De nombreux acteurs de la lutte contre l'excision ont plaidé en faveur de l'adoption d'une loi contre cette pratique au Mali où, selon des chiffres officiels, 85% des femmes sont excisées.
Ils ont fait ce plaidoyer à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF), célébrée ce vendredi.
Même si un arrêté ministériel interdit la pratique de l' excision dans les structures de santé, il n'existe pas encore dans le pays une loi l'interdisant au Mali.
"Nous voulons une loi spécifique contre la pratique de l' excision. Trop, c'est trop", a déclaré devant la presse Siaka Traoré, président d'une association de lutte.
"Je veux une loi qui interdise de façon rigoureuse la pratique de l'excision ; des sanctions contre des gens qui la pratiquent et contre ceux qui vont même jusqu'à l'encourager", a-t-il plaidé.
"Même si la prévalence de l'excision est en diminution progressive au Mali, la réalité est encore dramatique et nous invitons les acteurs impliqués dans la lutte à renforcer leur bataille pour mettre fin à cette pratique", a déclare de son côté le président de l'Association malienne des pédiatres, Pr Toumani Sidibé, lors d'une conférence.
Jusque-là, les autorités maliennes avaient privilégié l' information et la sensibilisation pour le changement de mentalité. Mais, pour les responsables d'ONG et d'associations de lutte contre les MGF, cela n'est plus suffisant. Le fléau n'est pas toujours abandonné.
Lors d'une conférence animée le 22 janvier dernier, l' Association malienne de pédiatrie avait fait cas d'une étude selon laquelle 52% des filles de Bamako de 0 à 15 ans sont excisées. Et dans 88,6% des cas, les filles ont été excisées avant leur premieranniversaire.
La pratique de l'excision est profondément ancrée dans la société malienne et elle est plus liée aux traditions qu'à l'islam qui n'en fait pas une obligation, rappellent les spécialistes.