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Nord –Mali / LA destruction de mausolée : La série noire continue
Publié le vendredi 5 octobre 2012  |  L'enquêteur




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Les islamistes armés qui contrôlent le nord du pays ont détruit le samedi 29 septembre dernier à Goundam le mausolée de Alfa Mobo. Aux dires des habitants, ils l’ont démoli jusqu’au niveau de la tombe, pendant que l’un d’eux filmait la scène.




Capture d’écran d’une vidéo AFP montrant les islamistes en train de détruire un mausolée à Tombouctou le 1er juillet 2012 © AFP
Cette nième destruction d’édifices culturels marque une aliénation même de l’âme du pays jusque dans ses racines. Malgré le tollé international suscité par les destructions des mausolées dans la partie septentrionale du pays, la triste

volonté des islamistes armés de faire vivre le calvaire à toute la communauté

internationale en général, et le Mali en particulier, installe une psychose généralisée. Ce qui a fait dire à Sidy BOCOUM dirigeant du PDES et responsable du FDR que «Nous vivons aujourd’hui des sévices, la restriction des libertés, pour ne pas dire leur négation par le fait de ces hommes qui veulent nous imposer leur culture issue du néant».

La culture et le patrimoine historique, faut-il le rappeler, jouent un rôle social fondamental en ce qu’ils contribuent à la conservation de la mémoire, au développement du sentiment national d’appartenance et au renforcement de

l’identité et de l’image de marque d’une localité ou d’une région. Aussi, en

tentant de bafouer toute culture et tout patrimoine trouvés sur place, les islamistes armés veulent ainsi briser la chaîne de transmission des connaissances et du savoir de génération à génération et du coup, perturber en la choquant, la mémoire collective du Mali.

Légitimité Religieuse?

En décidant de réduire à néant les mausolées datant de plusieurs

siècles qui, de surcroît, font partie du Patrimoine culturel mondial, les islamistes

veulent imposer au Mali une idéologie fondamentaliste qui foule aux pieds le

respect du sacré. Alors question. De quelle autorité religieuse se prévalent-ils pour agir ainsi? Pour Christian DECOBERT, directeur de recherche au CNRS, une définition banale de l’autorité religieuse serait que, dans un groupe social, l’homme qui détient l’autorité religieuse est celui dont la légitimité est telle qu’il énonce, en discours et en actes, ce qui est permis et ce qui est interdit, au nom d’un ordre d’essence supranaturelle ou supra-humaine. Or une écrasante majorité de la population malienne rejette la charia telle que les terroristes l’appliquent, avec brutalité, inéquité et absence totale de pédagogie et de transparence; ce qui tranche totalement avec la manière dont le Prophète Mouhammad SAWS l’enseignait à ses valeureux disciples. Alors au nom de quelle autorité religieuse agissent-ils dans le nord du pays quand on sait que le pays est musulman à près de 95% et a toujours eu en son sein d’éminents spécialistes du droit musulmans et de grands Imams vertueux et savants?

Au nord du Mali, les islamistes de ANSAR DINE, du Mouvement pour l’Unicité du Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et autres, imposent leur « charia» envers et contre tout.

Pourtant, les ressortissants des zones occupées ne leur reconnaissent aucune

Légitimité, encore moins une quelconque autorité. Sidy Bocoum du parti PDES, dénonce, quant à lui, l’usurpation de légitimité au nom de l’islam:« Quand

on parle à quelqu’un qui est ressortissant de l’empire peulh du Macina, un empire théocratique qui a appliqué la ‘Dina’ en Afrique noire, pour lui dire qu’on vient nous apprendre à appliquer la charia, ça l’étonne. Nous savons

qui est qui du sud au nord du pays. Nous savons aussi qui sont les vrais musulmans là-bas au Nord. Qui ont été islamisés. Qui refusaient de prier et qui ne s’intéressait pas à l’islam.»

Rappelons que le Comité du patrimoine mondial a accepté la demande formulée par le gouvernement du Mali d’inscrire des sîtes maliens, notamment la mosquée de Tombouctou et le Tombeau des Askia sur la liste du patrimoine mondial en péril de l’UNESCO. Une décision salutaire et opportune qui vise à favoriser la coopération et le soutien en faveur de ces deux sites historiques.



D’ailleurs la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, avait, à ce sujet, demandé qu’il soit établi une coopération internationale pour protéger les deux sîtes précités qui témoignent de l’âge d’or de Tombouctou au XVIème siècle et d’une histoire qui remonte avant le Vème siècle de l’hégire. Malgré tout, l’ardeur des islamistes à tout détruire dans les zones sous leur contrôle ne faiblit pas.

Le Mali, Etat partie prenante de la convention du patrimoine culturel et naturel, a inscrit au Patrimoine Mondial quatre (4) de ses principaux sîtes nationaux, notamment les villes anciennes de Djenné et Tombouctou en 1988, puis les Falaises de Bandiagara (Pays Dogon) en 1989. La même année, les mosquées de Djinagrey-Ber, Sankoré et Sidi Yahia à Tombouctou furent inscrites sur la liste du Patrimoine Mondial en péril.

Avec le Tombeau des Askia à Gao, inscrit lors de la 28ème session ordinaire

du Comité du Patrimoine Mondial, tenue à Suzhou en Chine, le Mali compte

désormais quatre (4) biens culturels reconnus de valeur universelle exceptionnelle. Cette dernière inscription, place le Mali dans le quintet des pays africains ayant le plus grand nombre de biens inscrits, côte-à-côte avec l’Afrique du Sud, derrière l’Algérie et le Maroc qui en comptent sept (7) et la Tunisie qui occupe le peloton de tête avec huit (8) biens. De précieux vestiges culturels et historiques qui, si nous ne prenons garde, risquent d’être perdus à jamais.

Ange DE VILLIER

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