expédier, détectent dans le lot des passagers accostés depuis le parking n’ayant pas assez de poids pour les prier ou les négocier à prendre dans leurs bagages les colis excédents d’autres passages, ou à expédier. Qui sont acquis contre espèces sonnantes et trébuchantes. Comme nous sommes dans un pays ou on fait avec certaines habitudes malsaines, les acquéreurs de ces colis à acheminer ne se donnent pas le temps de vérifier la contenance des colis. Dans la plupart des cas, ils se trouvent arrêtés dans les aéroports des pays de destination pour présence dans leur bagage de colis suspect. Dans le cas d’espèce, ils n’ont pas trop de marge de manœuvre, étant donné que le colis suspect a été enregistré au même numéro que ses bagages.
Sinon, généralement ce sont les destinateurs de ces colis qui les accusent de vol. De nombreux compatriotes ont leur réputation salie de nos jours, à cause de ces manœuvres. Malgré qu’ils ne soient ni en amont ni en aval de l’opération.
En outre, ces ‘’banna-banna’’ causent de nombreux préjudices aux compagnies de transport aérien. « Ces excédants de poids négociés autrement, causent un grand trou de caisse dans nos comptes », témoigne un agent d’escale d’une compagnie internationale.
En réalité, les pratiques de ces personnels informels jurent avec les mesures de sécurité d’un aéroport international, digne de ce nom. Ils entrent et ressortent des hulls comme dans un moulin, se bousculent avec les passagers, agents de l’aéroport et se saisissent souvent des chariots pour transporter les bagages des passagers contre leur volonté et à des prix dépassant tout entendement. Tout cela, devant le regard complice des agents de sécurité. Qui ferment les yeux sur leur agissement et tendent la sébile quand le besoin se fait sentir. Dans cette chaîne mafieuse, le passager est laissé à son seul sort à l’aéroport international de Bamako-Senou. Qui au fil du temps, ressemble à une vraie jungle, où l’appât du gain facile par l’arnaque est la règle et le respect de la loi l’exception.
« Mêmes des terroristes peuvent utiliser ces jeunes-gens pour déposer des explosifs au sein de l’Aéroport du Mali » estime un habitué de Bamako-Senou. Cette hypothèse n’est pas fausse, car par le fait que ces « banna-banna » délient les cordons de la bourse, ils arrivent à enrouler dans la farine, passager, policiers, gendarmes et mêmes agents de la SE présents à l’aéroport international de Bamako-Senou.
Que force reste à la loi.
Nana Cissé