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Le Pr. Younouss Hamèye Dicko, président de la Copam : ‘’ Je pense qu’aucun patriote malien ne peut accepter qu’un Q.g. de la Cedeao vienne s’installer à Bamako. ‘’
Publié le mercredi 3 octobre 2012  |  Le Journal


Meeting
© aBamako.com par as
Meeting de l`Alliance pour la Démocratie et la République
Mardi 3 juillet 2012. Bamako. Maison de la presse. Youssouf Hameye Dicko, ancien ministre et président du parti RDS. Ce meeting avait pour but d’inviter l’opinion nationale à honorer la mémoire du maire Idrissa Oumara Maiga assassiné le 25 juin 2012 à Gao. Assassinat qui a déclenché la révolte des jeunes de Gao. L`ADR est un collectif de partis politiques, associations et mouvements politiques


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La force de l’armée malienne, l’état du commandement militaire malien, le Q.g. et les troupes de la Cedeao, l’Assemblée générale de Nations Unies, sont entre autres thèmes abordés par le Pr. Younouss Hamèye Dicko, président de la Coordination des organisations patriotiques du Mali (Copam), au cours d’une interview qu’il nous a accordée, dimanche dernier, à son domicile, sis à Djicoroni para.

Le Journal : Quel était l’objet de votre marche, vendredi dernier ?

Vendredi, la Coordination des organisations patriotiques du Mali (Copam) a entrepris une marche pour apporter son soutien indéfectible et patriotique à nos forces armées et de sécurité dans leur mission sacrée de la défense du territoire et de l’intégrité de notre pays

Pensez-vous que notre armée seule peut résoudre le problème ?

Le mot seul peut avoir un contenu. Ce dont on est convaincu, c’est que l’armée malienne dispose d’un grand réservoir qui est la nation malienne. Nous disposons suffisamment d’hommes, de femmes, pour libérer notre pays. Si on apporte une aide à cette armée…

vous savez ! Quand on parle d’armée, la plupart des gens trichent, ils sont malhonnêtes parce qu’ils savent que ce sont eux qui ont mis l’armée dans l’état où elle se trouve. L’armée n’a pas fui le Nord. Elle a été paralysée dans le Nord. L’armée a été désarmée dans le Nord depuis des années. L’administration a laissé le Nord entre les mains des groupes armés rebelles. Au dernier moment, l’armée s’était retrouvée sans armes et munitions pour se défendre. Elle était sans chef politique. Les chefs politiques ont paralysé l’armée et l’ont empêché d’agir. Lorsqu’on contrecarre chaque fois son action, une armée ne peut pas agir.

Je crois que ce qui s’est passé à Aguel Hok est clair. Inutile de tergiverser. Les crimes d’Aguel Hok ont mis à nu tout ce que nous cachions. Quand on dit : l’armée seule, elle n’a jamais existé dans aucun pays. L’armée appartient à une nation. Elle est gouvernée par un pouvoir politique. Si le pouvoir politique a failli, on ne peut pas demander à des hommes de se battre à mains nues. Même si elle avait les armes, il lui fallait un commandement qui dirige ses actions. Ça n’existait plus. Donc quand nous parlons de l’armée malienne, il s’agit de lui donner les moyens de se battre, de la réarmer moralement, socialement, économiquement et matériellement. Si elle a ces dispositions, elle peut libérer le pays. Elle a besoin d’armes. La Cedeao a bloqué les armes du Mali dans ses ports, sous prétexte que les armes risquent de tomber entre des mains hostiles, des mains sales. Mais la Cedeao a mis un président dans ce pays. Elle a participé à la nomination d’un Premier ministre dans ce pays, auquel on a donné les pleins pouvoirs. Si les armes viennent, où vont-elles aller ?

C’est entre les mains des autorités du pays. En réalité, la Cedeao a son plan qui consiste à empêcher l’armée d’agir, sans qu’elle-même soit le chef opérationnel. Elle ne peut pas être le chef opérationnel des opérations militaires au Mali. Il y a des Maliens et il y a une armée malienne. Quand on dit qu’il faut faire confiance à l’armée malienne, qu’elle peut libérer seule le territoire malien, cela ne signifie pas qu’on ne doit pas aider l’armée, en confisquant ses armes. Comment va-t-elle libérer le territoire si on confisque ses armes ? Et on profite de cela pour venir s’installer à sa place et à la place de la nation malienne. C’est ça que nous n’acceptons pas.

Que pensez-vous de l’installation d’un Q.g. de la Cedeao à Bamako ?

Je ne suis pas d’accord que le Q.g. de la Cedeao s’installe à Bamako. Pour faire quoi ?

Certaines personnes disent que la Cedeao a besoin d’aéroport pour l’acheminement de son matériel…

Les aéroports sont à leur disposition. S’ils s’installent à Gao, les aéroports seront à leur disposition. Pour qu’un avion décolle d’ici, est-ce qu’il a besoin de leur présence à Bamako ? C’est venir compliquer la sécurité dans la ville, c’est tout. Le désordre qu’ils ont semé au Libéria, en Sierra Léone, nous ne pouvons pas l’accepter. C’est eux qui ont livré Samuel Doe à son adversaire, Charles Taylor. Ensuite, ils ont fait la guerre au même Charles Taylor.

Leurs exactions contre la population civile, tout le monde les connait. Nous, Maliens, on ne peut pas accepter que ces gens viennent ici, parce qu’on n’en connait même pas la durée.

S’installer à Bamako, dans nos affaires intérieures, dans nos mœurs, dans notre culture, nous mettre sous occupation étrangère pendant des années, on ne sait pas comment tout ça va tourner. Leur arrivée n’est possible que si les Maliens s’organisent, se trouvent une direction politique qui soit capable de mener des opérations et même de résister à leur pression. Si cela n’est pas fait, si on ne se retrouve pas, si on ne se concerte pas, si on ne se met pas d’accord sur un minimum commun, quelles que soient nos opinions politiques, on ne peut pas accepter que des troupes étrangères viennent ici. C’est pour creuser les divisions entre nous. Je pense qu’aucun patriote malien ne peut accepter qu’un Q.g. vienne s’installer à Bamako.

On n’en voit pas la nécessité. Il y a des endroits où ce n’est pas souhaitable qu’un étranger s’installe dans une nation. Pendant la deuxième guerre mondiale, les Américains sont venus aider les Français, mais les Français n’ont pas accepté qu’ils s’installent à Paris. De Gaulle a mobilisé ses hommes qui ont occupé Paris avant que la Américains n’arrivent. Nous ne voyons pas la nécessité de l’installation d’un Q.g. Cedeao à Bamako. La Cedeao n’est même pas organisée pour ça. Elle n’est pas organisée pour une opération militaire. Je ne sais pas d’où elle va sortir ses troupes, son armement, parce que ce que les Maliens ignorent, c’est que ce sont eux qui vont payer la facture. La Cedeao sert de couverture pour des armements qu’elle nous refuse. La Cedeao doit connaitre ses limites. La Cedeao ne peut pas régner au Mali. En vérité l’intervention de la Cedeao est essentiellement dirigée contre les militaires maliens et le peuple malien, parce que la Cedeao est en accord parfait avec l’ancien régime. C’est simplement pour venir les mettre en place et mettre en pièces ce qu’on appelle le Cnrdre. Ce n’est pas leur rôle. Ils ne doivent pas s’immiscer dans les affaires intérieures du Mali. On ne veut pas qu’ils nous forcent à suivre leur point de vue, c’est de la dictature.

Les Nations unies, au cours de leur dernière Assemblée générale, n’ont pas pris de véritable décision concernant le Mali, qu’en pensez-vous ?

Cela va de soi. Aux Nations unies, il y a des gens qui réfléchissent, des gens sérieux, des gens qui ne veulent pas envoyer leurs enfants mourir pour rien, des gens qui ne veulent pas intervenir dans un pays pour en augmenter le désordre. Ils veulent intervenir de façon très précise dans un pays, pour un temps bien limité. La Cedeao n’a aucun plan. Elle ne dispose de rien, elle n’a pas l’argent, pas les hommes et elle fait des stratégies pour les autres.

Même pour les Nations Unies ?

Oui, c’est ça faire des stratégies pour les autres, car les autres ne voient pas sur quelle base ils vont intervenir. La Cedeao ne leur pas donné les bases sur lesquelles ils doivent intervenir. Le Mali non plus n’a pas donné la preuve de la consistance de ses institutions. Nous pensons que nous devons avoir une concertation entre Maliens pour sortir quelque chose de consistant, dans un temps limité, sur lequel nous allons fonctionner. Il y a aucune entente entre les têtes qui se trouvent au Mali, qui dirigent le Mali aujourd’hui. Le peuple est divisé. Qui va envoyer ses troupes dans ces conditions là ? Ça risque de tourner au massacre, à la révolte populaire, personne ne veut intervenir dans un magma pareil. Donc rien n’est préparé pour recevoir une intervention étrangère au Mali et si les gens veulent aller faire la guerre à Gao, ce n’est pas Bamako qu’il faut s’installer. On met le peuple en danger, parce que s’il y a des gens qui veulent créer des histoires à ce genre d’état major, c’est Bamako qui sera à feu et à sang. On n’a pas envie d’augmenter les risques de troubles dans Bamako. Donc, je pense que les Nations unies n’ont pas vu quelque chose de convaincant pour faire une intervention militaire. Nous même Maliens, nous n’avons rien fait pour nous mettre d’accord sur l’essentiel et c’est à partir de cela que les gens vont intervenir. Mais la Cedeao nous a refusé la possibilité de nous mettre d’accord, parce que la Cedeao est en intelligence avec le régime défunt. La Cedeao ne cherche même pas à nous concerter, elle est en accord parfait avec les tenants de l’ancien régime qui sont à Bamako et qui disent à la Cedeao comment il faut agir ici, donc comment agir contre les autres. Dans ces conditions, on ne voit pas comment des troupes vont venir. Il faut d’abord régler les problèmes internes, se mettre d’accord. L’essentiel existe et on peut se mettre d’accord sur l’essentiel, sauf s’il y a des nostalgiques qui veulent que tout leur revienne à travers la Cedeao.

Propos recueillis par Baba Dembélé

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