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Avenir du Mali : L’horizon s’obscurcit
Publié le mercredi 9 mai 2012   |  L'Indicateur Renouveau


Réfugiés
© Getty Images par DR
Réfugiés maliens dans le camp de réfugiés près de M`bere Bassiknou dans la région du sud-ouest de Nema
Le 2 mai 2012. Plus de 320.000 personnes ont fui leurs foyers au Mali depuis la mi-Janvier, plus de la moitié cherchent refuge dans les pays voisins


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Le Mali s’embourbe irrémédiablement dans la crise. Les incidents au nord du pays dans la ville mythique et culturelle de Tombouctou, viennent de finir de convaincre les plus optimistes que la crise est en train de s’installer dans la durée.

Les islamistes d’Ançar Eddine ont définitivement jeté le masque : dévoilant ainsi leurs vraies intentions de créer un territoire sous contrôle de la charia. En profanant et en brûlant le mausolée du saint Sidi Mahmoud Ben Amar et en promettant de s’attaquer à nouveau aux autres mausolées et aux célèbres manuscrits inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, Ançar Eddine et Aqmi ont décidé de réécrire l’histoire, pas seulement celle du Mali, mais également celle de l’humanité qui s’est reconnue à travers les manuscrits et que le monde entier a décidé de préserver contre vents et marées. Le tollé général que cette profanation a soulevé est à la hauteur du forfait.

C’est un crime contre l’humanité au plan strictement culturel. Sur le plan humain, ce n’est qu’une question de temps, car les partisans de la protection des mausolées, bien que musulmans, ne vont pas tarder à payer au prix fort cette défiance. L’islam tel que vu et pratiqué par Aqmi et Ançar Eddine a, à présent, droit de cité.

Une nouvelle partition du pays est en marche. A la partition géographique est en train de succéder une partition religieuse, une scission entre de prétendus vrais musulmans et les autres. C’est le début d’une épuration religieuse. Si la tendance se poursuit dans toutes les régions conquises par les groupes armés islamistes, les pays membres de la Cédéao devront s’apprêter à faire face à de nouveaux afflux de réfugiés, qui fuiraient cette fois l’intolérance des islamistes d’Aqmi et d’Ançar Eddine.

Pour le moment, on ne voit pas comment les arrêter dans leur action destructrice. L’insécurité s’installe au nord, mais elle est déjà présente à Bamako où le capitaine Sanogo et ses hommes règnent en maîtres absolus. Le « petit » capitaine a contraint la Cédéao à revenir sur sa décision unilatérale d’envoyer une force de 300 personnes pour sécuriser la transition.

Pour l’instant, le président intérimaire et le Premier ministre font de la figuration, ce d’autant plus que le Mali, depuis le coup d’Etat de la junte le 22 mars dernier, a du mal à se doter d’un exécutif capable de prendre la situation en main.

Les dernières décisions de la Cédéao sont venues renforcer l’idée qu’il faut composer avec la junte si l’on veut une transition moins orageuse, capable d’organiser des élections puis de libérer le Nord du pays.

Il est impératif que la classe politique malienne s’entende pour régler la question de la gestion de la transition, car la menace est ailleurs. Les groupes armés islamistes (Ançar Eddine et Aqmi) et irrédentistes (MNLA) sont en train de s’installer.

Après, ils voudront déployer leur idéologie faite de violences et d’intolérance dans les pays voisins. Là, ce sera peut-être trop tard.

Abdoulaye Tao

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