Beaucoup de compatriotes seront surpris de ce questionnement. Mais qu’ils ne mettent pas la charrue avant les bœufs, ils tireront leur épingle du jeu dans cet article. C’est le 22 mars 2012 que le Mali est tombé dans l’incertitude totale avec le coup d’Etat perpétré contre un régime démocratique. Les faits sont sacrés et ils ont été consommés.
Depuis cette date à aujourd’hui, tout le monde est devenu messie mais personne n’a pu réaliser quelque chose de potable. Du tiraillement pour la présidence de la Transition, à la composition du gouvernement à la Libération du Nord, les Maliens sont angoissés. Alors, où sont les démocrates ? A quoi servent les partis politiques ? A quoi sert notre Armée ?
De son piédestal de Kati, le Capitaine putschiste s’est senti esseulé et a clamé d’être abandonné aussi bien par le peuple que le gouvernement et avec lui l’Armée. A sa requête, personne n’a daigné lever le petit doigt pour lui dire ceci : «Parce que vous tenez trop au pouvoir et non à l’Armée ni à la Libération du Nord…». Tout le monde est resté cloîtré dans son petit coin politique, économique ou social avec le calcul politicien de «manger-cratie», de restauration et de chasse à l’homme. Au finish, c’est ôtes toi pour que je m’y mette ou j’y mette mon homme.
Pourtant, il ne faut pas se leurrer le Mali est rentré de plein pied dans la démocratie en renversant une dictature et en faisant bénéficié les valeurs de la démocratie au dictateur en chef et à ses hommes. En organisant, quel qu’il soit des élections propres, figurées ou bâclées, toutes les critiques sont permises. Mais, elles ont permis aux Maliennes et aux Maliens de sortir du gouffre du parti unique, de la voix unique, de la gestion familiale du pays pour laisser place au multipartisme, à la liberté de presse et d’opinion, à la gestion popularisée du pays. Pour de rien du tout, suite à des faits jugés selon, un coup d’Etat est intervenu. Ce coup, sans être contesté car tout le monde en avait assez, il a été seulement recommandé de remettre les choses dans leur ordre Constitutionnel. Pour y parvenir, il a fallu des tractations, c’est normal. Mais lorsque ce fut fait, il y a eu trop de soubresauts. Ainsi, le pays est devenu la jungle. Pire, le Premier ministre qui doit être exemplaire en rajoute et est en train de tout mettre en œuvre pour restaurer l’ancien régime avec un corolaire, s’accaparer du pouvoir lors des prochaines joutes. Dans cette dynamique, ceux qui pendant des décennies ont lutté contre la dictature se sont faits muselés ou se sont muselés.
Alors, où sont-ils, Mme Sy Kadiatou Sow, le Professeur Ali Nouhoum Diallo, Dr Bocary Tréta, Me Hamidou Diabaté, Younoussi Touré, Dr Oumar Mariko, Me Mountaga Tall, Tiébilé Dramé, Mamoutou Thiam…
Pour répondre à cette question, il faut dire qu’ils se sont muselés. Puisqu’ayant participé au gouvernement ATT, de près ou de loin, lorsque ce pouvoir est tombé et que des militaires ont tordu le cou à la démocratie, ils se sont dispersés pour des intérêts sordides. Au lieu de s’atteler d’abord à préserver les acquis de la démocratie, ils se sont plutôt s’attelés à préserver leur fauteuil. Ce qui a poussé les putschistes à les menacer, à les torpiller voire les torturer jusqu’à pousser certains au double langage. Ainsi, avec l’accord-cadre et la nomination du beau fils du dictateur à la primature, il fallait s’attendre à la revanche. Premier ministre de «pleins pouvoirs», CMD est venu pour la réhabilitation du régime déchu et puis s’accaparer du pouvoir par tous les moyens. Pour y arriver, il s’est fait entouré de certains hommes clés du régime GMT, Diango Sissoko, Pr. Oumar Kanouté et puis celui qui est considéré comme le détenteur des dossiers «sales» ou montés de toute pièce du régime d’ATT, son grand frère Sidi Sosso Diarra comme son instrument de chantage. Face à tous ses abus, les démocrates sont restés muets et ont tout cautionné.
Ainsi, la raison qui a été évoquée comme la principale, le Nord a été mis aux calendes grecques. Désormais, c’est la fuite en avant, rien de plus concret que des tergiversations. Si on ne parle pas de libération d’armes, on s’insurge contre la CEDEAO ou on s’aligne derrière la CEDEAO. Dans ce tohu-bohu total, certains s’y profitent pour s’enrichir, pour faire la promotion des leurs. Alors, les partis politiques sont traités de tous les noms d’oiseau, la presse est muselée, tous ceux qui avaient travaillé avec ATT ou AOK sont menacés, emprisonnés, bastonnés, humiliés.
Face à cette situation de non Etat, les démocrates se tuent, observent, fuient, s’alignent, courtisent. Enfin, les islamistes renforcent leur position et imposent de plus en plus leurs lois sur les 2/3 du pays de Dahmonzon Diarra et de Tiéba Traoré. Pour ne citer que ceux-ci.
veut-on réellement libérer le nord de notre pays ?
Peu importe comment chacun peut qualifier la démocratie du Mali, mais une constante est qu’il y avait un système politique qui assurait une certaine stabilité des Institutions. Laquelle stabilité est le gage d’un fonctionnement efficient de l’Etat et d’une intervention efficace contre les rebelles et les terroristes. À présent, le manque d’Institutions stables et fiables fait que ce sont les autres qui décident pour nous de tout, même de ce que nous devons leur demander comme aide. Et, il semble que c’est notre seule voie de salut.
Malheureusement, nous n’en voulons pas. Ainsi, nous allons continuer à tergiverser, à attendre le bon Dieu. Sinon, l’occasion nous a été plusieurs fois offerte afin que nous puissions déguerpir ces islamistes de notre territoire, même sans les armes. Mais, par la folie de pouvoir, par les manigances à pouvoir contrôler le Sud, à imposer une nouvelle vision, nous sommes restés muets comme des carpes dans de l’eau chaude. En faisant quoi, en sortant pour insulter, critiquer, traitant certains comme des apatrides, des assoiffés de pouvoir, des destructeurs de la patrie. Alors, les Messies de tout acabit, le Mali brûle du Sud au Nord, de l’Est à l’Ouest. De ce fait, cette question mérite d’être posée même si sa réponse peut être ambigüe. Mais tout ce tintamarre incombe aux démocrates qui ont abandonné le peuple, qui ne se sont pas assumés. Alors que comme l’a dit Martin Luther King Jr : «Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.»