Un des chefs islamistes au Mali, Iyad Ag Ghali, chassé par l'intervention militaire française en 2013, est revenu dans la région de Kidal, fief touareg du nord du pays où un journaliste de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel assure l'avoir rencontré.
"Deux ans après l'intervention (militaire) des Français, Ag Ghali se promène librement à Kidal et se sent en sécurité", raconte le journaliste dans la dernière édition du Spiegel, parue ce week-end. "Il n'est pas en ce moment dans sa villa à l'aéroport mais campe dans une tente spacieuse à 65 km de la ville", ajoute Paul Hyacinthe Mben, sans dire à quelle date il l'a rencontré, précisant seulement avoir été conduit sur place par des jihadistes armés.
Le reporter, venu du sud du pays, raconte avoir négocié des semaines avec ses contacts à Kidal avant de s'y rendre. Les journalistes français ne s'y aventurent plus depuis l'assassinat de deux de leurs confrères de la radio RFI, en novembre 2013. Lors de leur rencontre, Iyad Ag Ghali, fondateur du groupe Ansar Dine, parle au journaliste de la charia et lui fait visiter une école où de jeunes garçons sont penchés sur le Coran. "Nous formons ici les petits combattants du jihad", lance-t-il.
Deux jours plus tard, le chef d'Ansar Dine présente au journaliste un de ses lieutenants, Rhissa ag Bounounou, "spécialiste des importations d'armes en provenance de Libye", qui le conduit à une cache du groupe à Essouk Tadmekka, à 110 km au nord-est de Kidal. Un "arsenal" s'y trouve dans une grotte: fusils, grenades, explosifs, mines, lance-roquettes, écrit Der Spiegel. "Les Européens peuvent envoyer autant de drones qu'ils veulent. Ils ne nous trouveront pas", fanfaronne le lieutenant.
Interrogé lundi par l'AFP, le ministère de la Défense français n'a pas fait de commentaire. Après l'intervention française, Iyad Ag Ghali, blessé, s'était réfugié à Tamanrasset, dans le sud de l'Algérie, croit savoir Der Spiegel. Il a aussi été aperçu en Libye, nouveau sanctuaire jihadiste dans la région, selon le renseignement français.
Depuis la fin de l'opération française "Serval" à l'été 2014, l'armée française a mis en place un dispositif de 3 000 hommes sur cinq pays du Sahel ("Barkhane") visant à intercepter les flux de combattants armés et d'armements se rendant notamment de Libye dans le nord du Mali.