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Levée de boucliers contre la libération des auteurs de la démolition de 309 concessions à Kalabambougou : « Dès mi-février nous allons descendre dans la rue. Nous allons organiser des marches contre la cour d’appel »
Publié le vendredi 6 fevrier 2015  |  Nouvel Horizon




La libération très controversée des personnes arrêtées dans l’affaire de démolition des 309 familles de Kalabambougou en Commune IV du district de Bamako, en violation flagrante des textes, continue d faire des vagues. Autour de ce sujet, nous nous sommes entretenus avec le secrétaire général, chargé des relations extérieures de l’Union des Associations et des Coordinations d’Associations pour la Défense et le Développement des Droits des Démunis (Uacdddd), M Massa Koné

Nouvel Horizon : M. le secrétaire général, quel commentaire faites-vous de la libération des personnes arrêtées dans l’affaire de la démolition des 309 familles de Kalabambougou ?

Massa Koné : Nous sommes débordés par cette affaire de libération de ces personnes, c’est-à-dire le faux géomètre Issouf Bengaly, le secrétaire général du Centre National d’Appui à la lutte contre la Maladie (Cnam), Sidiki Djiré, et le clerc Moussa Kéïta. Tout le monde sait qu’ils ont été inculpés par la justice. C’était un jugement de fond. A notre grande surprise, ces personnes ont été libérées. On se demande toujours sur le mécanisme et la stratégie par lesquels ils ont pu avoir la liberté provisoire. Je dis que cela est un déni de justice. Il est important de signaler que l’affaire concernant la réparation du préjudice n’a même pas été jugée d’abord.

Au lieu de deux familles, ils ont démoli 24 hectares. Ils ont été jugés pour cela. Dans un Etat de droit comme le Mali, il est incompréhensible que la Cour d’Appel s’hasarde à donner la liberté provisoire à ces gens. En sa qualité de “voix des sans voix”, notre union n’accepte pas cette situation et elle ne l’acceptera pas.

Nouvel Horizon : Pour vous la libération de ces gens a-t-elle un lien avec le départ de Me Mohamed Ali Bathily du Ministère de la Justice ?

Massa Koné : On peut dire que c’est une coïncidence. Mais, on n’arrive pas à comprendre quelque chose. Le Gouvernement a démissionné le jeudi, les voleurs et les escrocs ont été libérés le vendredi. C’est ce qui nous pousse à dire qu’il y a un lien entre le départ de Me Mohamed Ali Bathily du Ministère de la Justice et la libération de ces gens. Me Bathily et d’autres Ministres faisaient l’affaire des démunies. Ils travaillaient conformément à la loi. Quand Me Bathily était au Ministère de la Justice, nul n’était au dessus de la loi. Pour nous, c’est à la suite de la démission du Gouvernement qu’ils ont été libérés.

Nouvel Horizon : Quelles sont les actions que vous comptez mener ?

Massa Koné : Il est important de signaler que cette affaire ne concerne pas seulement kalabambougou. Il faut noter qu’à Kalabambougou la cession a été faite au nom des malades illégalement installés sur l’espace de l’institut Raoul Folleraux, des malades blanchis de la lèpre du campement de Bougouba, et pour l’extension de l’Hôpital du Centre d’Appui à la lutte contre la Maladie (Cnam). Sur les 25 hectares, 5 hectares étaient prévus pour l’extension de cet hôpital.

À l’arrivée de ces malades, il y avait déjà d’autres personnes qui étaient installées sur le site que le Gouvernement appelait des spontanés. Car, pour mieux déguerpir une personne, on l’appelle un spontanée. Personne n’est folle pour s’installer dans une zone comme ça. Soit on obtient l’espace par acquisition prescriptive ou par le droit foncier, c’est-à-dire le droit coutumier. Ces différents groupes de malades sont membres de notre union. Finalement ils ont compris qu’ils ont été arnaqués par un soi-disant syndicat du Cnam.

Le secrétaire général de ce syndicat, en complicité avec d’autres et la mairie, a créé des titres fonciers. Ces malades ont déjà animé un point de presse pour dénoncer la justice malienne. Puisqu’ils font partie de notre union, nous allons organiser aussi notre conférence de presse. Également, nous allons lancer un ultimatum au Gouvernement et à la justice d’arrêter ces gens. Parce qu’on ne peut pas vivre avec des voleurs. C’est très simple, soit ils vont arrêter les milliers de membres de notre union pour nous enfermer, soit ils vont faire retourner ces gens en prison. Si nos doléances ne sont pas satisfaites, dès mi-février nous allons descendre dans la rue. Nous allons organiser des marches contre la Cour d’Appel. C’est dire que déjà ils doivent commencer à agrandir les prisons des femmes et des hommes.

Nouvel Horizon : Avez-vous un appel à lancer ?

Massa Koné : Les uns et les autres ne veulent pas le changement. Le Mali vit dans un système de mafia qui est une sorte “grin” entre les opérateurs économiques, les fonctionnaires et ceux qui sont dans les boîtes. Et on fait une mayonnaise des agents des domaines, de la justice et des opérateurs économiques, c’est-à-dire que l’opérateur économique devient le bailleur, l’agent des domaines devient le spéculateur et les juges deviennent les protecteurs. Le Mali a toujours vécu dans ce système. En plus, il faut noter la corruption, le népotisme. Tout ce mécanisme est le fruit de la mauvaise gouvernance. Si nous voulons le changement, le changement de tout Etat commence par la Justice.

Tant que la Justice ne change pas, le peuple ne peut pas changer. Donc, il faut que la Justice change. Aussi, il faut l’instauration de l’autorité de l’État. Une autorité qui ne sanctionne pas, ne peut pas être considéré comme une autorité. On a besoin des hommes intègres au sein de l’administration. Même si c’est ta propre épouse, ton propre enfant, ton propre frère qui fautent, il faut les sanctionner. Car on est autorité pour ça. Il faut le respect strict des lois.

Propos recueillis par Tougouna A. TRAORÉ
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