Pour parer à toute éventualité d’une menace « Printemps arabo-berbères » en leur sein, Algérie, Mauritanie et Niger doivent impérativement s’atteler à la restauration de l’intégrité territoriale du Mali et la stabilisation de son Etat.
Le Mali est le premier pays souverain au monde, membre à part entière de l’ONU, à être officiellement occupé par des groupes terroristes et mafieux dont les animateurs sont ressortissants d’Etats connus qui émargent aussi à l’ONU
Cela confère à la crise malienne un caractère unique et original qui requiert un traitement exceptionnel qui devra faire jurisprudence :
- On n’est ni en présence d’un « tyran » qui opprimerait son peuple et tiendrait tête à la communauté internationale et qu’on chercherait à destituer.
- Ni en présence de « coup d’Etat institutionnel » pré ou postélectoral qui nécessiterait que les institutions légales et la légitimité constitutionnelle soient rétablies.
- ni en présence d’une guerre civile entre populations du même pays pour des raisons ethniques ou politiques.
Pour dire que c’est une situation cocasse qui peut être un précédent dangereux si on n’y prend garde.
Les pays arabo-berbères frontaliers du Mali (Algérie, Mauritanie, Niger)
Pour des raisons historiques, économiques et géostratégiques, ces pays sont des alliés naturels du grand Mali, un pays ouvert et non hégémonique, au peuple sociologiquement attaché à la paix et à la solidarité entre les différentes populations africaines.
Arrêtons-nous un instant sur le cas de l’Algérie.
L’Algérie serait très inspirée de se remémorer son histoire récente pour se rendre compte que sa place est du côté du Mali qui a ordonné, en son temps, le démantèlement de toutes les bases militaires françaises installées sur son territoire, en soutien à l’Algérie, dans sa guerre de libération. Le Mali ne s’est pas arrêté là, il avait aussi offert gracieusement son territoire comme base de repli aux nationalistes algériens qui combattaient pour la libération de l’Algérie occupée. Cette histoire-là est heureusement récente et les témoins sont encore vivants; son Excellence le Président Boutéflika en fait partie. Le fait qu’il reçoit aujourd’hui ces bandits est inélégant à double titre vis-à-vis du Mali, en ce qu’ils ne sont ni plus ni moins qu’un groupe de terroristes criminels qui, en plus d’être les envahisseurs étrangers du territoire malien, compte en son sein beaucoup d’algériens. On peut aisément comprendre que pour des impératifs de politique intérieure, l’Algérie ne veuille pas participer à des combats contre ses ressortissants extrémistes égarés, mais le Mali ne comprendra jamais qu’elle puisse douter un tant soit peu de la légitimité et de la légalité de son combat pour la libération de ses territoires occupés depuis sept (7) mois.
Le prétexte du refus de forces internationales à ses frontières sud ne tient pas la route, parce que d’une part ces frontières se trouvent dans un pays souverain, le Mali, et qu’il ya seulement un an, ses frontières-est accueillaient les mêmes forces françaises, anglaises et américaines lors de la guerre contre la Libye de Kadhafi. En quoi celle-ci est-elle plus légitime, plus légale ou plus opportune que la guerre contre des terroristes, fussent-ils algériens, pour la libération des territoires occupés d’un pays souverain et membre à part entière de l’Organisation des Nations Unies???
Si c’est l’argument économique que l’Algérie fait prévaloir, à travers les investissements faits par la société algérienne SONATRACH pour l’exploration et l’exploitation du pétrole malien, alors il n’ya aucun risque, car les autorités maliennes sont des personnes responsables qui sont attachées à la continuité de l’Etat et respecteront, par conséquent, tous les engagements auxquels le Mali a eu à souscrire.
Enfin, si la raison est la colère de Mr le Président Bouteflika contre le Président ATT, alors il s’agit simplement de considérer que le Président ATT n’est plus Président de République du Mali.
Il s’y ajoute qu’un Mali stable et non divisé est une garantie pour la sécurité de ces pays amis et frères. En effet, le Qatar représente la caution arabe de légitimation des révolutions appelées « Printemps arabes ». Grâce à ce rôle, les USA ont fait du Qatar un allié stratégique dans la démocratisation des Etats arabes en Afrique, par sa capacité à mobiliser les masses populaires à travers une communication agressive et permanente que favorise la chaîne de Télévision « ALJAZEERA », propriété de l’Emir du Qatar.
Fort de ce statut qui lui garantit l’impunité et armé de beaucoup de pétrodollars, l’Emir sponsorise le mouvement salafiste terroriste international qui se charge d’ouvrir les premières brèches de contestation où s’engouffrent les masses populaires pour déstabiliser les régimes arabes ciblés.
Sans émettre un jugement de valeur sur les systèmes politiques des pays arabes ciblés, force est de reconnaître que les USA et le Qatar n’ont pas toujours le même objectif, mais leurs agendas se croisent très souvent.
C’est le cas dans la crise du Mali, qui est une continuité de la guerre contre la Libye de Kadhafi. L’émir du Qatar ne connaît même pas la position du Mali sur une carte du globe, mais l’odeur du pétrole, les conseils du Président Sarkozy et la tentation de propager les « printemps arabes » dans les pays arabo-berbères frontaliers du Mali (Algérie, Mauritanie et Niger) sont tout de suite devenus une perspective géostratégique intéressante pour lui. Pour toutes ces raisons les intérêts de ces trois pays résident dans la restauration de l’intégrité territoriale du Mali et la stabilisation de son Etat pour éloigner le spectre de « Printemps arabo-berbères ».