Avec les difficultés que connaît Transrail, les villes ferroviaires souffrent. Les populations des villages et villes au bord des rails sont aujourd’hui dans une extrême pauvreté. Toukoto, ancienne ville ferroviaire du Mali, ville de cheminots n’échappe pas à cette situation. Le Sous-préfet de la ville, M. Djigui Keita livre ses impressions.
Pouvez-vous nous parlez des conditions de vie actuelle des populations de Toukoto ?
Djigui Keita : Je vous remercie de l’opportunité que vous m’offrez. Tout d’abord, Toukoto est une commune rurale située à mis parcours entre Bamako et Kayes sur la voie des rails. Elle couvre une superficie de 3207 km environ. Il y a toutes les ethnies (peulhs, khasonké, Bambara, Malinké, Maure, Bozos, etc). Elle est une commune composée de 7 villages dont les principales activités sont l’agriculture, l’élevage, le petit commerce, la pêche, l’artisanat. La commune de Toukoto est arrosée par deux fleuves : le Baoulé et le Bakoye. Sur le plan infrastructure routière, Toukoto est traversé par la route de Kita-Bafoulabé, Toukoto-Kharta et les rails.
Quelles sont les difficultés auxquelles la commune est confrontée aujourd’hui ?
Avec les difficultés de Transrail, les populations souffrent et n’échappent pas à la pauvreté. Le petit commerce est à l’arrêt. C’est ce petit commerce le long des rails qui permettait aux chefs de familles de subvenir à leurs petits besoins. Il y a deux grands fleuves à Toukoto mais les plaines qui peuvent offrir des opportunités ne sont pas aménagées. Il y a également une grande transhumance d’animaux au niveau de cette commune qui va de la Mauritanie à Diéma via le Kharta et Nara. Malgré cette situation favorable où nous avons des pâturages, il n’y a de Parc de vaccination. Le maraîchage aussi est peu développé malgré l’existence des deux fleuves à cause du manque d’équipement. Le calcaire est abondant dans la zone mais il n’ya pas d’unité de fabrication pour créer des emplois. Sur le plan sanitaire, l’onchocercose est là, le CSCOM n’est pas équipé et il manque de personnel. Sur le plan administratif, tous les services de l’état sont sous- équipés et manque également de personnel d’appui. Par exemple, le gouvernement vient de réaliser un DCAP où il n’y a aucun agent. Dans la prison à Toukoto, il 60 détenus pour 5 agents.
La commune a-t-elle des perspectives de développement ?
Aujourd’hui, grâce à l’Amader, l’électrification rurale est en cours. Nous pouvons noter la présence des deux sociétés de téléphonie (Mali tel, Orange). La commune prend l’envergure d’un cercle. Le camp des pionniers est une grande opportunité qu’il faut appuyer car cela fait 3 ans que le camp existe sans formation. Avec l’avènement de la route, Toukoto a besoin d’un marché digne de ce nom et d’une gare routière. Ceux-ci permettront d’augmenter les recettes. La ville étant une ville carrefour a besoin de station d’essence surtout avec l’installation d’une usine bientôt à Balinda à 20 km de Toukoto. La commune a besoin d’écoles professionnelles et de lycée quant on sait que beaucoup de villages entourent la ville. Ceci permettra de faciliter la prise en charge des élèves qui sont obligés d’aller à Kita où Kayes.