Les autorités US déconseillent à leurs ressortissants de se rendre dans le nord du Burkina Faso. L’ambassade US à Ouagadougou, dans son communiqué de vendredi, précise: »There have been no known terrorist incidents (bombings, hijackings, or kidnappings) directed against foreigners in Burkina Faso; however, the al-Qaida in the Islamic Maghreb (AQIM) terrorist organization and their affiliates could target westerners in the porous border regions of the north, near Mali and Niger. »
Pas d’incidents avérés mais des menaces que font courir AQMI et les groupes islamistes qui contrôlent le nord du Mali. Des rumeurs, par ailleurs, il en existe: celle d’une liste d’Européens du Burkina qui pourraient constituer des cibles de rapts, celle que les ressortissants des pays ouest-africains qui vont contribuer aux forces de la CEDEAO déployées bientôt au Mali pourraient être victimes d’attaques, celle d’une tentative avortée d’enlèvement d’employés d’une ONG…
En revanche, l’intrusion en territoire burkinabé, il ya une dizaine de jours, de véhicules du MUJOA (le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest) qui traquaient des Touaregs du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) est avérée; les assaillants sont arrivés aux portes du camp de réfugiés de Ferrerio où les ONG sont encore actives, avec du personnel local.
Les gendarmes locaux conseillent aux (rares) étrangers d’être vigilants et le ministre burkinabé de la sécurité intérieure a, le 26 septembre, mis en garde les organisations étrangères encore présentes dans le nord du pays. Là, dans l’aridité sahélienne où quelque 35 000 réfugiés maliens sont venus grossir les rangs des populations dans le besoin, la situation sécuritaire est précaire. Le dispositif sécuritaire a été renforcé, mais la frontière est « incontrôlable », de l’aveu même des responsables burkinabés.
En fait, le Burkina Faso est devenu un nouveau pivot de la crise sahélienne. Géographiquement, Gao est plus proche de la frontière burkinabé que de Bamako (voir la carte ci-dessus). D’où l’intérêt de positionner des éléments de la CEDEAO au nord de Ouagadougou (si la France parvient à faire voter une résolution allant dans ce sens). Actuellement, de petits contingents burkinabés et nigériens (et bientôt togolais) sont rassemblés au nord de Ouagadougou, au camp Bangré, où ils s’entraînent. En cas de reconquête du Nord malien, une opération pourrait donc être lancée à partir du tremplin burkinabé.
La France n’est pas absente du Burkina. Même si le dispositif reste limité, des militaires français sont présents, visiblement pour former des soldats africains, assurer leur soutien logistique et leur fournir du renseignement. La France contribue aussi à la dimension « air » de l’opération (à laquelle pourra s’associer le Transall nouvellement basé à Abidjan). Pour épauler les 3 Super Tucano, les deux MI-35 et les deux (?) MI-17 burkinabés, quelques Gazelle et Caracal français ne sont pas de trop (voir photo ci-dessus).