En initiant, en avril 2006, le Programme de Diversification et de Compétitivité Agricoles (PCDA) avec son partenaire de la Banque mondiale, l’Etat malien ne s’attendait pas certainement à une telle réussite du projet. Le coup d’essai est, sans doute, devenu un coup de maître.
Le PCDA a enregistré un succès éclatant auquel peu de gens attendaient. Comme en témoignent, d’ailleurs, ses principales réalisations depuis sa mise en place. De nos jours, beaucoup de paysans (femmes et hommes) financés par le PCDA sont devenus des modèles. «Si le PCDA n’avait pas existé, il fallait tout simplement le créer» nous disait une ressortissante de Niono, qui gagne bien aujourd’hui sa vie dans la culture de l’oignon, rendue plus bénéfique, avec le centre de conditionnement d’échalote/oignon de la ville, financé par le PCDA. Pour mettre en exergue les résultats de ce programme qui mérite d’être pérennisé en vue de l’avènement d’une agriculture commerciale performante et compétitive au Mali, la Rédaction de 22 Septembre a décidé de faire un zoom sur les principales réalisations du PCDA.
Que vise le PCDA ?
Projet de promotion des chaînes d’approvisionnement agricoles initié par le Gouvernement du Mali avec le soutien financier de la Banque mondiale, le PCDA a pour objectif de contribuer à la levée des contraintes critiques au développement d’un certain nombre de filières commerciales agricoles, d’élevage et de pêche pour lesquelles le Mali jouit d’un avantage comparatif et d’opportunités de marché confirmées. De par sa structuration, il agit sur les contraintes de compétitivité suivantes: la faiblesse de la productivité et de la valorisation des produits agricoles, la mauvaise performance et le manque de création de valeur le long des chaînes d’approvisionnement des filières agricoles, d’élevage et de pêche, les difficultés d’accès aux financements des acteurs des filières et l’insuffisance des infrastructures de soutien au commerce, l’enclavement des zones de production, etc.
Ses approches et stratégies d’intervention sont, entre autres, le renforcement du partenariat public/privé, l’approche filière: une approche intégrée vers le développement des chaînes d’approvisionnement et chaînes de valeur. Il est structuré en 5 composantes qui ont toutes enregistré des résultats probants ci-dessous présentés.
L’innovation et diffusion des techniques et technologies d’irrigation, de transformation et de promotion interprofessionnelle des filières:
L’objectif général de cette composante est d’améliorer la productivité et la compétitivité des exploitations agricoles et des unités de transformation rurales par une meilleure accessibilité et maîtrise des techniques d’irrigation, d’intensification et de valorisation. Ladite composante s’adresse spécifiquement à la production et aux activités connexes à la production. Elle porte essentiellement sur les aspects suivants : l’amélioration du conseil spécialisé aux producteurs, le renforcement des capacités des producteurs agricoles et des prestataires et la démonstration, validation et diffusion de techniques et technologies de valorisation de la production (transformation, conditionnement, conservation, stockage, etc.). Comme résultats concrets de cette composante, on peut citer la mise en place de 4 Centres de démonstration, de Diffusion et de Prestation de services (CDDP) qui constituent de véritables vitrines technologiques aujourd’hui dans les quatre régions couvertes par le projet (Koulikoro/ Bamako, Sikasso, Ségou, Mopti). Trois d’entre eux ont été transférés à l’IER en fin 2010. L’autre CDDP, composé d’un volet irrigation et d’un volet transformation, a été revu dans le but d’en faire une véritable vitrine technologique au niveau national. A côté des ces Centres, on note aussi la réalisation de 329 parcelles et unités de démonstrations sur les technologies d’irrigation (goutte à goutte, aspersion, rampe à tuyau souple et micro jet) et de transformation (séchage et broyage) ont été réalisées en milieu paysan ; la mise en place de 131 sites de démonstration sur les technologies de valorisation, la formation de 3 500 acteurs de filières et prestataires sur une prévision de 3600 et le financement de 470 sous-projets sur une prévision de 550 dont 124 sous-projets féminins pour un coût total de 5 294 millions de F CFA dont 3 244 millions de F CFA de subvention PCDA décaissée et une contribution des bénéficiaires d’environ 2 000 millions de F CFA.
S’y ajoutent la création de 2280 emplois dont 1 175 emplois permanents et 460 occupés par des femmes créés par les sous-projets qui constituent des leviers pour le développement de l’entreprenariat en milieu rural ; la mise en valeur de 600 ha de superficie avec les technologies d’irrigation adoptées par les producteurs des filières engendrant des augmentations des rendements de plus de 30% et l’introduction de la production de papaye «solo» avec un rendement moyen de 25 tonnes à l’hectare et qui génère en moyenne un chiffre d’affaires de 8 millions de F CFA par an et par promoteur. Ainsi, le chiffre d’affaires généré par les producteurs (promoteurs de sous-projets) de papaye solo est passé de 850 millions de F CFA en 2012 pour atteindre les 1 700 millions de F CFA en 2014. On note aussi que la valeur des ventes pour les 49 unités de transformation appuyées par le PCDA s’est élevée à un milliard neuf cent trente mille francs CFA (1.930.000.000 FCFA) entre 2007 et 2013.
L’amélioration des performances commerciales et économiques des filières, un défi largement relevé.
Ayant pour objectif général le renforcement des performances techniques et économiques des opérateurs des filières agricoles maliennes à haute valeur ajoutée pour améliorer leur compétitivité et accroître leurs parts sur les marchés locaux, régionaux et internationaux, la composante 2 du PCDA ou Amélioration des performances commerciales et économiques des filières est un exemple parmi les réussites du programme. Elle a permis l’élaboration, en matière de connaissance des filières, de différents documents stratégiques (à savoir 11 plans de développement stratégiques, 09 plans de compétitivité filière et 05 plans d’actions prioritaires) ont été élaborés et sont de véritables outils d’aide à la décision. Aussi, l’origine malienne est réapparue dans les statistiques européennes avec l’exportation en moyenne de plus de 10 000 tonnes par an grâce à l’accompagnement du projet à travers l’organisation d’opérations test de commercialisation ; le marché d’exportation a été diversifié avec la pénétration du marché marocain qui a permis l’exportation de plus 700 tonnes de mangue durant la campagne mangue 2014. Quant aux volumes de commercialisation de mangues cumulés sur les divers marchés pour la période (2007-2014), elles sont évaluées à plus de 152 000 tonnes avec un chiffre d’affaires cumulé de plus de 60 milliards de FCFA.
Accès au financement et gestion des risques, une école tout court
Visant à établir des relations d’affaires pérennes entre les acteurs des filières agro-industrielles et les institutions de financement (banques, IMF/SFD), l’accès au financement et gestion des risques a pour but aussi d’apporter une garantie partielle aux acteurs des filières agricoles et de créer un meilleur environnement sécurisant les crédits, entre autres. Sur ce plan, le PCDA a contribué à faciliter l’accès aux crédits des opérateurs des filières agricoles aux niveaux des institutions financières. Sans oublier l’opérationnalisation d’un fonds de garantie partielle pour un montant de 750 millions de F CFA qui a permis de garantir 32 dossiers de crédits pour une valeur totale de plus de 836 millions de F CFA et l’assistance technique a été apportée à 73 dossiers de crédit d’opérateurs de filières pour une valeur de plus de 983 millions de F CFA.
Le PCDA, c’est aussi des infrastructures commerciales et le désenclavement à travers les pistes rurales
Remédier au sous-équipement actuel du pays et faciliter l’accès aux infrastructures pour réduire les coûts de transaction et améliorer la compétitivité des produits agricoles sur les marchés intérieurs et extérieurs. Voilà l’objectif de cette composante du PCDA qui s’est illustrée, durant la durée du programme, à travers la réalisation des infrastructures de production, de transformation et de commercialisation et qui font partie des axes majeurs des projets du PCDA. Sur ce plan, il a contribué à désenclaver des zones à haut potentiel de production. Ainsi, 1101 km de pistes rurales ont été réhabilités pour désenclaver les zones de production. Aussi, 9 infrastructures commerciales ont été réalisées ou réhabilitées. Elles comprennent l’infrastructure de froid et de conditionnement de mangue de Sikasso, les pôles de centralisation de l’échalote et de pomme de terre de Niono et de Sikasso, le Périmètre Logistique Aménagé en Zone Aéroportuaire (PLAZA) de Bamako, le Laboratoire de Technologie Alimentaire (LTA) de l’IER, l’aire de conditionnement de Mandela et 3 abattoirs régionaux de Sikasso, Ségou et Mopti réhabilités. Les défis de cette composante sont inestimables. On retient la mise en place et opérationnalisation du Laboratoire des Technologies Alimentaires d’une chaine complète d’extraction de jus de fruits et légumes, la réhabilitation et l’équipement de 3 abattoirs régionaux (Sikasso, Ségou, Mopti) et l’exportation de 402 conteneurs de mangues fraiches du PLAZA depuis son démarrage. Ce qui a généré un chiffre d’affaires total de 9 milliards 650 millions de FCFA contre un investissement de 2000 millions de F CFA réalisé par le PCDA et la Coopération des Pays-Bas.
En somme, on peut dire que les principales réalisations des composantes techniques ont permis d’atteindre les indicateurs de résultats de l’objectif de développement du Programme.
Rassemblé par Yaya Samaké