Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, nous vivons dans un monde de plus en plus menacé. La guerre froide a donné des sueurs froides aux stratèges des grandes puissances. Après la chute du mur de Berlin et l’effondrement du Communisme, l’humanité a espéré une grande porte ouverte sur un nouveau monde de paix et de sécurité. Mais, l’égocentrisme des uns, les égoïsmes de toutes natures des autres, l’intolérance, les extrémismes, les intégrismes, les velléités de domination ont assassiné l’espoir.
L’intervention brutale de l’Occident en Afghanistan, les attentats terroristes menés, en conspiration, par des personnages vils contre le World Trade Center de New York, le 11 Septembre 2001, l’Invasion de l’Irak par les Etats-Unis et leurs alliés en 2002, les attentats de Madrid, le 11 Mars 2004, et de Londres, le 7 Juillet 2005, ainsi que cette révolution du Printemps arabe, ont propulsé les questions de sécurité au devant de la scène internationale. Ces attentats ignobles contre des individus innocents et ces guerres qui ne se justifient pas toujours ont au moins démontré, d’une part, la vulnérabilité de toutes les puissances, de tous les pays, de toutes les nations aux facteurs majeurs d’insécurité, d’autre part ? La nécessité d’œuvrer, dans un élan solidaire, à l’instauration de la paix et de la sécurité dans le monde. Chaque jour qui passe rehausse la portée de cette exigence par de nouvelles menaces à la sécurité dans le monde. Chaque jour qui passe rehausse la portée de cette exigence par de nouvelles menaces à la sécurité internationale. Des menaces aux multiples facettes qui n’épargnent ni les Etats, ni les individus.
Le continent africain n’est épargné par aucun de ces périls : terrorisme, jihadisme, insécurité
En plus, depuis plusieurs années, l’Afrique est l’objet d’une instabilité politique grandissante, une insécurité urbaine et péri urbaine rampante, une criminalité transfrontalière montante, une exacerbation des conflits communautaires, un appauvrissement structurel des Etats qui découle en grande partie des problèmes de sécurité, des pressions de lobbies francs maçonnes, de convoitises extérieures et de mal gouvernance. Face à cette situation, il est impératif que le Mali prenne conscience de la nécessité d’insuffler un nouvel élan à son système de sécurité, et ce, afin de prévenir les conflits internes et de mettre fin à l’insécurité ambiante. Il faut donc favoriser la conception et la mise en œuvre d’une nouvelle politique sécuritaire adaptée aux réalités maliennes et ouvertes sur le reste de monde. Mieux il faut jouer d’intelligence pour axer toute la politique de développement du Mali non pas sur « la lutte contre la pauvreté », mais sur « la lutte pour la sécurité et la bonne gouvernance ». Une telle politique requiert que la sécurité soit une priorité, un axe central du développement. Elle commande d’investir dans la sécurité pour attirer les investisseurs internes et externes et assurer ainsi la prospérité, le bien être social et le développement du pays. L’idéal serait de faire du développement sécuritaire local la base stratégique de la gouvernance démocratique de la sécurité au Mali. Quoiqu’il en soit, investir dans la sécurité au Mali, c’est rendre le pays attractif à l’investissement. Or, le développement c’est d’abord l’investissement, et il n’y a pas d’investissement sans sécurité.La nouvelle gouvernance de la sécurité que nous suggérons ici repose sur une réforme qui vise par essence le changement de mentalité et de comportement.
Sa réalisation est parsemée de résistances et de difficultés. Elle demande du temps et de l’énergie, mais elle est incontournable et bénéfique pour le pays.
Pour la réussir, le Mali a un atout majeur et quelques clés de succès sont les suivantes.
La première clé de succès réside dans la volonté politique. Un engagement fort des autorités politiques au plus haut niveau est indispensable pour enclencher le processus de réforme du secteur de la sécurité.
La deuxième clé de succès est dans la démocratisation du secteur de la sécurité qui implique la participation et le contrôle démocratique et impose une saine distribution des rôles et responsabilités entre tous les acteurs, un régime d’imputabilité et de sanction. Il faut, en effet, créer les conditions d’une large adhésion à la nouvelle gouvernance de la sécurité au Mali et d’une participation massive de toutes les couches sociales à sa mise en œuvre. Il faut en plus organiser la société civile en réseaux (réseau des femmes, réseau des jeunes, réseau des journalistes, réseau des syndicats, réseau des leaders d’opinion, réseau des chefs traditionnels, réseau des autorités religieuses, …) pour en tirer le meilleur profit. La troisième clé de succès est dans la promotion de la sécurité humaine et de la dynamique relationnelle entre sécurité et développement. L’expérience nous a enseigné que, d’une part, il n’y a pas de développement exacerbe les tensions sociales qui engendrent, à leur tour, les conflits et l’insécurité. La quatrième clé de succès est dans la qualité des mécanismes et le poids des moyens de mise en œuvre des décisions politiques, des programmes et projets de gouvernance de la sécurité. La cinquième clé de succès est dans la capacité et le niveau de mobilisation des ressources. Le Mali aura besoin du précieux concours technique et financier de tous ses partenaires au développement pour préparer et exécuter les différents volets de la nouvelle gouvernance de la sécurité. Leur adhésion, leur implication et leur appui multiforme sont indispensables au succès de la réforme du secteur de sécurité. Enfin, la clé globale de succès est toute entière lovée dans une pertinente synergie d’actions entre les services de sécurité, les pouvoirs publics, la société politique, la société civile, le secteur privé et les partenaires au développement.
Pendant une trentaine d’années, soit de 1960 à 1990, le Mali a connu une sécurité intérieure relativement maitrisée. Les populations évoquent encore aujourd’hui, non sans un brin de nostalgie, le bon vieux temps où, après diner, pouvait étaler sa natte devant sa porte et s’en porter et s’en dormir en toute quiétude jusqu’au lendemain, sans même prendre la peine de fermer la porte de sa case ou de la maisonnette. Mais on doit à la vérité de dire que cela ne fut possible que grâce à l’action musclée des services de sécurité, doublée sous la première République, des opérations des brigades de vigilance et autres milices fortement armées, le tout au mépris de certains droits humains. Quoi qu’il en fût, depuis une quinzaine d’années, le Mali connait une insécurité rampante dont le paroxysme fut, au début des années quatre vingt dix, une rébellion dans le nord du pays.
Deux situations ont contribué à exacerber ce phénomène d’insécurité : le conflit du Sahara Occidental (déclenché en 1973) et la rébellion au nord Mali (1990 à 1996).
Certes, le conflit du Sahara Occidental a connu un certain répit, mais les armes inutilisées sur le front ont longtemps sillonné les zones sahariennes et sahéliennes de la Mauritanie, du Niger, de l’Algérie et du Mali. Elles ont alimenté certains conflits internes, y compris la rébellion au Mali. Par ailleurs, même si le Pacte National de Réconciliation, conclu le 11 avril 1992, entre le Gouvernement de la République et les Mouvements Unifiés de l’Azawad, a mis un terme aux hostilités, l situation au nord Mali connait deux phénomènes inquiétants : les conflits intra et inter communautaires et un banditisme résiduel caractérisé par des activités de fraudes, des actes de braquage, des enlèvements d’individus, de véhicules et des spoliations de biens. Ce banditisme résiduel, est devenu la nouvelle vocation de certains jeunes nomades, généralement issus de la rébellion du nord, qui ne savent que faire des armes occidentales qu’ils ont entre les mains. Aussi, l’insécurité est-elle aujourd’hui décuplée par l’accumulation pléthorique et la prolifération anarchique d’armes en tout genre et de tous calibres qui constituent une menace permanente à la sécurité des personnes et des biens, à la stabilité politique et au développement économique et social du pays. Cette insécurité a de multiples autres sources qui sont autant de défis sécuritaires à soulever.
Dans la perspective de l’érection du moratoire en Convention internationale, des actions d’envergures doivent être entreprises pour mobiliser d’avantage les gouvernements, la CEDEAO, les organisations de la société civile œuvrant dans le domaine de la paix et de la sécurité, le secteur privé et le les partenaires techniques et financiers afin de constituer de puissants relais au triple plan national, régional et international. L’éveil des consciences par rapport aux problèmes cruciaux de sécurité en Afrique, au partage du bien fondé et de la bonne compréhension du moratoire s’impose. Car, par sa contribution à la prévention des conflits, à la sécurisation des investissements, à la réduction de la pauvreté, notamment à travers le micro désarmement, le moratoire devrait pouvoir favoriser l’édification d’une Afrique stable politiquement et prospère économiquement. Quel meilleur idéal pour notre continent !
Au delà de la CEDEAO, la nouvelle politique nationale de sécurité du Mali et les stratégies et activités qui s’y rattachent doivent nécessairement s’insérer dans le cadre des nouvelles initiatives globales de sécurité à l’instar de l’UA, du NEPAD, de l’ONU et du G8, pour un mieux vivre sous régional. Ce pourrait être là, une façon de s’arrimer à la gouvernance de la paix et de la sécurité internationales et de tirer de ce rattachement le meilleur profit pour la paix, la sécurité et le développement au Mali.
Cependant, un suspense fort pesant fait planer le doute de la machination sur le sort de notre chère patrie le MALIBA. Après les suspicions de néocolonialisme suscitées par la présence de la France sur le sol malien pour des intérêts manifestes, après le malheureux « hasard » de l’arrivée de la maladie pandémique à virus Ebola au Mali, après la marche forcée des présidents africains dont notre cher Président dans l’affaire Charlie Hebdo, après la révolte des populations du nord contre la MINUSMA, après les victimes de la Force onusienne dans les rangs de la population à Tanbakort, et après la tentative d’assassinat d’un Général touareg malien à Bamako, de terribles soupçons et inquiétudes doivent désormais habiter le cœur des maliens. Que réservent la France et l’Occident au Mali ? Qui tire les ficelles de nos présidents africains les poussant à desservir leur pays ? Quelle est la finalité de cette soudaine et nouvelle invasion de l’Afrique. Le printemps arabe déjà enclenché, les guerres, émeutes, coups d’Etat et la série de « 3ème mandat » de l’Afrique noire renvoie à des angoisses bien justifiées. Ainsi donc se pose la question légitime de savoir quelle révolution se trame dans l’ombre avec pour noyau central le Mali ? Sommes-nous toujours à l’époque des croisades et des djihads ? Autant de questions qui suscitent autant de problématiques.
En tout cas, il est indubitablement évident qu’il y a un lien entre tout ce qui se passe dans le monde de manière générale, et au Mali en particulier, et que ce lien n’est point le fruit d’un quelconque hasard. Cela dit, pour « Un Peuple, Un But et Une seule et même Foi » au Mali, il faudrait une synergie d’alliance qui consisterait en ce que l’Etat soit fort, l’armée patriote, la jeunesse consciente et les média objectifs pour le plus grand bonheur de la nation malienne et de l’intérêt du Mali. Quant à la paix et à la sécurité mondiale, il faudrait que les puissances occidentales apprennent à respecter les diversités dans ce qui nous rend tous unique en acceptant la LIBERTE des uns et des autres, en considérant L’EGALITE des droits humains de tout peuple et surtout en vivifiant la FRATERNITE entre les cultures. Tout ceci ne peut être possible qu’en la matérialisation et en la concrétisation du « IN GOD WE TRUST », dans nos cœurs, dans nos paroles et dans nos actes et habitudes de tous les jours.
Abdoulaye A. Traoré
Doctorant en sociologie