Le jeune Malien Lassana Bathily, naturalisé français en urgence pour avoir sauvé lors des attentats de Paris des otages du jihadiste Amedy Coulibaly, lui-même français d’origine malienne, s’est déclaré jeudi à Bamako "fier" de sa double culture.
"Mon action est de travailler pour renforcer les relations entre le Mali et la France. Je connais les coutumes maliennes et les coutumes françaises. Je ne peux pas prendre un côté" à l’exclusion de l’autre, a déclaré Lassana Bathily lors d’une conférence de presse à la résidence de l’ambassadeur de France.
"J’ai une double culture. Je suis fier de ça", a-t-il dit, rappelant être parti pour la France à l’âge de 16 ans rejoindre son père, présent à cette conférence de presse avec l’ambassadeur, Gilles Huberson.
Le jeune homme, arrivé dans la nuit accompagné par deux de ses cousins et son "parrain républicain" qui l’avait aidé à obtenir sa régularisation, a été accueilli officiellement à l’aéroport par le secrétaire général du ministère des Maliens de l’Extérieur, Cheickna Kamissoko.
Une rencontre envisagée avec le président Ibrahim Boubacar Keïta, parti jeudi matin en visite dans le nord du pays ensanglanté par des affrontements entre groupes armés, n’a en revanche pas eu lieu.
Revenant sur les évènements qui l’ont rendu célèbre, Lassana Bathily a insisté sur l’importance su sang-froid, mais a répété ne pas se considérer comme un "héros".
"Je suis content de retrouver ma famille, mais mon avenir, c’est de continuer à travailler, de créer une association, d’aider mes parents, maintenant que je suis franco-malien", a-t-il ajouté.
Il prévoit de se rendre ensuite dans son village familial dans la région de Kayes (ouest), selon son entourage.
Lassana Bathily, musulman pratiquant, travaillait au sous-sol du supermarché casher lors de la prise d’otages d’Amédy Coulibaly, le 9 janvier à Paris.
Entendant les coups de feu tirés par Coulibaly, le jeune homme avait ouvert la porte de la chambre froide aux otages qui descendaient au sous-sol, et débranché le système de réfrigération avant de s’enfuir par le monte-charge.
Il a ensuite guidé les policiers cernant les lieux et ainsi "contribué au succès de leur assaut final", a souligné le ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.
La cérémonie de naturalisation a eu lieu le 20 janvier au ministère de l’Intérieur en présence du chef du gouvernement Manuel Valls et de M. Cazeneuve.
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