Dans notre parution n° 284 du lundi 26 janvier 2015, nous évoquions l'insécurité dans laquelle se trouvaient nos institutions. Nous révélions que la plupart des ministres de la République ne bénéficiaient, à leur domicile, d'aucun dispositif policier de sécurité et que cela les rendait vulnérables à la première attaque jihadiste. Nous ne croyions pas si bien dire !...
Le jour même de la parution de notre enquête, le général Mohamed Abdrahamane Ould Meydou échappe de justesse à un assassinat. Aux alentours de 18 heures 30 minutes, deux hommes blancs à moto, dont l’un enturbanné, viennent au domicile du général Ould Meydou, sis au quartier de Kalaban Coura-Extension-Sud, communément appelé Garantiguibougou. Après avoir salué le gardien, les deux visiteurs s’entendent dire que le général est absent mais ne saurait tarder. Ils s’installent sur leur moto puis attendent dans un coin de la rue. Le gardien, qui croit avoir affaire à des parents venus rendre visite à son patron, ne s’inquiète de rien. Bientôt, le véhicule du général Ould Meydou s’immobilise devant le portail de la concession. Le visiteur enturbanné avance vers le véhicule, suivi de près par le conducteur de la moto.
Lorsque notre général ouvre la porte de son véhicule, l’homme enturbanné l’arrose à bout portant de trois balles. La première le touche à la jambe, la deuxième se loge dans la hanche de l’infortuné général; quant à la troisième balle, elle brise la vitre du véhicule car le général, dans un réflexe de défense, avait réussi à fermer la porte de la voiture après avoir pris deux balles. Les voisins du général, dont votre fidèle serviteur qui loge dfans une rue adjacente, croient d’abord à des crépitements de pétards. Mais lorsque des cris venant du domicile du général percent la pénombre, tout le monde accourt vers les lieux du crime. Certains croisent les assaillants qui s’enfuient. En quelques minutes, une dense foule de parents, de voisins et de badauds se rassemble devant le domicile du général blessé. Aidés par le gardien et les membres de sa famille, Ould Meydou est transporté dans son salon.
Les services de la protection civile de Baco Djicoroni sont appelés; ils viennent de toute urgence. Leurs éléments refusent cependant de conduire seuls le blessé à l’hôpital: ils craignent de tomber dans une embuscade. Ils appellent donc en renfort la gendarmerie. Avant l’arrivée des gendarmes, un Touareg, parent du général, s’approche de la foule pour annoncer en français: « Depuis son intégration dans l’armée, le général Mohamed Abdrahamane Ould Meydou est resté fidèle à la nation malienne.
Ayant refusé de répondre aux nombreux appels du pied du MNLA, les séparatistes lui en veulent à mort. Le MNLA le soupçonne d’être parmi les instigateurs du GATIA (Groupe d’Autodéfense Touareg Imghas et Alliés) et du MAA (Mouvement Arabe de l’Azawad), groupes armés fidèles à la République du Mali! ». A ces mots, la foule commence à scander « Vive le Mali ! Vive Ould Meydou! ». C’est sur entrefaites que des gendarmes lourdement armés arrivent, à bord de deux véhicules 4X4 civils. Ils sont une dizaine. Ils escortent l’ambulance de la protection civile aux urgences de l’hôpital Gabriel Touré d’où il sera évacué vers l’hôpital du Mali, beaucoup mieux équipé que le premier.
Selon nos sources, la vie du général Ould Meydou n’est plus en danger. Une source nous raconte: « S’il a échappé à l’assassinat, c’est parce qu’il ne quitte pas son gilet pare-balles; à sa place, tout ministre civil aurait péri! ». Chef d’une puissante milice arabe, Oul Meydou a, sous ATT puis sous la Transition, longtemps combattu le MNLA et ses alliés jihadistes d’Ançar Dine. Sous la Transition, il bénéficiait à domicile de la protection de gendarmes; juste après l’avènement d’IBK au pouvoir, les gendarmes cessent leur garde sans que l’on sache pourquoi. Le général, qui a des raisons de pourvoir à sa propre sécurité, obtient alors de la mairie de Kalaban Coura le déguerpissement des vendeurs de poulets qui opéraient devant son domicile: Ould Meydou verse rsonnellement une indemnité aux vendeurs déguerpis dont la présence rendait sa résidence difficile à sécuriser. Il y poste un gardien mais compte davantage sur ses propres réflexes de militaire aguerri. Il n’est pas rare qu’il éteigne chez lui toutes les lumières, se poste, aqrmé, sur le toit, pour observer le voisinage.
En tout cas, l’attentat contre l’officier touareg a eu des effets. Juste après l’attaque, le domicile du général a été placé sous la surveillance de 7 gendarmes qui s’y relaient 24 heures sur 24. De plus, 4 policiers ont été placés à la porte de chaque ministre, y compris de ceux qui, avant notre enquête-alerte, ne bénéficiaient pas de garde domiciliaire.
Abdoulaye Guindo