Le périmètre aval de l’Office du développement rural (ODRS) de Sélingué a été aménagé en 1983 pour améliorer les conditions de vie des populations de la zone. Mais depuis lors, la mauvaise gestion qui a caractérisé cet Office a eu des impacts négatifs sur son bon fonctionnement. C’est ainsi qu’avec la venue du nouveau Directeur général, Ousmane Maïga, les réformes entreprises pour la bonne marche de l’Office font des mécontents. D’où la question : faut-il continuer sur les réformes ou laisser l’Office « mettre la clé sous le paillasson » ?
Gérer, c’est prévoir pour relever des défis. C’est pourquoi la nouvelle équipe dirigeante de l’Office a bien compris la donne. C’est ainsi que des réformes ont été entreprises : entre autres, la mise en application de la signature de la convention ; la révision des cahiers des charges ; le renouvellement des regroupements dirigeants…La révision des anciens critères d’attribution des parcelles a été le premier domaine d’intervention du DG Ousmane Maïga. Ce fut donc la fin d’une ère pour le début d’une nouvelle qui fera bien sûr (et comme toujours dans pareil cas) des contents et des mécontents car ce travail de terrain, entrepris conjointement par les services techniques de l’ODRS et les représentants des producteurs, a permis de déceler des cas d’étiage, de vente ou de sous-location de parcelles. Bien que proscrit dans le cahier des charges de l’Office, de nombreux attributaires de parcelles continuaient à louer leurs parcelles à de tierces personnes moyennant une forte rente financière. En plus, l’ODRS est confronté à certains problèmes tels que son réseau d’irrigation et de drainage qui sont à refaire, tout comme la digue de protection et le réseau de circulation d’eau. Les producteurs ont aussi un rôle d’entretien qui est inscrit dans ce cahier des charges en son Article 28 qui stipule que « tous les travaux d’entretien des réseaux et ouvrages tertiaires et quaternaires d’irrigation et de drainage ainsi que la rigole de ceinture, les diguettes de séparation des casiers et les rampes d’accès au casier incombent aux exploitants ». Mais ces exploitants ne respectent pas cet Article. Toute chose qui fait que les diguettes et les quaternaires sont bouchés, ce qui rend difficile l’écoulement de l’eau et pire, c’est lorsqu’on parle de sanction que certains exploitants qui ne sont pas en règle vis-à-vis de l’Office font croire aux autres exploitants que la direction de l’Office veut accaparer leurs terres : une manière, pour ces exploitants délateurs, de semer l’hostilité entre les producteurs et la direction de l’ODRS. Au niveau de l’Office, les cultures pratiquées sont la riziculture irriguée dont la superficie exploitable varie entre 850 et 900 ha en une saison ; le maraîchage et le maïs occupent près de 220 ha et la banane, 80 ha. Au total, 17 villages appartenant à 4 communes exploitent le périmètre, et le nombre d’exploitants est de 1943, dont 494 femmes regroupés en 37 organisations paysannes, 33 sociétés coopératives et 4 associations. Les attributions faites aux femmes représentent 15% des superficies pour la riziculture et 25% pour le maraîchage. Au cours des dernières années, les rendements et productions moyens obtenus pour la riziculture irriguée a connu une nette croissance car de 4 497 tonnes en 2008, ils ont atteint 9 394 tonnes en 2012. Mais, à en croire le Directeur Général Adjoint de l’Office, Mamadou D. Camara, l’espoir est permis malgré cette situation et malgré la crise que traverse le pays. Aussi espère-t-il qu’avec le retour des partenaires et un financement à la hauteur des enjeux de l’Office pour sa rénovation totale qui se chiffre à plus de 3 milliards de FCFA, Sélingué seul peut occuper une grande place dans la politique de sécurité alimentaire du Mali, surtout que son périmètre s’étend à Maninkoura qui, selon le DG, risque de ravir la vedette à Sélingué si les exploitants ne redoublent pas leurs efforts pour bien exploiter leurs périmètres.
Concernant la gestion du périmètre, elle est soumise à une gestion participative où la direction s’appuie sur un Comité paritaire de gestion des terres et du fonds d’entretien du périmètre de Sélingué (CPGTFEP-S) composé de 16 membres dont 8 représentants des producteurs et 8 de l’encadrement de l’ODRS. Ce Comité élu pour un mandat de 3 ans se réunit une fois par mois pour discuter des problèmes de gestion du périmètre. Pour éviter des querelles à propos de la gestion du périmètre, chaque camp est représenté dans ce Comité : difficile alors de parler de rébellion ou de mauvaise foi quant à la gestion du périmètre par la direction de l’Office. En plus de la riziculture, l’ODRS mène d’autres activités : des activités essentiellement entreprises en soutien à celles menées dans le périmètre. Parmi ces activités : la production de plants et le reboisement ; le développement de la pisciculture, avec la construction d’une écloserie pour la production d’alevins ; la réalisation de 4 champs-écoles dans le cadre de la riz-pisciculture qui consiste à associer la pisciculture à la riziculture ; et enfin des actions de suivi environnemental qui consistent à prélever des échantillons d’eau et de sol dans le périmètre pour apprécier le degré de pollution, le suivi et le traitement des gites de simulies.
Les principales difficultés de l’ODRS
Le périmètre de Sélingué est en exploitation depuis 1984. Au cours de cette longue période d’exploitation, les différents réseaux se sont fortement dégradés et les principales causes en sont : une insuffisance dans l’entretien des canaux et drains tertiaires de la part des producteurs, l’insuffisance des moyens de l’Etat qui fait que l’ODRS n’arrive pas à faire correctement face à ses devoirs d’entretien des canaux, drains, routes, digues de protection et de réhabilitation de la station de pompage d’exhaure. Aujourd’hui, la situation du périmètre est caractérisée par l’état de vétusté de la prise d’eau située dans le corps du barrage, un état de dégradation avancé de l’ensemble du réseau d’irrigation, entrainant ainsi des pertes d’eau d’irrigation ; l’état de dégradation et d’envasement avancé de l’ensemble du réseau de drainage, entrainant l’engorgement des parcelles ; la persistance de certains insectes et maladies y trouvant des conditions de vie favorables ; le réseau de circulation( piste et digue de ceinture) également fortement dégradé, ainsi que beaucoup d’ouvrages hydromécaniques ne jouant plus correctement leurs fonctions à cause d’un entretien insuffisant. A tout cela, il faut ajouter le faible niveau des ressources propres, notamment la redevance (environ 50 millions par an) qui ne permet pas à l’Office de répondre correctement aux besoins d’entretien du périmètre. Aussi, l’Etat et les partenaires sont mis à contribution pour suppléer ce déficit.