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L'Essor N° 17280 du 28/9/2012

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Port obligatoire du casque : Un delai de tolerance
Publié le lundi 1 octobre 2012  |  L'Essor


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La mesure qui entre en vigueur aujourd’hui ne prévoit cependant de sanctions contre les contrevenants avant janvier
La question du port obligatoire du casque par les usagers des engins à deux roues ne date pas d’aujourd’hui dans notre pays. L’on pourrait même dire que c’est une sempiternelle question. Mais ces dernières années, elle s’est posée avec une grande acuité. Et pour cause : les motos sont toujours plus nombreuses grâce à leur accessibilité en terme de prix. Les revenus les plus modestes arrivent désormais à s’en procurer. Mais cette « démocratisation » des motos a son revers de la médaille : la multiplication des accidents de la circulation.
Les pouvoirs ont donc tenté à maintes reprises d’imposer le port du casque de protection pour atténuer les conséquences de ces accidents et épargner ainsi des vies humaines. La dernière décision sur la question date du 19 septembre dernier quand le Conseil des ministres a été informé par le ministre des Transports et des Infrastructures routières de sa décision de rendre obligatoire le port du casque à partir d’aujourd’hui.
Dans un communiqué publié le même jour, le ministre des Transports et des Infrastructures routières expliquait que cette mesure vise à inverser la tendance des décès et traumatismes crâniens liés au non port des casques de protection, en précisant que 70 % des victimes sur deux roues sont soit tuées par le traumatisme crânien, soit souffrent de séquelles durant tout le reste de leur vie. Et que 79 % des accidents de la route impliquent les engins à deux roues et plus de 60% de ces accidents concernent les jeunes.
Toujours dans son communiqué, le ministre invitait les usagers des deux roues (conducteurs comme passagers) à se familiariser d’ores et déjà avec le port du caque en assurant que les forces de sécurité dans les centres urbains ou en rase campagne veilleront à l’application stricte de la présente mesure.
Celle-ci a fait l’objet de débats passionnés depuis son annonce. Si le bien-fondé du port obligatoire du casque est admis par une large majorité, nombre de nos compatriotes s’interrogent sur la pertinence de la décision en ce moment précis.
Trois témoignages parmi tant d’autres contestant l’opportunité d’imposer aujourd’hui l’opportunité du port obligatoire du casque : « Cette décision est malvenue. Le moment est très mal choisi. Avec la crise, nous nous battons déjà pour joindre les deux bouts. Ils ont augmenté le prix du gaz, des carburants, et veulent encore nous imposer le port de casque qui a son coût. Le prix du casque est élevé. Il coûte en moyenne 20 000 Fcfa. Ce n’est pas rien par ces temps qui courent », observe Oumar, un étudiant. Celui-ci fait remarquer que la situation est ingérable pour les étudiants d’autant plus que les bourses scolaires ne sont pas encore disponibles.
Boubacar, un autre étudiant partage le même point de vue. « Le pays traverse une période particulièrement difficile. Je pense qu’il y a vraiment d’autres priorités, précisément la libération des régions du nord. A la limite, je pense que c’est une manœuvre de diversion mais qui ne passera pas », juge le jeune homme.
DES CRITERES D’HOMOLOGATION. « C’est un front inutile que les autorités ont ouvert au moment où une grande partie du pays échappe à notre contrôle. Même au temps où il y avait la paix et quand tout le territoire national était sous contrôle, le port du casque n’a pas pu être imposé. Et il faut s’attendre à une spéculation effrénée sur le prix du casque de la part des commerçants qui ne manquent aucune occasion pour voler les consommateurs », estime un porteur d’uniforme qui ne souhaite évidemment pas être identifié. Celui-ci est du reste convaincu que ce sont des « lobbies qui sont derrière cette affaire » pour leur propre intérêt.
Ce n’est peut-être pas en réponse à ces objections, mais le ministère des Transports et des Infrastructures routières a jugé utile de donner un temps de tolérance aux usagers. Cette « période de grâce » devrait s’étendre jusqu’au mois de janvier, délai fixé par les importateurs pour bien approvisionner le marché national en casques. Mais passé ce délai, tout contrevenant s’expose à des sanctions prévues par la loi numéro 99-004 du 2 mars 1999 régissant la circulation routière. Selon cette disposition réglementaire, les contrevenants peuvent s’exposer à des sanctions, allant de l’immobilisation de leurs engins, à la mise en fourrière, jusqu’à une peine de 3 à 11 mois de prison et/ou d’amendes allant de 20 000 à 200 000 Fcfa, explique le directeur général de l’Agence nationale de sécurité routière (Anaser), Mamadou Koné.
Autre question qui fait débat : la qualité des casques. A ce sujet, c’est l’Agence qui a défini les critères d’homologation. Selon son patron, ces dispositions visent à éviter l’amalgame dans le choix des casques qui sont d’une diversité de variétés adaptées aux différents engins à deux roues. La masse, le poids, les techniques de fabrication, le confort sont entre autres critères contenus dans la décision n°06-41/MIC-SG du 3 octobre 2006 fixant les caractéristiques du casque. Ces critères ont été transmis aux services douaniers par le département des Transports en vue d’homologuer les casques.
Pour le directeur général de l’Anaser, Mamadou Koné, l’opportunité du port obligatoire du casque ne se pose pas. « Ceux qui pensent que cette mesure est inopportune se trompent. Elle aurait dû intervenir depuis longtemps. Ces dernières années, la sécurité routière a été au cœur des priorités des pouvoirs publics. Différentes initiatives ont été prises dans ce sens comme l’institution de la Semaine nationale de la sécurité routière dont l’édition 2012 avait comme thème : « la sécurité routière, le port du casque est vital ». Cette semaine a été lancée dans l’enceinte de l’Ecole normale supérieure. Le choix de l’Ensup pour abriter l’événement n’avait rien d’anodin. Il s’agissait de sensibiliser le plus grand nombre de jeunes sur la sécurité routières à travers les étudiants.

UNE QUESTION DE VIE OU DE MORT. En terme de sensibilisation, le patron de l’Anaser pense que beaucoup a été déjà fait. Selon lui, la campagne d’information et de sensibilisation a touché toutes les couches socio-professionnelles. Des leaders religieux aux mouvements de jeunes, en passant par les forces de sécurité (notamment la police et la gendarmerie nationale), les transporteurs, les médias etc… « Je ne vois pas qui on a oublié dans la sensibilisation sur l’importance du port du casque depuis le début de l’année», assure Mamadou Koné.
Cette campagne, il le fallait quand bien même l’utilité du casque est évidente. « Quand on subit un accident, la partie la plus exposée au choc, c’est la tête. Le casque sauve alors la vie pour trois raisons. D’abord, il empêche la tête de heurter le sol. Il amoindrit le coup et repartit les charges. On ne fait pas très attention à certaines données. Quand on roule à 60, voire 70 km à l’heure, ce n’est pas la moto qui est en vitesse, c’est plutôt le conducteur lui-même. La moto est en équilibre instable. Ce qui veut dire qu’elle n’a de support que celui qui le conduit. Un engin à deux roues a besoin d’un troisième appui pour se maintenir en équilibre. C’est dire combien il dépend du contrôle de conducteur », explique Mamadou Koné.
Toujours par rapport aux rumeurs et récriminations, le directeur général de l’Anaser assure que la décision n’a rien à voir avec les mesures budgétaires prises par le gouvernement pour gérer la crise que le pays traverse. « C’est une question de vie ou de mort. Il n’y a pas de temps à perdre pour sauver une vie. Cette décision n’a rien à voir avec la situation actuelle du pays. La vie d’un homme n’a pas de prix. Doit-on attendre que la situation stabilise pour sauver les vies humaines ? Je ne le pense pas vraiment», justifie le patron de l’Agence.
Du côté des hôpitaux, l’on confirme que le non port du casque est un facteur aggravant des conséquences des accidents de la circulation. « Nous recevons à longueur des journées des blessés plus ou moins graves. Les diagnostics révèlent des traumatismes crâniens, des fractures à la jambe ou au bras. Il y a des cas que nous ne pouvons pas gérer. Nous sommes obligés de les référer à l’extérieur. Ce qui n’est malheureusement pas à la portée de tout le monde », témoigne un médecin du centre hospitalo-universitaire Gabriel Touré.
La décision des autorités de ne pas appliquer dans l’immédiat de sanctions aux contrevenants offre le temps de calmer les passions et de lever nombre d’équivoques sur la question. Mais le débat reviendra forcément dans un pays où l’incivisme a depuis longtemps dépassé les limites du tolérable.
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