Des supposés pots-de-vin de plusieurs dizaines de millions FCFA. La représentation nationale vient de renouveler entièrement son parc auto en engageant des deniers publics pour l’achat de plus de 50 véhicules tout neufs pour un montant évalué à plusieurs centaines de millions FCFA. Des véhicules destinés à des élus, aux membres du cabinet et à l’escorte du président de l’institution qui, selon des sources, vient, d’ailleurs, d’augmenter de manière substantielle des indemnités que perçoivent des députés.
Des mesures qui sont différemment interprétées au sein même de l’Hémicycle quand on sait que le pays est en crise et que notre armée manque cruellement de matériels pour bouter les terroristes hors du territoire national. S’y ajoute la souscription d’un contrat de police d’assurance auprès d’une compagnie de la place qui, d’après certaines sources, sent une forte odeur de corruption.
Au cœur de la controverse, le marché d’achat de 50 véhicules de marque Toyota dont des tout-terrains et des véhicules légers. Si, pour les uns, en cette période de vaches maigres où le pays manque de matériels et d’équipements militaires pour bouter les groupes terroristes hors du pays, il s’agit-là d’une dépense somptueuse hors de saison, pour d’autres, au contraire, les députés et les membres du Cabinet du président de l’Hémicycle avaient un réel besoin de matériels roulants.
Mais pour les uns et les autres, il s’agit de savoir si l’Assemblée Nationale a respecté les procédures de passation des marchés publics dans l’octroi de ce marché dont personne ne connait le montant réel. Même si différentes sources l’évaluent entre 1 et 1,5 milliard F CFA. Avec un tel montant, il fallait l’accord du Conseil des ministres pour faire passer un tel marché. Cela a-t-il été respecté ? Difficile de répondre par l’affirmative. En tout cas, sur la question, la questure et le département des finances de l’Assemblée Nationale se doivent d’éclairer au plus vite la lanterne des contribuables. Cela dans la mesure où les règles de la bonne gouvernance sont censées s’appliquer à tous.
En tout cas, d’après une source proche du dossier, il semblerait qu’un avis d’appel d’offres a été publié dans la presse ; à la suite duquel ce marché a été octroyé à un concessionnaire de la place. Mais, au rythme où les rumeurs les plus nauséabondes entourent la question, il ne faudrait pas que cette affaire d’achat de véhicules pour les élus de la nation, les membres et l’escorte du président de l’Assemblée Nationale soit comme cet autre marché de police d’assurance de 29 véhicules Toyota Prado dans lequel le nom de la compagnie d’assurance NSIA a failli être mêlé en 2014.
L’on se souvient que ce supposé vrai-faux contrat avait été l’objet de moult commentaires dans la presse quand des responsables de l’honorable institution avaient été soupçonnés de corruption et de détournement de deniers publics à hauteur de quelque 30 millions FCFA. Des photocopies de chèques avaient même été publiées dans la presse pour étayer cette thèse. Une histoire qui est en tout cas toujours d’actualité quand on sait que la destination desdits véhicules 4×4 demeure toujours inconnue.
Après donc cette affaire, voilà qu’un juteux contrat d’assurance aurait été attribué, il y a quelques semaines seulement, à une autre compagnie de la place…dans des conditions jugées non transparentes par certains. Après une année 2014 pompeusement dédiée à la lutte contre la corruption avec les résultats que l’on sait, il est temps que les marchés publics sortent du sceau « du secret Etat « . C’est ce qui est présentement demandé à l’Assemblée Nationale dont la gestion semble de plus en plus opaque. D’où ces soupçons d’octroi de pots-de vin estimé à des dizaines de millions FCFA dans cette affaire de souscription de police d’assurance au profit des députés et du personnel de l’Assemblée Nationale.
Mamadou FOFANA