Les manifestations de protestation organisées lundi et mardi à Gao, dans le nord du Mali, contre la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA), illustrent les difficultés de la mission onusienne à faire accepter sa neutralité par les différents protagonistes de la crise sécuritaire qui sévit depuis plusieurs semaines à Tabankort, dans le nord.
Les manifestations à Gao, qui avaient pour objectif de dénoncer un accord qu’elle a signé avec la Coordination des mouvements de l’ Azawad qui regroupe plusieurs groupes armées du nord du Mali, s’ est soldée par la mort de trois des milliers de manifestants qui avaient envahi un camp de la MINUSMA à Gao.
Cet accord a été interprété comme une tentative d’affaiblir des groupes armés soutenant le gouvernement contre les rebelles. Et la réaction des populations de Gao a été si violente que la MINUSMA a été contrainte de jeter l’éponge et de retirer le document, déclarant ainsi caduc un accord qui devait créer une zone tampon autour de la localité stratégique de Tabankort que se disputent les groupes armés rivaux.
Pour la mission onusienne, les affrontements entre ces groupes risquent de mettre en péril le processus de paix engagé à Alger entre gouvernement malien et groupes rebelles pour une paix définitive dans le nord.
Naguère critiquée pour sa non-implication dans la lutte contre les rebelles du nord, la MNUSMA est dénoncée pour son initiative de signer un accord avec une seule des parties en conflit sans associer les autres.
Le parti politique malien, CNAS-Faso Hèrè, résume dans un communiqué la position de la classe politique, en souhaitant que la MINUSMA appuie "sans équivoque l’armée malienne et les contingents africains dans la neutralisation de tous les groupes armés".
Le manque de neutralité de la MINUSMA avait déjà été dénoncé par tous les groupes armées qui se disputent le contrôle de Tabankort, après le raid, le 20 janvier, des hélicoptères onusiens contre un véhicule d’où partaient des tirs à l’arme lourde sur son camp à Kidal (nord-ouest), faisant, selon le MNLA, sept tués et 20 blessés les rangs rebelles.
Des manifestations hostiles à la MINUSMA s’étaient également déroulées à Kidal, à la suite de ce raid considéré comme un parti pris en faveur des groupes armés loyalistes, par le MNLA qui avait demandé le retrait des casques bleus.
Après les incidents de Gao, le gouvernement malien, dans un communiqué, "exhorte la MINUSMA à un traitement impartial du gel des positions et l’engage à ses côtés à prendre les initiatives propres à résorber la situation ainsi créée".
Quoi qu’il en soit, la MINUSMA se trouve dans une position délicate alors que les négociations de paix, dont la reprise est prévue en janvier, tardent encore à reprendre et que ces positions sont souvent la cible de groupes armés non identifiés, faisant des morts et des blessés dans ses rangs.