Culture et art’ ‘TANYINIBOUGOU’ une pièce théâtrale qui nous interpelle sur la bonne citoyenneté, fouette notre sens des responsabilités et enfin promet ….
Publié le vendredi 28 septembre 2012 | L'enquêteur
Entièrement en bamanan « Tanyinibougou » est un ‘kotèba’ qui invite à réfléchir sur les notions de leader et de gestion du bien public. Existe t- il encore une morale publique ? Quel type de leader nous faut- il aujourd’hui ? Sur quelles valeurs devons-nous nous appuyer pour choisir nos dirigeants ? La bonne gouvernance au Mali: mythe ou réalité ? Autant d’interrogations que la pièce soulève. Pour en parler, nous recevons Alioune Ifra N’Diaye, le metteur en scène et promoteur de la pièce.
L’Enquêteur : Bonjour pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
ALIOUNE IFRA N’DIAYE: Je m’appelle Alioune Ifra N’Diaye. Je suis opérateur culturel. Je suis plus connu au Mali comme réalisateur de programmes télévisuels et promoteur de ce qu’on appelait le studio BlonBa. En Europe, je suis un homme de théâtre. Pour les institutions internationales et d’autres pays africains, je suis un ingénieur culturel.
L’Enquêteur : La compagnie Blonba s’apprête à présenter une pièce du nom de «tanyinibougou». D’abord comment traduisez-vous le nom de la pièce et qu’est ce qui a inspiré ce choix ?
ALIOUNE IFRA N’DIAYE : De 2004 à 2010, chaque deux ans, BlonBa produisait un programme télévisuel d’éducation à la citoyenneté. Dans ces programmes, j’y créais chaque fois, de petits films de fiction que nous avions appelés des «télékotèba». Il y a eu « Fatobougou », « Baniengo », « A yè son bè », « Banyèrèbougou »,etc. Ces programmes étaient destinés à attirer l’attention sur notre démission citoyenne collective. N’étant pas en mesure de produire un nouveau programme télévisuel pour traîter cette question d’actualité, j’ai imaginé un spectacle de kotèba. Le spectacle de Kotèba «Tanyinibougou » est une métaphore de l’absence totale de citoyenneté dans notre pays.
L’Enquêteur : Au-delà du spectacle, quel est le message véhiculé ?
ALIOUNE IFRA N’DIAYE : Je crois que nous avons hérité de l’empire romain, la notion de citoyenneté. Si nous voulons traduire cette notion dans notre tradition, nous dirons qu’un citoyen est un «maa», un «honron» (nom que nous avons également hérité des arabes). «Honron», pas dans le sens ethnique, mais dans le sens du comportement. Le message du spectacle est clair. Une démocratie sans citoyenneté, sans «honronya», sans «maaya», est une impasse. Nous sommes dedans jusqu’au cou.
L’Enquêteur : Apparemment, pour mieux dénoncer les tares de la société malienne, les expressions utilisées n’y vont pas de main morte et les thématiques abordées ne laissent personne indifférent. Qu’en dites-vous ?
ALIOUNE IFRA N’DIAYE : C’est tout le sens du kotèba. Nous utilisons le Kotèba pour nous donner le plus de liberté possible. Nous ne nous y interdisons aucune parole. Cette liberté de parole, à la limite souvent vulgaire, nous l’avons empruntée à une institution politique traditionnelle qui a largement contribué à la construction d’une société harmonieuse pour nos ascendants. Pourquoi pas pour nous aujourd’hui
L’Enquêteur : Qui sont les comédiens qui vont porter la pièce ?
ALIOUNE IFRA N’DIAYE : Un des axes forts de l’action de BlonBa a été la formation de la jeune génération montante du théâtre. Et aujourd’hui ce sont de vrais professionnels de la planche. N’Dji Traoré, Tièblé Traoré, Alimata Baldé, Ismaël N’Diaye sont de cette génération de jeunes comédiens. Ils constituent, avec Nouhoum Cissé dit « Baniengo, la distribution de « Tanyinibougou ». Le spectacle articule l’artistique et la technique. De jeunes créateurs lumières et de vidéo de la pièce que sont Ba Traoré pour la lumière et Chacka Ouattara pour la conduite vidéo.
L’Enquêteur : C’est pour quand et où la première projection grand public ?
ALIOUNE IFRA N’DIAYE : Le spectacle sera proposé pour la première fois au palais de la culture le samedi 6 octobre à 21 heures 30 minutes
L’Enquêteur : Des tournées en vue comme vous le prévoyez sur votre page face book ?
ALIOUNE IFRA N’DIAYE : Nous allons le montrer dans au moins 30 cercles du Mali et dans 8 pays avec une forte colonie de la diaspora malienne : Côte D’Ivoire, Congo-Brazza, Gabon, Burkina Faso, France, Espagne, USA et Canada.
L’Enquêteur : Peut-on parler alors de la résurrection de Blonba ?
ALIOUNE IFRA N’DIAYE : L’entreprise BlonBa est en cessation d’activité le temps de trouver un lieu pour redémarrer. Mais la compagnie de théâtre vit. En plus de Tanyinibougou, nous avons au moins 3 créations théâtrales qui vont tourner cette année et l’année prochaine en Europe. Nous travaillons à la reprise de l’entreprise BlonBa. Et nous espérons fortement un geste politique du gouvernement de transition.