Au moment où Paris tente de rallier par tous les moyens d’autres puissances occidentales à son initiative pour une intervention militaire pour libérer le Nord-Mali des mains des islamistes, Washington a réaffirmé mardi soir par le biais du Pentagone qu’elle n’envisageait pas cette option.
À la veille des premières consultations “préliminaires” sur la demande malienne d’intervention militaire dans le nord du pays, prévues aujourd’hui après-midi au Conseil de sécurité de l’ONU, le Pentagone a exclu une intervention militaire unilatérale des Etats-Unis au Mali.
C’est un véritable camouflet à la France, qui ne ménage aucun effort en marge de la 67e session de l’Assemblée générale des Nations unies pour arracher le feu vert du Conseil de sécurité pour une intervention militaire au Mali sous l’égide de la Cédéao.
Cette fois-ci, c’est le porte-parole du département américain de la Défense, qui a déclaré mardi qu’il n’est pas prévu, à ce stade, des opérations militaires unilatérales des Etats-Unis au Mali ou dans la région du Sahel, tout en soulignant que l’armée américaine travaille en étroite collaboration avec un certain nombre de pays de la région, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Abordant le sujet lors de son briefing quotidien, le porte-parole du Pentagone, George Little, a précisé que M. Leon Panetta “en tant que secrétaire à la Défense et ex-directeur de la CIA, prend très au sérieux et avec une grande préoccupation la menace d’Al-Qaïda d’où elle émane”. Et en réponse à une question sur la position du Pentagone à l’égard de la crise sécuritaire au Mali, George Little a répondu : “À ce stade, il n’est pas prévu d’opérations militaires unilatérales des Etats-Unis au Mali ou dans la région.”
Poursuivant dans le même ordre d’idées, il a indiqué que les Etats-Unis “continuent de mettre davantage l’accent sur le renforcement des capacités des partenaires et de travailler avec les pays de la région et avec les organisations régionales telles que la Cédéao pour renforcer leurs capacités et les aider à faire face à leurs défis sécuritaires. C’est notre objectif actuel”.
Quant à la manière avec laquelle le département américain de la Défense évaluait le niveau de menace actuel et à venir de l’AQMI, la même source a souligné que le Pentagone travaille “très étroitement” avec ses partenaires de la région dont la communauté du renseignement, “afin d’évaluer l’AQMI de manière continue”. “Je ne peux pas projeter précisément où en sera l’AQMI dans cinq ans, mais si nous faisons correctement notre travail, il ne sera pas dans une très bonne position”, a-t-il conclu. Ceci étant, l’ambassadeur du Guatemala à l’ONU, Gert Rosenthal, qui préside le Conseil de sécurité en octobre, n’a pas caché qu’il faudra du temps au Conseil pour adopter éventuellement une résolution soutenant une intervention, comme le demandent Bamako et la Cédéao, qui doit fournir les troupes.
Il a ajouté que si les membres du Conseil s’accordent généralement à considérer que “la situation au Mali ne peut pas durer comme ça”, la demande les laisse perplexes. “Ce qui doit encore être clarifié, a énuméré M. Rosenthal, c’est qui fait quoi, quelle est l’ampleur de l’opération, à quoi elle va ressembler, quelles en sont les implications budgétaires.” Il a indiqué que le Conseil “invitera certainement la Cédéao” à sa deuxième réunion sur la question, dont la date n’est pas encore fixée.