«ATT a en quelque sorte payé son entêtement à vouloir maintenir la date de l’élection présidentielle à laquelle il n’était d’ailleurs pas candidat. » C’est du moins ce que témoigne à travers les colonnes d’un hebdomadaire français Dimitri Brelière , un ancien conseiller au palais de Koulouba de 2002 à 2011. Car derrière le coup d’Etat du 22mars qui l’a évincé il y’a dit-il un homme, Oumar Mariko.
Cet opposant à ATT s’était lui prononcé pour un report de l’élection, parce qu’il estimait qu’elle ne pouvait avoir lieu tant que le conflit perdurait au Nord mais certainement aussi parce qu’il savait qu’il n’avait aucune chance de remporter ce scrutin .Par l’intermédiaire d’un réseau de radios privées qu’il contrôle et que beaucoup au mali ont surnommées ironiquement « radios mille collines » en référence au Rwanda et en passant son temps auprès des militaires du rang de la caserne de Kati, il a su instrumentaliser les revers subis par l’armée malienne au Nord pour distiller un sentiment de haine contre le régime d’ATT auprès d’une partie de la population et des soldats .Sa propagande a si bien fonction our que cela conduise à une mutinerie qui elle-même s’est transformée en véritable coup d’Etat. Mariko a été le premier à air le putsch.
ATT est soupçonné d’avoir noué un pacte tacite avec Aqmi. Cela faisait –il partie de ses erreurs ?
Sur ce sujet comme sur d’autres, des erreurs ont certainement été commises .mais c’est une accusation injuste.ATT a fait ce qu’il a pu avec les moyens dont il disposait .combattre frontalement les terroristes. Mais pouvait-il le faire ? Les offensives qu’il a lancées contre Aqmi ont fait de nombreux morts parmi les soldats .Pour combattre dans cette immensité désertique, il aurait eu besoin de moyens aériens, ou au moins d’un accès aux bases aériennes proches des frontières du Nord Mali pour ravitailler ses hélicoptères, ce qu’il n’a pas obtenu.
Pourquoi n’êtes- vous pas favorable à une solution négociée
Parce que je ne crois pas en ces chances de succès .Combien de fois ont-ils négocié ?les deux grandes vagues de rébellion touaregs ont débouché sur des accords en 91 -92 et en 2006 d’ailleurs sous l’égide de l’Algérie .On en voit aujourd’hui le résultat .Maintenant que les rebelles touaregs se sont considérablnt on irait discuter avec les terroristes ? L’Algérie n’a jamais voulu entendre parler de négociations avec les islamistes radicaux .Pourquoi cette volte-face ?C’est incompréhensible moins qu’elle ne soit dictée par sa crainte de voir des troupes étrangères s’installer dans sa zone d’influence et des groupes armés au Nord du Mali se replier chez elle.
Même s’il reconnait que la gestion de la crise au Nord par ATT n’est cependant pas exempte de reproches, le conseiller français pense plutôt à travers ces explications que son ancien employeur a surtout été victime d’un incompréhensible complot international.
Les rebellions touarègues à répétition, narcotrafic à grande échelle, prises d’otages et conséquences de l’intervention en Libye, entrée en masse d’armes dans le Sahel et retour des touaregs enrôlés dans l’armée de kadhafi. Comment voulez-vous que l’un des pays les plus pauvres du monde puisse faire face à une telle succession d’événements ? . Ce n’est que la veille du coup d’Etat à l’occasion d’un sommet de crise que se tenait justement à Bamako, que la communauté internationale a vraiment pris conscience du danger et parlé d’un soutien notamment sur la plan logistique. Jusque-là qui a vraiment aidé le Mali ? Il y’a eu une coopération militaire avec la France et les Etats-Unis notamment mais limitée .ATT a aussi appelé sans relâche à une véritable coordination avec la Mauritanie , le Niger et l’Algérie .Celle-ci n’a vu le jour qu’en 2010 avec la création d’un comité d’état-major opérationnel conjoint qui n’a encore donné lieu à aucune opération commune.les seules interventions dans le Nord Mali ont été conduites dans le cadre de droits de poursuite par le Niger et la Mauritanie. En fait, la coopération s’est heurtée à des divergences sur le dossier .Le Niger La Mauritanie elle s’appuyait plutôt sur le MNLA pour combattre Aqmi, tandis que l’Algérie toujours ambigüe n’a en fait jamais montré une volonté r les choses. Elle a ainsi tout fait pour que le sommet que nous réclamions sur la crise au Nord n’ait pas lieu.
Je ne dis cependant pas que nous n’avons pas commis des erreurs .Il a pu y avoir des insuffisances L’armée a notamment manqué de moyens. Malgré les dotations d’armement que l’on a fait ces dix dernières années qui permete de rester l’une des mieux dotées d’Afrique de l’Ouest—et des livraisons aéroportées étaient d’ailleurs en cours au moment du coup d’Etat—cela n’a pas suffi pour combattre cette agression exceptionnelle due , je le répète à l’arrivée massive ces derniers mois d’armes lourdes de Libye et je peux comprendre le mécontentement des militaires .