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A propos de la Paierie Générale du Trésor du Mali : Silence, le personnel broie du noir sous le poids de milliers de mandats!
Publié le vendredi 30 janvier 2015  |  Mali Demain




L’avènement de la démocratie au Mali en 1991, a ouvert de grands chantiers de réforme de l’administration malienne. C’est dans ce contexte qu’en 1992, a été entamé la réorganisation du Trésor National informatisation et autres formation du personnel…).

Ainsi, a été créée la Paierie Générale du Trésor (PGT). A l’époque, les autorités ont tiré les leçons du passé et ont opté pour la redynamisation du Trésor public. Tenez-vous bien, vingt et trois ans après, une centaine de travailleurs ploient sous le poids invraisemblable de milliers de mandats qui pour la plupart, sont envoyés par les Directions Financières et du Matériel (DFM) entre novembre et décembre de chaque année à telle enseigne, que ce sont 55% de ces mandats sans compter les pressions incessantes des usagers impatients, qui causent le torticolis à ces braves hommes et femmes de la PGT et à la Direction Générale qui malgré ses projets de désengorgement assiste impuissant à cette situation épouvantable. Votre journal a tenté de comprendre.

Il était 9h45 lorsque notre équipe de reportage arrive à la PGT, sis au Dibidani de Bamako. Il faisait beau temps mais les embouteillages et autres klaxonnes d’automobilistes et d’’engins à deux roux troublent tout usager. Mieux, la Direction de la PGT, est noyée par des centaines de kiosques qui la cernent, sans compter des usagers impatients et qui veulent être servis tous en même temps.

Le bâtiment

En réalité, tout visiteur qui vient à la PGT du Dibidani, s’il ne demande pas, n’accèdera pas aux locaux perdus entre des magasins et autres kiosques de vendeurs. Une bâtisse à la peinture jaunâtre. En accédant à la cour, ce sont des dizaines de personnes au milieu des voitures et engins des travailleurs qui sont attirants, chacun tenant entre ses mains, des documents. En ce début de matinée, les éléments en charge de la sécurité, sont rigoureux car, ils identifient dans le plus grand respect tout usager qui veut accéder aux bureaux ; jusque là, tout est bien ordonné.

Le personnel et la paperasse

Ce qui est attire votre attention, ce sont des centaines de documents entassés sur des bureaux, d’autres à même le sol qui sont traités au fur et à mesure par des hommes et des femmes qui tentent malgré les pressions d’usagers, à se concentrer. Une scène à vous couper le souffle. A la PGT, grande a été notre surprise de comprendre qu’ici, la centaine de personnes qui travaillent jour et nuit et même les jours fériés, reçoivent à en croire nos informations, tenez-vous bien plus 80% des dépenses de l’Etat du Mali venant des Ministères, des Institutions de la Républiques, des établissements hospitaliers, des EPA pour ne citer que ceux-ci. Ici, les paiements parviennent sous forme de mandats ou titres de paiements, précise un fonctionnaire qui a requit l’anonymat.

Près de 150 000 mandats annuels pour une centaine d’agents

Les mêmes sources indiquent par exemple pour l’année 2013, la PGT a reçu en moyenne près de 150 000 mandats quand on sait qu’entre novembre et décembre, 55% arrivent à cette période ; soit près de 13 000 mandats par mois pour une centaine d’agents travaillant (toute catégorie confondue) d’arrache-pied. Ici, nous avons compris avec consternation l’asphyxie de ce brave personnel, de vrais soldats qui se battent pour la patrie sans que cela ne soit reconnu par certains. Mieux, au titre de la même année 2013, la PGT a reçu entre le 1er novembre au 31 décembre 2013, près de 35 000 mandats alors cela devrait être de l’ordre de près 26 000, soit 13 000 mandats par mois à traiter. Toujours, dans le même ordre d’idée, du 1er au 31 décembre 2013, la PGT a reçu des DFM, plus de 20 000 mandats de paiements au lieu de 13 000. Comment dans ce cadre peut-on exiger de ce personnel la célérité et la qualité dans le travail. Et pour quels encouragements ? Malgré ces milliers de mandats, la PGT traite en priorité les salaires des travailleurs, de l’Armée, les bourses des étudiants.

Le circuit du mandat

Nos investigations nous ont permis de comprendre que les mandats émis par les DFM, suivent un parcours de telle sorte qu’il ne saurait avoir de perte. Et pour cause !

En premier, lorsque le mandat arrive à la PGT, il est tout de suite enregistré au Courrier, ensuite, il est saisie à l’Application Informatique du Trésor puis, transmis à la Vérification où le chef division Retenus (TVA) met son accord pour l’envoyer à la division Prise en Charge qui l’acheminera à la Comptabilité pour paiement où un chèque est émis pour le client ou fournisseur. Il s’agit d’un Ordre de Virement (OV) pour la banque indiquée par le fournisseur sur sa facture. Selon un cadre du Trésor qui gardé l’anonymat : « Les OV dépendent des disponibilités de liquidités. Tout dépend des prévisions ».

Conditions difficiles de travail

Comme on le voit, un tel travail ne pourra aller de l’avant sans difficultés. C’est ainsi que nous avons été touché par le cadre de travail dans le quel le personnel de la PGT se débat malgré les pressions et autres conditions de travail. En clair, le local qui loge la PGT, entouré par des kiosques de tous genres créant une accessibilité très difficile, n’est pas à la hauteur du volume du travail fait au cours de l’année. En outre, les matériels de bureaux mal éclairés (fauteuils, climatiseurs, ordinateurs), doivent être renforcés, voir augmenter sans compter une cour très exigüe. N’en parlons pas des toilettes qui sont utilisées par tout le marché, remarque un agent malgré leurs désapprobations. Le hic dans tout cela, les bureaux, surtout les chefs de divisions ne disposent pas de téléphones et sont obligés d’utilisés leurs appareils pour travailler. Une situation que nous avons constatée sur place malgré les efforts de la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique drivée par un professionnel en la matière et une équipe de battants.

Une énergie nouvelle s’impose

A la lumière de ce que nous avons constaté et entendu, des solutions idoines s’imposent pour le nouveau Ministre de l’Economie et des Finances en ce sens de : – revoir le système de mandatement qui au lieu d’attendre la fin du mois ou de l’année pour envoyer des mandats au Trésor, leur répartition mensuelle ou annuelle est nécessaire. En clair, explique un spécialiste, le Budget devrait mettre en place un véritable plan de trésorerie ou de mandatements en fonction de la trésorerie, c’est à dire des disponibilités désengorgeant la PGT des mandats qui s’entassent les uns sur les autres et sont traités par ordre d’arrivée, précise-t-on. Ce travail, poursuit notre spécialiste doit être fait à l’instar de certains pays voisins compte tenue de l’évolution croissante des dépenses de l’Etat dans tous les secteurs. En clair, il faut créer des paieries par secteur d’activité qui seront toutes chapeautées par une Paierie Centrale pour le contrôle.

De janvier à novembre 2014, tous les mandats ont été payés

Selon un cadre et non le moindre, « de janvier à novembre 2014, tous les mandats ont été payés par le Trésor ». Et notre interlocuteur qui s’étonne du fait que 55% des mandats arrivent en même temps entre novembre et décembre ? Mieux, plus de 40% du budget, soit plus de 150 milliards de FCFA, représentants la valeur des mandats émis annuellement ne sont pas automatiquement disponibles par l’Etat ; ils sont payés en fonctions des recettes quand on sait que pour l’année écoulée les Douanes et les Domaines ont enregistrés des GABs importants. Avec ce qui précède, la PGT continuera donc à payer des mandats de 2014 et ceux de 2015 suivant une programmation de mandatements sur toute l’année qui permettra de désengorger la PGT, a précisé notre interlocuteur.

Réorganisation des finances publiques

En tout ca, le nouveau Ministre Mamadou Igor Diarra, a du boulot car, il devra faire de sa priorité, la réorganisation des finances publiques de fond en comble. En guise de rappel, malgré la crise, le Trésor est parvenu à payer les mandats malgré que les textes de l’UEMOA indiquent trois de mois de délai de paiement. Ce qui veut dire qu’au moment où nous bouclons cette édition, le Trésor na aucun arriéré avec qui que ce soit, encore moins de dette extérieure non payée », a martelé un cadre tout fier.

La question de mandats de dernière minute…

Enfin, la PGT est victime de mandats qui sont envoyés en fin d’année. Ce qui augmente la pression sur le personnel. Présentement, la PGT continue à recevoir des mandats de 2014 », nous confie un agent.

D’où cette question qui fait débat dans les milieux des finances : Que cachent les mandatements de dernière minute des DFM ?

Aussi, pourquoi ne permettent-on pas aux structures de contrôle des services faits de prouver cela, avant d’envoyer ces mandats au Trésor» ?

Bokari Dicko
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