NEW YORK (Nations unies ) - La France va proposer "dans les prochains jours" au Conseil de sécurité une résolution visant à préparer le terrain pour un feu vert ultérieur de l`ONU à une intervention militaire au Mali, a annoncé jeudi l`ambassadeur français à l`ONU Gérard Araud.
Ce texte, a-t-il dit, combinera "une réponse politique et militaire" à la crise malienne en appelant "à l`ouverture d`un dialogue" entre Bamako et les islamistes qui contrôlent le Nord et en prévoyant l`entraînement sur place de l`armée malienne.
Il s`agira aussi d`encourager la Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cédéao) et Bamako à fournir enfin les renseignements que le Conseil réclame depuis plusieurs mois sur les modalités d`une opération militaire panafricaine pour reconquérir le Nord.
"Nous devons reconstruire l`armée malienne et rappeler à la Cédéao qu`il nous faut dès que possible un concept d`opération accepté par le Mali et par les membres de la Cédéao", a souligné l`ambassadeur.
"Dans un deuxième temps, après la réunion du 19 octobre, nous espérons qu`il sera possible d`autoriser le déploiement d`une force" en faisant adopter par le Conseil une deuxième résolution, a précisé M. Araud, qui s`exprimait à
l`issue de consultations au Conseil sur le Mali. Il faisait réference à une réunion prévue à Bamako le 19 octobre et devant rassembler la Cédéao, l`Union africaine et l`Union européenne notamment.
Bamako a demandé officiellement à l`ONU un mandat pour une "force militaire internationale" avec un déploiement au Mali de troupes ouest-africaines qui l`aideraient à reconquérir le nord du pays, contrôlé par des extrémistes islamiques dont certains sont liés à Al-Qaida.
Dans le projet de résolution que la France présentera "dans les prochains jours", a précisé M. Araud, figurera "un appel aux groypes armés (du Nord) à se dissocier du terrorisme" et une demande au gouvernement malien "d`ouvrir un dialogue avec le Nord".
La France est en pointe sur ce dossier, que le président français François
Hollande avait présenté comme une "urgence" dans son discours devant
l`Assemblée générale de l`ONU mardi dernier.
M. Araud s`est félicité de "l`unité" manifestée jeudi par les membres du Conseil sur ce dossier.
L`ambassadeur britannique Mark Lyall Grant a lui aussi souligné devant la presse que les discussions jeudi sur le dossier malien avaient montré "beaucoup d`unité au sein du Conseil".
Des diplomates ne cachent cependant pas que l`obtention d`une résolution
donnant effectivement un mandat de l`ONU prendra du temps.
"Il faudra encore beaucoup de discussions entre les membres du Conseil
eux-mêmes avant de pouvoir (en) discuter avec la Cédéao", avait estimé mardi
Gert Rosenthal, l`ambassadeur du Guatemala, qui préside le Conseil en octobre.
Il avait prévu "une autre réunion au moins en octobre" sur ce dossier en énumérant toutes les questions non résolues: "qui fait quoi, quelle est l`ampleur de l`opération, quelles en sont les implications budgétaires?".
"Personne ne nie que c`est un problème grave, en particulier la menace terroriste, et qu`on ne doit pas le laisser pourrir", analyse un autre diplomate. "Donc s`il y a un plan crédible le Conseil doit le soutenir mais nous sommes encore loin de pouvoir dire: +Voici le plan et nous le soutenons tous+".