Le vendredi dernier, la Bourse du Travail (siège de l’UNTM) a vibré au rythme des événements de Gao, cela à la faveur d’ un grand meeting de soutien, initié par des organisations de la Société civile. Un meeting qui intervient quelques jours après la mort de trois manifestants et de plusieurs blessés, suite à des tirs des forces onusiennes sur des populations qui réclamaient l’annulation d’un accord signé entre la Minusma et les rebelles du Mnla.
L’opinion publique malienne, n’a jamais été aussi hostile à la présence des casques bleus sur le sol malien que lors des récents événements de Gao. Qui ont occasionné la mort de trois manifestants et plusieurs blessés, suite à des tirs des forces onusiennes, la semaine dernière. A Bamako, vendredi ce sont les organisations de la société civile malienne qui sont montées au créneau pour condamner, la violence dont les forces onusiennes, sensées défendre les populations civiles, ont fait montre, le lundi 26 janvier dernier à Gao.
Répondant à l’appel d’environ une vingtaine d’associations et collectifs de la société civile, et l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), les populations de Bamako sont massivement sorties, le vendredi 30 janvier dernier pour témoigner leur solidarité aux populations de la cité des Askia. Les collectifs : ‘’MALI TE TILA’’, ‘’MALIKA WELEKAN’’, le COREN, le BIPREM-Fasoko, le Réseau des Jeunes des partis politique du Mali, l’UNTM, sont entre autres les organisations initiatrices du meeting.
Les cœurs meurtris, les leaders des différentes organisations et associations de la société civile qui se sont succédé tour à tour à la tribune ont unanimement condamné, l’attitude des forces onusiennes et exigé des enquêtes sur ce qui s’est passé à Gao. « Nous condamnons avec la dernière rigueur la répression des forces de la Minusma contre les manifestants de Gao, et exigeons que toute la lumière soit faite sur les circonstances de la mort de nos compatriotes », peut-on noter dans la déclaration commune du collectif, lit par Baba Diakité du Mouvement ‘’Vert Jaune rouge’’.
«Les Populations de Gao, qui marchaient pour dénoncer un projet mafieux de partition du pays, ont payé cher d’avoir exprimé ce droit constitutionnel, en essuyant des tirs à balles réelles et des gaz lacrymogènes, ayant provoqué trois morts et plusieurs blessés parmi les manifestants », regrettent les leaders de la société civile dans leur déclaration. Faut-il le souligner, c’est la signature d’un accord entre la Minusma et les groupes rebelles du Mnla et du HCUA. Discrètement signé, sans consultation des autorités maliennes et forces d’autodéfense, avec les dispositions, tel, « l’Etablissement d’une zone de sécurisation temporaire » des vallées du Tabancort, de Tilemsi et de Tarkint. Un accord annulé sous contrainte, après les manifestations de Gao.
De fracassantes révélations sur la Minusma
Sidi Amehdi Ag Albaka, un des jeunes leaders de la jeunesse de Kidal, n’est pas allé avec le dos de la cuillère. Les yeux scintillant de larmes, Ag Albaka, déjà auteur d’un film documentaire sur le conflit du Nord, a fait de fracassantes révélations sur les forces onusiennes présentes à Kidal. Il témoigne avoir vu à Kidal, des éléments de la Minusma entrain de convaincre certaines communautés favorables à l’Etat malien, à rallier les rangs du Mnla. Pire, en mai 2014, après l’affrontement entre les groupes rebelles et les FAMa, ayant causé des morts des deux côtés, lors de la visite du Premier ministre d’alors, Moussa Mara, il révèle avoir été sidéré de voir des soldats de la Minusma, prendre en photo, les soldats maliens tués, avec dit-il du sourire à la lèvre.
Selon lui, les forces onusiennes sont loin d’être neutres, ils soutiennent le Mnla, clame-t-il. L’auteur de ces révélations, Sidi Amehdi Albaka, est parmi les rares personnes à défier, les injonctions du Mnla à Kidal. Il révèle que deux de ses compagnons ont été assassinés par les rebelles très récemment, juste dit-il, pour avoir été fidèle à l’Etat malien. « Quoi que cela nous coûte nous sommes Maliens et nous sommes prêts à mourir pour le Mali » a-t-il lancé. Avant de formuler des vœux pour le repos de l’âme des manifestants tués à Gao.
Quant à Abdoulaye Touré, représentant des jeunes de Gao, il dira pour sa part que les trois jeunes tués ne sont pas morts pour rien et que leurs noms resteront éternellement gravés dans les annales de l’Histoire du Mali. Le Peuple malien leur sera reconnaissant, dit-il.
Puis, à Sibeytti Ag Akado, représentant du Forum des organisations de la société civile, de souligner que le Mali est victime d’un complot préparé par des mains cachées. Selon lui, toute âme avertie doit s’attendre à de tel comportement de la part des forces onusiennes. Car dit-il, partout où la mission onusienne a mis pied, elle a crée plus de problèmes qu’elle en a résout.
Maouloud Ben Kattra, l’adjoint au secrétaire général de l’UNTM, dira pour sa part que, la MINUSMA a outrepassé ses prérogatives en signant un accord avec des groupes rebelles sans l’aval du gouvernement malien. Il a révélé que l’UNTM organise une grande marche le 10 février prochain, pour exprimer son désaccord par rapport au contenu du projet de préaccord en cours de négociation entre le gouvernement et les groupes rebelles.
Quant à Ibrahim Kébé du collectif ‘’MALI TE TILA’’, précédemment président de la jeunesse du parti SADI, il a pour sa part réclamé le départ du contingent onusien coupable de la tuerie de Gao et la conduite des auteurs devant les tribunaux.
Parmi les intervenants ont pouvait noter la présence de plusieurs jeunes leaders d’opinion. Au nombre desquels : Etienne Fakaba Sissoko, RAS Bath, Yeli Mady Konaté, entre autres.
Lassina NIANGALY