Depuis le 17 avril dernier, le Premier ministre est aux commandes de la nation malienne. Et c’est seulement après six mois qu’il monte enfin au créneau pour demander une aide imminente de la communauté internationale pour une sortie de crise au Mali. Mais le gouvernement n’a-t-il pas pris tout son temps avant de venir crier haut et fort que « le temps presse » ?
En premier lieu, il faut des moyens financiers pour toute opération. Dans deux mois ; on boucle l’année 2012 et les dépenses imprévues seront difficiles à gérer. Le cas malien pourrait attendre l’année 2013 et pour cause : la demande tant attendue par la CEDEAO n’est parvenue que très tardivement.
Qui se souvient encore, il y a quelques mois, qu’une frange de la population, avec l’appui de quelques politiciens et militaires, s’est soulevée pour s’opposer catégoriquement à l’envoi des forces étrangères dans notre pays.
Aujourd’hui, le Mali regarde avec espoir en direction de la CEDEAO pour sa sortie de crise. Sur la chaîne nationale ORTM, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra, accuse ouvertement la CEDEAO d’avoir bloqué nos armes. Du coup, des jeunes se sont mis à proférer des hostilités en l’encontre de la CEDEAO. Le rôle d’un chef de gouvernement n’est-il pas de gérer une telle situation, au lieu d’inciter les jeunes à la haine?
Si Cheick Modibo Diarra parvient à avoir pignon sur écran, c’est parce qu’il dit ce que certains Maliens veulent faire véhiculer. Ainsi, il se coule dans le bain amniotique des personnes à qui il veut faire plaisir.
Le motif réel du Premier Ministre, au départ, c’est d’inciter le peuple malien à se détourner de la CEDEAO. Mais pourquoi alors quelques semaines plus tard, il se trouve à l’ONU pour solliciter qu’une résolution soit votée afin que les Maliens puissent immédiatement demander à la CEDEAO de déployer des troupes pour aider le pays ? Son intervention à la télévision n’a donc pas été conduite dans l’intérêt du peuple, même si c’est ainsi qu’elle a été en ce moment « vendue » aux opinions. Si la cause est juste, pourquoi serait-il nécessaire de détourner la vérité pour servir ? La manipulation devient ainsi un moyen légitime du combat doctrinal pour le Premier ministre, puisqu’il se met au service du soit disant « bien » pour lutter contre le mal.
C’est dans cet état d’esprit que Cheick Modibo Diarra et sa délégation se sont rendus à New-York pour l’Assemblée générale des Nations Unies sur le Sahel. Le va-t-en guerre du Premier ministre est tout à son honneur. Mais de grâce, comment cette belle âme condamne-t-elle les islamistes en restant léthargique face aux exactions commises au Sud ? Et t comment peut-il avoir le toupet de demander une aide en urgence, sachant que le retard vient du Mali ? Mais est-ce bien vertueux de mettre en avant une cause pour mieux dissimuler une autre et parler des problèmes du Nord en omettant ceux du Sud ? Est-ce que le public est sot ?
Mais si une partie du peuple peut être provisoirement dupée, la majorité prend vite conscience de qui fait quoi. C’est pour cette raison que les Etats Unis sont réticents et veulent d’abord passer par un Président démocratiquement élu et capable de gérer le pays.