Nommé à la tête d’un département plongé dans l’impasse, statique sur le plan des initiatives, le nouveau ministre de la Culture aura du pain sur la planche. Pour réussir sa mission, celle d’imprimer une nouvelle dynamique à l’essor culturel, Boubacar Hamadoun Kébé n’aura pas d’autres choix que de rompre avec les mauvaises habitudes : mettre les directeurs centraux au travail, redynamiser son cabinet, retrouver la confiance des partenaires de la culture, etc.
Dans la formation des gouvernements au Mali, le ministère de la culture est très souvent l’un des départements les moins bien servis au cours de ces dernières années. Et le ministre est rarement choisi dans le secteur, à l’exception de Pascal Baba Coulibaly (sous Alpha Oumar Konaré) ou de Cheick Oumar Sissoko entre 2002 et 2007. Après la formation du gouvernement Cheick Modibo II, un artiste s’est, à juste titre, défoncé dans les colonnes de notre confrère « Bamako-Hebdo ». Le comédien Michel Sangaré, puisse que c’est de lui qu’il s’agit, a craché dans la soupe en dénonçant qu’au Mali, « n’importe qui devient ministre de la culture ».
Cette observation des professionnels de la culture intervient au moment où le nouveau ministre de la culture, Boubacar Hamadoun Kébé s’installe aux commandes. Sa mission : redonner à la culture malienne ses lettres de noblesses à travers la valorisation des activités et expressions culturelles. Il n’y a donc pas de doute que le défi est de taille, car il n’aura pas de circonstances atténuantes.
Pour réussir sa mission, la rupture s’impose au nouveau patron des lieux. Aujourd’hui, le secteur de la culture malienne est menacé dans tous ses compartiments : de la création jusqu’à la diffusion. Il n’y a aucune chaine pour soutenir les actions culturelles. Les industries culturelles qui émergent sont vite asphyxiées par la fiscalité. Et aucun statut particulier pour les artistes qui vivent dans la précarité.
Au regard de tous ces facteurs, que devrions-nous attendre du nouveau ministre ? Raisonnablement pas de miracle, répondent les professionnels des arts et de la culture. Mais, précisent-ils, la véritable question doit se poser en terme ressources humaines. Le ministère de la culture dispose t-il aujourd’hui des expertises nécessaires pour faire valoir les priorités de ce secteur ?
Il n’y a pas de doute, la bataille se joue dans le cabinet recomposé autour du ministre. Pour le moment, il est très tôt de juger la méthode du nouveau ministre.
Mettre ses hommes au travail !
Si M. Kébé est considéré par de nombreux artistes comme un célèbre inconnu de la culture, il peut et doit réussir sa mission. A condition de travailler à la mise en place d’un cabinet structuré, et des directeurs centraux plus performants en terme de résultats. Or, il faut le dire, le caractère statique de ces directions, est aujourd’hui la preuve d’un manque évident d’initiatives pour impulser une nouvelle dynamique à la promotion des activités et expressions culturelles dans notre pays.
La direction nationale de l’Action culturelle, celle chargée du patrimoine culturel, le Centre national de la cinématographie du Mali, la Bibliothèque nationale, le Bureau malien des droits d’auteur, le Musée national, le Palais de la culture, la Maison africaine de la photographie, etc. Tous ces départements semblent plongés dans une léthargie qui ne profite pas à la culture. Le seul argument de la crise ne peut constituer une excuse. Et il est inadmissible que de nos jours le secteur de la culture ne tienne au Mali que grâce aux initiatives privées.
Le ministre Kébé n’aura donc pas le choix, s’il veut réussir sa mission. Il doit mettre ses directeurs centraux au travail, redynamiser son cabinet, retrouver la confiance des partenaires de la culture qui injectent chaque année des millions dans la culture malienne. La plupart des financements de la culture dépend de l’extérieur, notamment les coopérations espagnole, française, chinoise, etc.
La difficulté pour le ministre, c’est l’objectivité dans l’arbitrage qu’il sera obligé de faire souvent. Boubacar Hamadoun Kébé sera jugé sur ses décisions, et le cabinet sera sa clé de voute. S’il se trompe d’hommes, il échouera à coup sûr. Le seul critère qui doit prévaloir, c’est la compétence.
Au travail alors Monsieur le ministre !