Annonçant hier le retrait du projet de sécurisation à Tabankort, la MINUSMA a indiqué que les «les manifestations font suite à une incompréhension et une confusion entretenues par une manipulation à des fins de propagande politique, dont la MINUSMA a été victime, à travers la circulation d’un document de travail qui projetait l’établissement d’une « zone de sécurité temporaire » dans la région de Tabankort, suite aux nombreux affrontements des groupes armés dans cette région.»
Ce document de travail, souligne le même communiqué, était une piste de réflexion sans aucune portée juridique. Selon la MINUSMA dans son communiqué d’hier, le document constituait «un projet en cours d’élaboration destiné à être accepté par l’ensemble des mouvements armés puis soumis au Gouvernement. »
L’insultante excuse
«Nous regrettons les victimes d’aujourd’hui et présentons aux familles et au peuple malien nos condoléances les plus attristées, tout en souhaitant un bon et rapide rétablissement aux blessés. » Tels sont les propos tenus lors d’une conférence de presse mardi 27 janvier dernier par M. David Gressly, représentant spécial Adjoint de la MINUSMA aux affaires humanitaires et Officier en charge. Une manière pour M. Gressly de présenter les excuses de la mission onusienne au peuple malien après les émeutes de Gao ayant occasionné mort d’hommes. Des propos bien humanitaires, mais qui ne font pas l’unanimité dans le milieu intellectuel malien. D’aucuns soutiennent qu’il s’agit d’une « simple insulte » diplomatique. Ce, au regard du contexte dans le quel ce sont déroulés les faits sur lesquels nous ne comptons plus revenir.
Le laxisme de l’Etat malien
C’est dans un communiqué laconique signé à la date du 27 janvier que le gouvernement du Mali, par la voix d’un ministre des affaires étrangères intérimaire, s’est prononcé sur la situation. Soit 72 heures après le deal passé entre la MINUSMA et le MNLA. En clair, tout Etat sérieux et souverain digne de ce nom, se serait prononcé sur pareille situation dans le bref délai.
En tout état de cause, l’on s’interroge désormais comment la MINUSMA a « osé » signer un tel document avec des groupes armés.
De toute façon, le mérite revient à la jeunesse de Gao qui a su prendre son courage en main et changer la situation. «Si l’Etat n’est pas capable de défendre le pays, nous, nous le sommes », ont des représentants de la jeunesse de Gao, clamé mardi dernier lors d’une conférence de presse à la Maison de la presse à Bamako
Le MNLA se met le doigt dans l’œil
Selon la mission onusienne, le document signé entre la MLNA et elle, est juste «un document de travail qui n’a rien d’officiel.» Pour la MINUSMA, lors de la conférence du mardi dernier, le document n’avait pas raison d’être rendu public. En langage diplomatique, il devrait rester « discret » puisque n’ayant pas fait objet de consultation des autorités maliennes. Chose que le MNLA n’a (peut-être) compris « Le document a alors été manipulé et a fuité dans les médias le weekend dernier », a précisé M. Gressly.
Tout ce que l’on peut retenir, c’est que le MLNA a été victime de son sentiment d’autosatisfaction. Faut-il le préciser, la zone tampon dont il est question, est uniquement contrôlée par les groupes armés unionistes. Donc avec ce document ils devraient reculer de dix kilomètres sur Gao en s’éloignant de leur objectif (Kidal). Et c’est le MNLA et alliés en sortiraient heureux.
La jeunesse de Gao demande le départ du Gal Thibault
Des représentants de la jeunesse de Gao, lors de la conférence de presse du Mardi dernier, ont demandé des sanctions internationales suite aux décès occasionnés lors de la manifestation organisée contre la MINUSMA. Ils ont également formulé le souhait de voir faire ses valises le Général français Thibault, commandant en poste à Gao. C’est le Gal Thibaut qui, au nom de la MIUNUSMA, a laissé son empreinte sur le fameux document signé entre le MNLA.
De son côté, la MINSUMA ne semble pas prévoir de telles sanctions, mais a souligné lors de sa conférence de presse que des enquêtes seront ouvertes. Mais contre qui ? S’interroge-t- on sachant que les forces onusiennes ont délibérément tiré sur les manifestants.
Rassemblés par Djibi