Avec l’éclosion de la crise libyenne et l’essor du terrorisme dans le Sahel, les relations entre Niamey et Alger se sont quelque peu glacées. Alors que l’administration Issoufou prône haut et fort une intervention militaire dans le sud libyen qui est devenu, selon plusieurs spécialistes du terrorisme, un sanctuaire du jihadisme, le pays de Bouteflika, lui, reste fidèle à la position qui est la sienne depuis la fin de la guerre civile des années 1990.
Selon Alger, la sécurité d’un pays reste et demeure du seul ressort de l’Etat en question. Sauf que la crise libyenne comme celle malienne est devenue une menace sous régionale voire internationale. En plus de plusieurs groupuscules jihadites, la toute puissante Etat Islamique s’y retrouve désormais. Le Niger qui partage avec la Libye plus de 300 km de frontières s’en inquiète énormément. D’autant plus qu’au sud, la menace Boko Haram se fait, de plus en plus persistante.
Comme donc dans la crise malienne, Alger est contre toute intervention militaire dans le sud libyen qui est devenu depuis la chute de Mouammar Kadhafi, un véritable sanctuaire jihadiste. Mais le Niger, pays frontalier de l’Algérie avec qui il partage plus de 1000 km, est vulnérable que jamais face à cette recrudescence du terrorisme, crie haut et fort, une action militaire internationale dans le sud libyen. La semaine dernière, le président Issoufou s’est entretenu, trois jours durant avec les autorités algériennes dont le président Bouteflika. En plus d’autres sujets de second plan, la question sécuritaire a été au cœur des entretiens.
Sont-ils arriver à accorder leur violon concernant la position à adopter pour résoudre la crise libyenne et, de façon générale, le terrorisme dans la bande sahélo saharienne ?
Très peu probable. L’Algérie, traumatisée par des années sanglantes de guerre civiles, a adopté une ligne ferme et dure contre le terrorisme sur son territoire et une, souple et politique en dehors. L’essentiel, pour elle, est qu’elle soit épargnée du péril jihadiste qui va crescendo.
Sur le plan international, tout le monde s’accorde à dire que le sud libyen est comparable à une poudrière et qu’on ne peut prétendre lutter contre le terrorisme en ignorant cette partie du monde. Depuis la chute du dictateur Kadhafi, il y a très peu d’autorités dans le pays, les différentes tribus et autres groupuscules islamistes ont repris les armes comme pour réclamer leur part du gâteau. Un peu plus tard, différents chefs jihadistes en provenance du nord malien et du Moyen-Orient y ont trouvé refuge. C’est le lieu idéal pour se ravitailler en armes mais aussi en combattants.
Une chose est sûre, si intervention militaire il y aura, ce sera sans la bénédiction d’Alger qui renforcera, de facto, la sécurité sur ses frontières. Pour le moment, aucune décision allant dans ce sens n’a été prise.
Bientôt une force africaine contre Boko Haram
Concernant la menace de la secte islamiste Boko Haram, le Niger peut compter sur les pays riverains du lac Tchad et de l’Union Africaine qui compte mettre en place une force de 7500 hommes. Annonce faite à Addis-Abeba lors de l’ouverture du sommet de l’Union.
Une coopération militaire a été décidée fin 2014 entre les pays membres de la commission du bassin du lac Tchad (Cameroun, Niger, Nigeria et Tchad). Mais cette force composée de quelque 700 hommes de chaque pays, ainsi que du Bénin, peine à se matérialiser du fait de dissensions entre Lagos et ses voisins. Dans les prochains jours, les contours de la future force africaine contre Boko Haram seront connus.
Ahmed M. Thiam