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Les Echos N° 3947 du 2/10/2012

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Mali : La case départ
Publié le mardi 2 octobre 2012  |  Les Echos




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Selon plusieurs sources diplomatiques, tout le péché de Bamako résiderait dans un régime politique ambivalent dominé par des militaires pour lesquels le chef de l’Etat et son Premier ministre ne seraient que des gouverneurs périphériques.

La demande officielle faite il y a quelques semaines par le président intérimaire Dioncounda Traoré à la Cédéao d’intervenir militairement dans le nord du Mali avait suscité un immense espoir chez le peuple malien qui voyait déjà son territoire débarrassé de la vermine islamiste et terroriste.

L’intervention faite aussi à la tribune des Nations unies par le Premier ministre de transition la semaine dernière, demandant la même chose, avait eu le même effet d’annonce, mais à ce jour rien de concret ne semble se dessiner et tout se passe comme si la communauté internationale hésitait à aider ce pauvre pays.

L’acceptation par les nouvelles autorités du Mali du diktat de la Cédéao après de longs mois de tergiversations et de surenchères politiques, montre clairement que celles-ci n’avaient aucun plan d’action pour libérer le Nord du territoire et que toutes leurs cogitations visaient à contrôler l’appareil d’Etat en vue de s’y établir durablement.

Tous les observateurs savaient au demeurant qu’avec la cacophonie politique installée au sommet de l’Etat et avec une armée nationale totalement délabrée ayant déserté le Nord en laissant armes et bagages à l’ennemi, ce retour à la case départ était inévitable parce que le chauvinisme étroit qui dictait une libération par nos propres moyens ne convainquait personne, pas même les fous de la politique qui le préconisaient.

En acceptant sans amendements les conditions de l’organisation sous-régionale qui, au fond ne sont que celles de l’Union européenne, l’autorité militaire fait un terrible aveu d’impuissance qui en dit long non seulement sur le contexte de la prise des villes du Nord en quelques semaines, mais également sur sa volonté d’aller arracher aux occupants du Nord les parties du territoire confisquées par eux.

Le fait de se dédire à la face du monde en avouant ses propres faiblesses donne maintenant les premiers rôles à la Cédéao qui les revendiquait depuis avril 2012 et place aussi la communauté internationale en face de ses responsabilités dans ce drame. Mais les responsables maliens étant rentrés dans leurs petits souliers en oubliant leurs augustes ascendants, cette même communauté internationale qui expliquait qu’elle n’attendait que le signal de Bamako pour agir et broyer du narcotrafiquant, semble avoir oublié ses engagements premiers et fait des atermoiements.
Comme la Palestine en 1947

Si le président français François Hollande a été très clair sur la question et se déclare prêt à appuyer toute action militaire destinée à sauver le Mali, il n’en est pas de même pour les autres nations occidentales qui avancent sur la question en reculant, donnant ainsi à ce peuple le sentiment d’être victime d’un complot international semblable à celui des Palestiniens en 1947.

Mais il semble que la situation politique terriblement embrouillée à Bamako y soit pour beaucoup dans la compréhension de maintes chancelleries européennes. L’ambassadrice des USA chez nous ne se fait pas prier pour déclarer que son pays n’accompagnera le nôtre que quand celui-ci se débarrassera de ses militaires au pouvoir.

La présence de ceux-ci dans la sphère politique gêne plus qu’il n’y paraît selon plusieurs sources diplomatiques et tout le péché de Bamako résiderait dans le fait de maintenir en vie un régime politique ambivalent dominé par des prétoriens pour lesquels le chef de l’Etat et son Premier ministre ne seraient que des gouverneurs périphériques.

Une démocratie militaire ayant comme capitale la garnison militaire de Kati dicterait ses ordres au pouvoir civil de surface en poste à Bamako et cette triarchie, qui ne représente que ses propres intérêts, aurait pris en otage le peuple malien après avoir évincé du pouvoir ATT et son clan, qui tout diable et démon qu’il fût, avait été régulièrement élu en 2002 et 2007.

Point de doute que, pour beaucoup de chefs d’Etat européens, les hommes du CNRDRE et du clone récemment issu de lui, le Comité de réforme des forces armées et de sécurité, ne sont que des usurpateurs qui ralentissent inutilement l’intervention des forces de la Cédéao dans le Nord du Mali. Et tant que ce goulot d’étranglement aura pignon sur rue à Bamako, dans leur entendement les conditions ne sont pas encore réunies pour venir débarrasser le Mali des jihadistes et des dealers en drogue. Depuis la conférence de La Baule en 1990, les pays européens avec en tête la France, se sont fâchés avec les césarismes tropicaux, quelle que soit leur forme, et ont décidé de ne point coopérer avec eux dans quelque contexte que ce soit.

Les officiers auteurs du coup d’Etat du 22 mars 2012, pour des questions d’intérêts personnels, feignent d’ignorer cette évidence, mais il faudra bien, lorsque les bandits armés auront avancé jusqu’au niveau de Mopti, qu’ils retournent dans leur siècle pour voir les choses telles qu’elles se présentent et non plus selon leurs souhaits.

Yiriba

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